La Grandeur du Patriotisme

Vignette Delandre, Dieu et Patrie

Dieu et Patrie. Vignette Delandre datant de la première guerre mondiale.

Mais c’est chez l’homme civilisé, et surtout chez le véritable chrétien que ce grand et noble sentiment [le patriotisme] est admirable. Qu’il nous suffise de dire que c’est ce qui rend l’homme au cœur généreux capable des plus grands dévouements et des plus grands sacrifices ; c’est ce qui le rend inébranlable en face de la mort ; que dis-je ? c’est ce qui la lui fait même rechercher avec ardeur quand il s’agit du salut de son pays. Aussi la religion est-elle toujours inséparable du véritable patriotisme. L’homme vraiment digne du nom de patriote aime sa patrie terrestre, parce qu’elle est pour lui un avant-goût de la patrie céleste ; il la sert fidèlement et fait de bon cœur pour elle le sacrifice de ses biens et de sa vie, s’il le faut, parce qu’il sait que cette fidélité et ces sacrifices l’honorent devant les hommes, et sont devant Dieu parmi ses plus beaux titres à la possession de l’éternelle patrie. Que serait, en effet, un patriotisme sans religion, sinon une fureur aveugle, un non-sens, une absurdité ?

Si c’est une folie, au jugement de la Sagesse incarnée, de gagner l’univers même aux dépens de son âme, comment faudrait-il qualifier la conduite du soldat qui affronterait toutes les horreurs des champs de bataille sans autre espoir que le néant ou l’enfer après son trépas ?… Que la religion, au contraire, montre au plus humble soldat chrétien une couronne aussi brillante que celle qui ornerait la tête de son général, si comme lui il tombe victime du devoir en défendant sa patrie, oh! alors on s’explique son courage, on admire son dévouement et on le comprend. Aussi les véritables patriotes, les vrais amis de la patrie sont-ils toujours entendu dans ce sens. Les anciens disaient :

Combattre pour ses autels et ses foyers. Pro aris et focis.

Les preux chevaliers du moyen âge, ces admirables modèles du patriote chrétien, avaient pour motto : Dieu et mon Roi, et encore : Religion et patrie, Foi et honneur. Dans leur pensée, la défense de la patrie était la cause même de Dieu. »

Extrait de : Le Patriotisme (1924) par Mgr Laflèche.

Le Patriotisme et la Religion

« Ainsi ces natures incultes, ces hommes dégénérés que la Providence semble avoir relégués dans ces régions inhospitalières pour des raisons, sans aucun doute, infiniment justes; ces hommes, si dégradés qu’ils soient par leur abaissement intellectuel et leur corruption morale, ont cependant conservé vivace dans leur cœur l’amour de la patrie. Dieu, qui a permis que tant de nobles sentiments, qui font battre le cœur des hommes régénérés, aient fait chez ces infortunés un triste naufrage, n’a pas voulu dans sa miséricorde que celui du patriotisme eût le même sort. Il le leur a conservé comme une compensation et une planche de salut dans les dures privations auxquelles il les a soumis.

Mais c’est chez l’homme civilisé, et surtout chez le véritable chrétien que ce grand et noble sentiment est admirable. Qu’il nous suffise de dire que c’est ce qui rend l’homme au cœur généreux capable des plus grands dévouements et des plus grands sacrifices ; c’est ce qui le rend inébranlable en face de la mort; que dis-je ? c’est ce qui la lui fait même rechercher avec ardeur quand il s’agit du salut de son pays. Aussi la religion est-elle toujours inséparable du véritable patriotisme. L’homme vraiment digne du nom de patriote aime sa patrie terrestre, parce qu’elle est pour lui un avant-goût de la patrie céleste ; il la sert fidèlement et fait de bon cœur pour elle le sacrifice de ses biens et de sa vie, s’il le faut, parce qu’il sait que cette fidélité et ces sacrifices l’honorent devant les hommes, et sont devant Dieu parmi ses plus beaux titres à la possession de l’éternelle patrie. Que serait, en effet, un patriotisme sans religion, sinon une fureur aveugle, un non-sens, une absurdité ?

