Perles de la Dévotion au Cœur de Jésus : Grâce de la Protection

Bénédictions du Cœur de Jésus : Grâces temporelles.

« Merveilleuse protection du Sacré-Cœur »

Sacratissimum Cor Jesu Cœur Sacré de Jésus

Sacratissimum Cor Jesu – Cœur Sacré de Jésus

Le 6 septembre 1889, une cartoucherie fit explosion en Belgique et causa la mort instantanée d’un grand nombre d’ouvriers. Parmi les hommes occupés à cette cartoucherie se trouvait un catholique allemand très dévot aux divins Cœurs de Jésus et de Marie. Ce jour-là, vers les deux heures du soir, il était occupé en plein air à compter les barils vides, quand tout à coup retentit une immense détonation accompagnée de flots de vapeur et de torrents de flammes. Notre ouvrier fut projeté en terre et voici le drame qui se passa. Nous en extrayons le tableau d’une lettre écrite d’Anvers par l’ouvrier lui-même, à un Père de la Compagnie de Jésus.

« La terre, raconte l’ouvrier, tremblait terriblement : je tombai à la renverse avec tant de violence que je me démis le bras gauche. Quand l’incendie atteignit les cartouches, dont le nombre est évalué à quarante-cinq millions, ce fut un vacarme, un fracas impossible à décrire, et je fus persuadé que ma dernière heure était venue. Je voulais me relever et voir si je pouvais encore me sauver, quand j’entendis une voix, et cela clairement et distinctement, me dire par deux fois : « Reste couché ! »  Si je m’étais relevé, j’aurais été mis en pièces par les cartouches, car elles passaient au-dessus de moi. Je ne pensais plus qu’à me préparer à la mort qui me semblait inévitable. Alors pour la seconde fois, une voix me dit avec une douceur infinie : « Ne sais-tu donc pas que ceux qui honorent le Sacré Cœur, gagnent, à l’heure de la mort une indulgence plénière, s’ils invoquent le Nom de Jésus ? »

J’obéis et criai sept ou huit fois : « Jésus ! Mon Jésus ! » Et plus j’invoquai ce saint Nom, plus ma confiance augmentait. Je m’abandonnai à la très sainte volonté de Dieu ; et, bien que tout fit rage autour de moi, comme si l’enfer eût été déchaîné, bien que j’entendisse un nombre incalculable de cartouches passer près de mes oreilles, je demeurai tranquille et couché ; je n’avais pas en effet à redouter la mort, et rien de mal ne pouvait m’arriver.

Lorsque, enfin, le calme se fit, je me relevai ; mais quel spectacle s’offrit à moi ! Tout était détruit, brûlé, je n’apercevais que ruines et débris, et moi j’étais sauvé ! Je vis clairement dans cette catastrophe une punition de Dieu ; car ceux qui en ont été victimes avaient une très mauvaise réputation. Quant à moi, combien je me sentis poussé à la reconnaissance envers le Sacré Cœur qui m’avait si magnifiquement montré sa bonté infinie ! Je ne puis jamais l’oublier, et je ne l’oublierai jamais ; autrement je serai l’homme le plus ingrat du monde.

Cependant, je me mis à rechercher nos gens ; je voulais leur venir en aide. Mais je vis bientôt que je pouvais pas porter secours, car mon bras était démis, le sang coulait de plusieurs blessures que j’avais reçues à la tête, mes genoux commençaient à trembler et les forces m’abandonnaient ; je résolus donc de rentrer chez moi. Je pris un habit, un chapeau, une paire de sabots que je trouvais là, parce que mes habits calcinés tombaient de dessus mon corps et je revins au logis. Vous pouvez imaginer la joie de ma femme en me revoyant ; car avant mon retour à la maison on portait déjà à l’hôpital des morts et des blessés ; ma femme les voyant passer se figurait que j’étais du nombre des morts ou des mourants. Le Sacré Cœur de Jésus m’avait sauvé.

Avant de finir permettez-moi de vous dire une chose qui peut servir à mieux faire comprendre ce qui précède. J’appris du R. P. Lambertz à honorer le Sacré Cœur, en l’honneur duquel j’ai toujours fait depuis sept ans, la sainte Communion le premier vendredi du mois. Je n’y ai manqué, durant ce temps, qu’une seule fois ; c’était un vendredi-saint, jour où on ne donne pas la sainte Communion.

Le jour de l’explosion était le premier vendredi de septembre 1889. En ce jour le Seigneur m’a magnifiquement récompensé du peu que j’avais fait pour honorer son divin Cœur. Puisse le bon Dieu m’accorder encore la grâce de la persévérance finale !

Je termine par un trait où l’on voit le terrible châtiment de ceux qui insultent Dieu. Peu de temps avant la catastrophe deux de nos ouvriers parlaient de l’enfer. L’un d’eux qui mangeait toujours la viande le vendredi et particulièrement le vendredi-saint, tandis que les autres jours il se contentait de pain et de beurre, se mit à dire : «Si tout ce que les prêtres veulent faire croire aux imbéciles est vrai, qu’on est damné pour l’ivresse, le jurement et autres bêtises semblables, l’enfer est beaucoup trop petit et doit être agrandi.» L’autre riait de cette plaisanterie et abondait dans le même sens. Lorsque après l’explosion, je cherchai nos hommes, je trouvai ce dernier étendu mort dans le réservoir. L’expression du ricanement était encore sur ses traits ; la mort a donc dû être instantanée. Je voulus le retirer et le saisir par la tête, mais mes mains s’enfoncèrent dans sa cervelle ; le crâne avait été entièrement brisé. Quant à celui qui avait fait l’affreuse plaisanterie, nous le trouvâmes quelques jours après absolument réduit en cendres, nous le reconnûmes au fermoir de son porte-monnaie ; il a dû avoir une mort terrible et être brûlé vif.

Je serais très heureux que ces lignes puissent vous servir à favoriser le culte en l’honneur du Sacré Cœur qui est, à mon avis, la plus belle de toutes les dévotions. Ayez la bonté de faire connaître ces faits non à cause de moi, mais à l’honneur du Sacré Cœur, qui n’abandonne certainement jamais ceux qui l’honorent.

Extrait de : Perles de la Dévotion au Cœur de Jésus, 1902.

Imitation du Sacré Cœur de Jésus-Christ : 2. Effusion de Cœur

Image pieuse arrête le Cœur de Jésus est là

Arrête le Cœur de Jésus est là ! Que Votre Règne Arrive. (100 jours d’indul. Pie IX.)
Cœur Sacré de Jésus, protégez-moi de tout danger, de tout fléau, de toute épidémie…
En portant votre image, j’ai une totale confiance en Vous !

Cœur de Jésus brûlant d’amour pour moi, faites que mon cœur brûle d’amour pour vous.

J ‘irai avec une foi vive et une grande confiance au Sacré Cœur de Jésus. C’est le Cœur du Seigneur mon Dieu, c’est le Cœur du plus tendre des pères, du meilleur des amis ; c’est le Cœur du Fils de Dieu, qui s’est fait mon frère ; c’est le cœur de mon aimable Rédempteur.
Ce divin Cœur est la source de la vie éternelle et bienheureuse. C’est une fournaise ardente de la divine charité, c’est un lieu de refuge où l’on jouit d’un délicieux repos. Je vous supplie, mon aimable Sauveur, d’enflammer mon cœur de l’amour dont le vôtre est embrasé ; d’y répandre continuellement les grâces dont il est la source, de faire que ma volonté soit tellement unie à la vôtre, que votre très-sainte et adorable volonté soit toujours la règle de tous mes désirs et de toutes mes actions.
O mon divin Rédempteur ! que mon cœur soit toujours rempli et animé des sentiments qui étaient dans le Vôtre. Je voudrais pouvoir ne point cesser de louer, de remercier, de prier Votre Cœur, de m’offrir en sacrifice pour l’honorer et pour le faire honorer.
O Jésus ! par les mérites infinis de Votre adorable Cœur, accordez-moi d’avoir d’humbles sentiments de moi-même. Donnez-moi la vertu d’humilité.