Si c’est une folie, au jugement de la Sagesse incarnée, de gagner l’univers même aux dépens de son âme, comment faudrait-il qualifier la conduite du soldat qui affronterait toutes les horreurs des champs de bataille sans autre espoir que le néant ou l’enfer après son trépas?… Que la religion, au contraire, montre au plus humble soldat chrétien une couronne aussi brillante que celle qui ornerait la tête de son général, si comme lui il tombe victime du devoir en défendant sa patrie, oh! alors on s’explique son courage, on admire son dévouement et on le comprend. Aussi les véritables patriotes, les vrais amis de la patrie sont-ils toujours entendu dans ce sens. Les anciens disaient : Combattre pour ses autels et ses foyers. Pro aris et focis. Les preux chevaliers du moyen âge, ces admirables modèles du patriote chrétien, avaient pour motto : Dieu et mon Roi, et encore : Religion et patrie, Foi et honneur. Dans leur pensée, la défense de la patrie était la cause même de Dieu. »

Extrait de : Le Patriotisme, par Mgr Laflèche. 1924.

Carte Postale WWI Dieu Patrie Messe sur le Front
« Une Messe pendant la guerre : l’offertoire »
Carte postale des éditions Avé Maria, Paris. Époque première guerre mondiale.

Le Prêtre s’unissant à la Sainte Victime,
Offre avec ses frères, sa prière, sa vie,
Et dans ce sacrifice adorable et sublime,
Est le suprême espoir de notre chère Patrie.
Unissons-nous de cœur à nos soldats nos frères,
Pour la France, offrons nos vies et nos prières.

M. R.

Vocation et Mission Providentielle des Nations

Vignette Sacré-Coeur de Jésus Espoir et Salut de la France

Vignette Sacré-Cœur de Jésus Espoir et Salut de la France.

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« Pourquoi Dieu a-t-il assigné aux descendants de certaines familles un territoire particulier où ils doivent grandir, se développer en corps de nation? Pourquoi a-t-il voulu que ces familles eussent chacune un langage particulier, des lois, des mœurs et des usages tellement différents de ceux des autres, qu’ils fussent comme un mur de séparation entre elles ? C’est ce que nous allons rechercher présentement. […]

« En introduisant la diversité des langues parmi les descendants de Noé, dit le savant auteur de l’Histoire universelle de l’Église catholique, Dieu les contraignait à se séparer les uns des autres et à se grouper par familles et par dialectes pour aller se faire une patrie ailleurs. Voilà comment, dans le deuxième âge du monde, Dieu lui-même créa les peuples : voilà comment il les envoya par toute la terre pour l’occuper et la cultiver. »

Dans les œuvres de Dieu, il n’y a point de lacune, et rien n’est laissé au hasard. Tout est coordonné selon l’idée divine d’un plan infiniment sage où doit éclater la gloire de Dieu, dans la manifestation de ses divins attributs, surtout de sa puissance, de sa bonté, de sa miséricorde et de sa justice. L’humanité entière concourt à la réalisation de ce plan. Chaque individu dans la famille, chaque famille dans la nation, chaque nation dans l’humanité a reçu un but déterminé qu’il lui faut atteindre.

Dieu, dans les dispositions admirables de sa providence, ne refuse à personne, individu, famille ou nation, les moyens d’atteindre sa fin ; comme aussi il punit sévèrement l’abus de ces moyens, et brise même, comme un instrument inutile, les peuples et les nations qui n’ont pas compris leur mission, ou qui ont refusé d’accomplir leurs destinées en se détournant de la route que Dieu leur avait tracée. Vous les gouvernerez avec un sceptre de fer, dit Dieu à son Verbe ; vous les briserez comme un vase d’argile. C’est là une vérité élémentaire du catéchisme catholique qu’il est utile de rappeler ici, parce qu’un trop grand nombre de chrétiens l’ont perdue de vue. Ils s’imaginent qu’une force aveugle préside à tous les événements qui s’accomplissent ici-bas; que les succès de la guerre, la conquête des royaumes, l’agrandissement des empires, sont dus en dernière analyse à l’habileté des généraux, à la valeur des soldats ou aux sages combinaisons de la politique des hommes d’État. Ils ne se rappellent plus ce mot sublime de Bossuet : l‘homme s’agite et Dieu le mène.

Or, une des premières conditions nécessaires à une nation pour atteindre sa fin, c’est d’avoir un territoire à elle en propre. Que l’on remonte à l’origine des nations, et qu’on suive l’histoire des migrations des divers peuples, on verra que chaque famille a été dirigée par une inspiration spéciale et comme conduite par une main invisible vers le pays qu’elle devait habiter. C’est surtout ce que l’histoire sainte nous montre dans la vocation d’Abraham. L’histoire profane nous donne les mêmes enseignements. En étudiant avec attention l’histoire des différents peuples, nous y reconnaissons visiblement la main de la Providence qui dirige les pas de leurs premières familles, donne à chacune son territoire et un but qu’elle doit atteindre. Sont-elles fidèles à leur mission, la paix chez elle amène l’abondance, la prospérité et le bonheur. Se détournent-elles, au contraire, du droit chemin, le glaive est à leur porte et sur leurs têtes. La guerre et l’esclavage, la peste et la famine tour à tour les visitent, jusqu’à ce qu’enfin elles rentrent dans le devoir. S’endurcissent-elles, l’envahissement, le démembrement de leur territoire, l’exil en masse, et même l’extermination, les fait disparaître.