Leçon d’un ecclésiastique dévoué au Sacré Cœur de Jésus.
De l’humble sentiment de soi-même, et de ce que ce sentiment doit opérer.

1. Priez Jésus-Christ, qui a les paroles de la vie éternelle, de se faire entendre continuellement à vous, de vous envoyer du ciel la lumière de l’intelligence pour bien connaître Dieu, ses perfections, sa sainteté, et pour vous découvrir votre néant, vos misères, vos iniquités. Suppliez-le de parler à votre cœur, et de faire que vous soyez une même chose avec lui par une éternelle charité : plus votre charité sera grande, plus vous serez grand devant Dieu.

2. Que la gloire de ce monde passe vite ! ne l’oubliez point ; et, afin de gagner Jésus-Christ, regardez toutes les choses de la terre comme de la boue qu’on foule aux pieds. Que toute votre occupation soit de vous vaincre vous-même.

3. Mettez votre science, votre bonheur, votre mérite à plaire à Jésus-Christ, à gagner de plus en plus son Cœur, à vous rendre digne de son amour pour le temps et pour l’éternité.

4. Observez exactement le précepte indispensable que Jésus-Christ nous a fait d’aimer notre prochain comme il nous a aimés. Ne blessez en rien la charité envers qui que ce soit, de peur qu’en offensant en paroles ou autrement, vous ne blessiez Jésus-Christ à la prunelle de l’œil. L’homme est sujet à pécher en paroles ; veillez bien sur votre langue qui vous est surtout donnée pour bénir Dieu et le faire louer.

5. Lisez l’Écriture sainte et les livres de piété pour acquérir la science du salut, et croître dans la connaissance et l’amour de Jésus-Christ. Faites cette lecture en pensant que c’est lui qui vous instruit de sa sainte loi et de sa volonté. Écoutez-le avec un grand respect et beaucoup de docilité. Priez intérieurement le Saint-Esprit de vous faire comprendre, goûter et pratiquer ce que vous aurez lu.

6. Désirez ardemment la paix du cœur, ce repos d’une conscience qui fait qu’on se confie beaucoup en Dieu. C’est, après la grâce sanctifiante, le plus grand de tous les biens. Cette paix de Dieu que Dieu seul peut donner, et qui conserve le cœur dans son amour, surpasse tout sentiment. Elle ne réside jamais dans ceux qui aiment le monde, et dans les chrétiens immortifiés et sensuels. Pour l’obtenir, il faut que vous
résistiez à vos passions et à vos affections déréglées. C’est en se faisant continuellement violence qu’on arrive au ciel.

Cœur sacré de Jésus-Christ, qui avez été blessé pour nos iniquités, ayez pitié de nous.

Extrait de : Imitation du Sacré-Cœur de Jésus Christ, auteur anonyme, 1865.

La première partie se trouve ICI.

Imitation du Sacré Cœur de Jésus-Christ : 1. Effusion de Cœur

Image pieuse Jésus et son Sacré-Cœur

Cœur de Jésus brûlant d’amour pour moi, faites que mon cœur brûle d’amour pour vous.

Livre Premier : Avis pour la Vie Spirituelle
Chapitre Premier : Effusion de Cœur

Cœur de Jésus brûlant d’amour pour moi, faites que mon cœur brûle d’amour pour vous.

Que de richesses Jésus a renfermées dans son adorable cœur ! Ne négligez rien pour gagner ses affections et les posséder. Consacrez-lui tout ce que vous avez. Que vos sentiments et vos désirs soient ceux du cœur de Jésus. Soyez prêt à tout sacrifier pour acheter ce précieux trésor.
Disciple de Jésus-Christ, ce cœur est à moi, puisque c’est le cœur de Jésus-Christ mon chef, et que ce qui est au chef appartient à tous ses membres.
Que ce divin cœur soit désormais le temple où j’adorerai Dieu, où je lui offrirai Jésus-Christ, où je lui demanderai pardon de mes péchés, et où je solliciterai des grâces.
C’est dans ce cœur que je trouverai de quoi acquitter tout ce que je dois pour mes péchés à la justice divine. C’est un lieu assuré où je n’aurai rien à redouter des ennemis de mon salut.
Ô Jésus ! ô aimable Jésus ! que de douceurs célestes on goûte au seul souvenir de votre divin cœur, lorsqu’on vous aime ! Quelle horreur j’aurais eue pour tout péché ! quel progrès j’aurais fait dans la piété, si j’avais eu de la dévotion à votre sacré cœur ! imprimez profondément en moi cette dévotion.
Par les mérites infinis de votre adorable cœur, faites que je me souvienne continuellement de vous, et que je n’aie que du mépris pour toutes les vanités du monde, et pour moi-même.

Leçon d’un Ecclésiastique dévoué au Sacré-Cœur de Jésus : du souvenir de Jésus-Christ et du mépris de toutes les vanités du monde et de soi-même.

1. Que votre principale étude soit de méditer sur la vie de Jésus-Christ ; vous ne ferez pas comme ceux qui sont le jouet de leurs passions, vous ne marcherez pas dans les ténèbres, votre cœur ne sera plus dans l’aveuglement : vous serez véritablement éclairé et animé à aimer et à servir Jésus-Christ.

2. Sans l’amour de Dieu et la grâce pour persévérer dans cet amour, grâce que vous ne pouvez avoir que par Jésus-Christ, que vous servirait d’être le plus savant, le plus riche, le plus honoré, le plus fortuné des mortels ? Mais avec cet amour, vous serez un disciple de Jésus-Christ, d’autant plus agréable à Dieu que vous connaîtrez mieux Jésus-Christ, que vous l’aimerez davantage, et que vous l’imiterez plus parfaitement.

3. Pensez souvent à Jésus-Christ dans ses divers mystères. Rappelez-vous ce qu’il a dit, ce qu’il a fait pour vous, et ce qu’il fait encore continuellement pour votre amour dans le saint temple. Prévoyez ce qu’il fera pour vous à la mort, aussitôt après la mort et pendant l’éternité, si. vous l’avez servi fidèlement ; et, au contraire, ce qu’il fera contre vous, si vous avez été un serviteur infidèle. Tout ce qui n’est pas Jésus-Christ ou ne vous conduit pas à Jésus-Christ est vanité.

4. Apprenez à bien vous connaître, à vous mépriser vous-même, à prendre plaisir à être inconnu et réputé pour rien dans le monde. Pensez que par vos péchés vous avez mérité plus de mille fois l’enfer ; que vous y serez horriblement puni, si vous cessez d’implorer la grande miséricorde de Dieu, et si vous êtes assez insensé pour vous appliquer à autre chose qu’à ce qui peut servir à vous sauver : c’est bientôt que Dieu doit vous juger selon vos œuvres. La vie la plus longue est une vapeur qui parait un peu de temps, et qui disparaît ensuite.

Cœur sacré de Jésus-Christ, qui avez été blessé pour nos iniquités, ayez pitié de nous.

Extrait de : Imitation du Sacré-Cœur de Jésus Christ, auteur anonyme, 1865.

Perles de la Dévotion au Cœur de Jésus : Grâces Temporelles

Tenture du Sacré-Cœur avec inscription Adveniat Regnum Tuum

« Adveniat Regnum Tuum », Que Votre Règne Arrive Cœur Sacré de Jésus et renouvelle la Société.
Tenture, origine Espagne.