[…] Chaque nation a reçu de la Providence une mission à remplir, un but déterminé à atteindre. Infailliblement, elle y arrivera, si elle correspond fidèlement aux vues de Dieu sur elle : car Dieu, dans sa puissance et sa sagesse, proportionne toujours les moyens à la fin. Quelque faible donc que soit une nation, quelque restreint que soit son territoire, ce petit peuple n’a rien à craindre, tant qu’il sera ce qu’il doit être, fidèle à Dieu et à sa mission. Fût-il d’ailleurs environné de nations puissantes et ambitieuses, aussi bien servies par le génie de leurs hommes d’État que par l’habileté de leurs généraux et la valeur de leurs armées, Dieu le protégera et combattra même pour lui s’il le faut, comme au temps de Sennachérib et de Judas Macchabée. Au contraire, un vaste territoire, les richesses et la puissance n’empêcheront pas le peuple prévaricateur d’être profondément humilié, démembré, et même effacé du nombre des nations, s’il se montre incorrigible. Témoin les puissants empires dont l’histoire nous raconte les révolutions sanglantes et la fin lamentable. »

Extrait de : Le Patriotisme, par Mgr Laflèche. 1924.

Le Patriotisme par Mgr Laflèche

Vignette Delandre Drapeau National Sacré-Coeur, Honneur et Patrie
Vignette Delandre « Honneur & Patrie »
Drapeau National du Sacré-Cœur

« Le patriotisme, c’est l’amour de son pays, le dévouement à la terre où l’on a vu le jour ; c’est cet attachement inné dans le cœur de l’homme aux objets de la nature qui ont les premiers frappé ses regards, et qui ont été les témoins de ses premiers pas dans la vie. Cette expression, comme on le sait, est dérivée du mot patrie, en latin patria. Dans son sens étymologique, elle signifie terre paternelle ; et les Latins avaient consacré cette expression dans leur langue pour désigner le territoire que leur avaient légué leurs ancêtres et qu’ils devaient eux-mêmes à leur tour transmettre à leurs descendants comme un dépôt sacré. C’est précisément le même sens que nous attachons à notre mot français patrie.

Le patriotisme est un de ces sentiments que l’auteur de la nature a gravés lui-même en traits de feu dans le fond de l’âme humaine. C’est ce sentiment qui fait les héros et qui donne à l’homme ce courage indomptable qui le rend plus fort que la mort. L’amour du sol natal se retrouve partout, sous les glaces du pôle comme dans les déserts brûlants de l’Afrique. Le pauvre Esquimau, avec son costume de peau d’ours ou de caribou, aime sa cabane de glace, il prend avec délice ses repas de chair crue. Il ne peut concevoir qu’il y ait au monde de pays plus favorisé que le sien. C’est en vain que vous le promènerez dans les grandes villes de l’Europe, que vous étalerez à ses yeux toutes les merveilles de la civilisation, que vous essayerez à lui faire goûter les douceurs et apprécier les avantages qu’elle nous procure. Il ne vous comprendra point ; il ne comprendra pas qu’on puisse trouver le bonheur dans la jouissance de toutes ces choses. Pour lui, rien n’égale la beauté de ces rochers couverts de mousse où broutent des milliers d’agiles caribous et que parcourent en tout sens les nombreux troupeaux de bœufs musqués qui y paissent ; nulle émotion semblable à celle qu’il éprouve à voguer dans son canot de peaux entre les montagnes flottantes des glaces du pôle, à la poursuite des grandes baleines du Nord. Il faut en dire autant du malheureux habitant des sables brûlants de l’Afrique. Les formidables rugissements du lion, la férocité du tigre et de l’hyène le font bien trembler à la vérité, mais il n’en aime pas moins les déserts arides qui l’ont vu naître, il n’en poursuit pas avec moins de bonheur la gazelle légère, cet hôte inoffensif du désert. Lui aussi, ce rude Africain, a une patrie qui possède toutes ses affections et à laquelle nul autre pays n’est préférable à ses yeux. »

Extrait de : Le Patriotisme, par Mgr Laflèche. 1924.