I. Une illusion dans la pratique de la Dévotion au Sacré-Cœur

Beaucoup de personnes, bien intentionnées d’ailleurs, semblent croire que la dévotion au Cœur de Jésus doit avoir pour résultat principal d’adoucir les aspérités de la vie, d’en faire disparaître les peines, de procurer des consolations spirituelles et même des joies temporelles. De là, des étonnements profonds, des découragements et presque des commencements de murmures, quand les prières adressées avec persévérance au divin Cœur pour obtenir des faveurs temporelles ne sont pas exaucées. Sans doute, Notre-Seigneur dans sa miséricordieuse bonté et dans sa condescendance pour notre faiblesse , a voulu attacher toutes sortes de grâces, même des bienfaits temporels, aux prières adressées à son Cœur sacré ; mais il veut, ainsi que nous le voyions dans les révélations faites à la Bienheureuse Marguerite-Marie, que le fruit principal cherché dans la pratique de la dévotion à son divin Cœur, soit son amour et la réparation.

« Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes et qui eu est si peu aimé ! » dit-il à celle qu’il appela lui-même la disciple bien aimée de son Cœur, et il ajouta : « Toi, du moins, donne-moi cette consolation de suppléer par ton amour à l’ingratitude des hommes. » Toutes les autres grâces ne doivent être à nos yeux, que ce qu’elles sont dans les desseins du Sacré Cœur de Jésus : des moyens pour nous conduire à son amour et à la réparation. Nous ne devons donc les demander que conditionnellement, en sorte que, si elles doivent être inutiles et surtout nuisibles à notre sanctification et à nos progrès dans l’amour divin, nous devons y renoncer. C’est du reste la conduite suivie par le Sacré Cœur à l’égard des âmes qu’il aime d’un amour de prédilection. Il leur refuse certaines faveurs temporelles, et parfois il substitue aux biens demandés des épreuves, qui, en faisant souffrir ses amis, ont pour effet de les détacher des biens fugitifs et périssables de ce monde et de les attacher à Lui par un amour généreux.

Examinez, Enfant du Sacré Cœur, si vous ne seriez pas tombé dans cet écueil dangereux. Désormais dans la pratique de la dévotion au Cœur de Jésus, proposez-vous, avant tout, d’aimer ce divin Cœur et de réparer les outrages qu’il reçoit. Aimez et réparez par le soin le plus attentif à fuir ce qui peut le contrister, c’est-à-dire le péché et à faire tout ce qui peut lui plaire, surtout les sacrifices. Le reste vous sera donné par surcroît, il l’a promis. Cette dévotion généreuse et forte est seule capable de renouveler la société.

Extrait de : Mois du Sacré Cœur, du Père Saint-Omer. Cité dans Perles de la Dévotion au Cœur de Jésus, 1902.

Clovis et la Naissance de la France

Gravure Clovis roi des Francs

Clovis (465-511), Roi des Francs. Gravure du XIXe siècle.

« Quand le temps fut arrivé que l’empire romain devait tomber en Occident et que la Gaule devait devenir France, Dieu ne laissa pas longtemps sous des princes idolâtres une si noble partie de la Chrétienté, et, voulant transmettre aux Rois de France la garde de son Église qu’il avait confiée aux empereurs, il donna non seulement à la France, mais encore à l’Occident tout entier, un nouveau Constantin en la personne de Clovis. Alors saint Remy vit en esprit qu’en engendrant en Jésus-Christ les rois de France et leur peuple, il donnait à l’Église d’invincibles protecteurs. Ce grand Saint et ce nouveau Samuel, appelé pour sacrer les Rois, sacra ceux-ci, comme il le dit lui-même, pour être «les perpétuels défenseurs de l’Église et des pauvres, digne objet de la Royauté ».
Après lui avoir enseigné à faire fleurir les églises et à rendre les peuples heureux, il priait Dieu, nuit et jour, qu’ils persévérassent dans la foi et qu’ils régnassent selon les règles qu’il leur avait données, leur prédisant en même temps qu’en dilatant leur royaume ils dilateraient celui de Jésus-Christ…

Non seulement le Seigneur envoya un saint pontife pour sacrer Clovis, mais encore il manifesta sa volonté et son action par un miracle. «Clovis venait d’entrer dans l’église de Reims pour y recevoir l’onction de l’huile sainte, lorsque le ciel lui donna des marques visibles de sa protection pour lui, pour ses successeurs et pour la France par le présent qu’il lui fit de la sainte ampoule. »(Hincmar, Vie de Saint Remi, chap. XXI).

Elle fut miraculeusement apportée du ciel par une colombe à la vue de tous les assistants, jusque sur l’autel où Saint Remy attendait le saint chrême, qui ne pouvait arriver assez tôt, à cause de la foule qui remplissait l’église, et par le don divin de guérir les malades des écrouelles, en les touchant seulement de la main, que Dieu conféra en même temps à Clovis et à ses successeurs au royaume.
Le premier soin de Clovis après son sacre fut de rétablir les églises et les évêchés détruits par les Vandales et, par un merveilleux effet de la grâce, les Gaulois qui le regardaient comme usurpateur et qui soupiraient après la domination des empereurs romains, tant qu’il fut idolâtre, l’aimèrent et le regardèrent comme leur prince légitime, dès qu’il fut rentré dans le sein de l’Église, tellement que Clovis avoua lui-même et reconnut publiquement que ce fut de ce jour-là seulement qu’il commença de régner et que la monarchie des Francs s’affermit dans les Gaules.

Ce changement des cœurs et des volontés fut un des effets immédiats du sacre. Le prodigieux succès de ses armes prouva bientôt que l’onction de l’huile sainte lui avait procuré l’assistance et la force de Dieu. La tribu des Francs, une des plus petites de celles qui avaient envahi l’empire romain, devint, après le sacre de Clovis, la plus prépondérante. La plupart de ces tribus possédaient des royaumes puissants et professaient l’arianisme. Clovis les défit les uns après les autres et détruisit ainsi la puissance de l’hérésie dans l’univers.
A sa mort, le Royaume très chrétien était définitivement constitué, et il était déjà facile de voir que le premier peuple barbare converti au christianisme était appelé à remplir dans le monde moderne la même mission que le peuple juif avait remplie avant Jésus-Christ.
C’est ainsi que l’envisageait le Pape saint Anastase lorsqu’il écrivait à Clovis après son sacre : «Illustre et glorieux fils, soyez la gloire de l’Église, soyez pour elle une colonne de fer. La perfidie des mauvais a beau déchaîner contre notre barque le courroux des flots et de menaçantes tempêtes, nous espérons contre l’espérance : nous louons Dieu qui vous a retiré de la puissance des ténèbres pour faire d’un si grand prince le défenseur de son Église et opposer votre gloire aux attaques des pervers. Courage, aimé et glorieux fils ! méritez que le Dieu tout-puissant couvre de sa céleste protection votre Sérénité et votre royaume : qu’il ordonne à ses anges de vous garder dans toutes vos voies et vous fasse remporter la victoire sur tous vos ennemis».

Et comme pour mieux caractériser la mission de la France dans le monde, le même Pape disait au même Roi, en parlant de nos aïeux, les Francs : «Dieu vous a choisis pour repousser les ennemis de la foi, pour porter la vérité aux contrées infidèles, pour être le soleil des âmes».

La parole pontificale était la proclamation de la mission que Dieu donnait à ce peuple nouvellement apparu sur la scène du monde : mission surnaturelle qui avait pour but la défense et la propagation de la foi du Christ dans toutes les parties de l’univers ; mission pour le succès de laquelle Dieu avait formé le caractère français aimable, communicatif, désintéressé, généreux jusqu’à sacrifier sa fortune et sa vie ; mission pour laquelle il a pu avoir quelques défaillances dans le cours de son histoire, mais dont les actes se retrouvent encore aujourd’hui dans toute leur noblesse et leur magnanimité et sur le sol de la patrie et sur les plages les plus lointaines. »

Extrait de : Dieu, la Royauté et le Salut de la France (1890), auteur anonyme.

Cet ouvrage peut être lu ou téléchargé dans son intégralité ici.