Le texte qui suit a été rédigé le 2 mai1959 par Mgr Louis-Augustin Marmottin, Archevêque de Reims (1940 à 1960). Il constituait une partie de la préface de l’ouvrage « Pour qu’Il règne » .
Pour qu’Il règne, La Cité Catholique (dir. Jean Ousset).
Couverture de l’édition de 1959. Exemplaire personnel.
Mes chers Amis,
Vous me demandez quelques lignes d’introduction à l’ouvrage que vous allez publier sur le sujet qui vous est aussi cher que familier, où se résume la doctrine de La Cité Catholique : « Pour qu’Il règne ». […]
Ce m’est une joie de reprendre contact avec vous, et de vous aider, pour si peu que ce soit, à propager cette doctrine, ignorée de tant de nos catholiques et que pourtant il est nécessaire que, pour eux-mêmes et pour les autres, ils connaissent et appliquent. Plusieurs fois déjà je vous ai encouragé à cet apostolat qui est le vôtre, à cette diffusion de la pensée catholique sur un sujet que les derniers Papes nous ont maintes fois rappelé, le Règne Social de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Le but que vous poursuivez est de faire comprendre que Dieu est tout, qu’Il est l’auteur, l’ordonnateur et le maître de tout, de la société comme de l’individu, que par conséquent une loi ne peut et ne doit être que l’expression de sa volonté, de son autorité souveraine. Une société ne saurait dès lors se passer de lui, prospérer sans lui, subsister sans lui. Jésus-Christ est venu établir dans l’humanité le règne de son Père, il est venu ici-bas pour le fonder, il veille par l’Église à son extension. Dieu, dans ce but, l’a constitué, c’est le mot de l’Écriture « Roi des Rois, et Seigneur des Seigneurs ».
« C’est le Roi des Rois, le Seigneur des Seigneurs. » Vive Jésus dans tous les cœurs !
Il règnera ce Divin Cœur ! (NS Jésus-Christ à Sainte Marguerite-Marie)
Contre une vérité si claire, combien d’erreurs se sont levées depuis près de deux siècles « La Révolution, a dit Albert de Mun, est une doctrine qui prétend fonder la société sur la volonté de l’homme au lieu de la fonder sur la volonté de Dieu ». Là est l’erreur fondamentale, d’où sont sortis bien de faux et dangereux corollaires. Vous ne vous lassez point, dans cette substantielle Revue qu’est « Verbe » de dénoncer et de combattre ces erreurs, le libéralisme du XIX° siècle que vous n’épargnez guère, le laïcisme, le communisme, le progressisme de nos jours.
Comment nos catholiques, en vous lisant, en vous étudiant, plutôt, ne comprendraient-ils pas mieux qu’ils ne font souvent, que Dieu est le principe de l’ordre social aussi bien que de l’ordre privé et qu’il en est la fin ? Comment s’expliqueraient-ils autrement que par le rejet de Dieu dans le monde, les désordres, les malheurs qui l’accablent et le déshonorent aussi bien que l’individu et la famille ? Qu’ils se rappellent le mot très courageux et très juste, que récemment un député lançait à ses collègues de la Chambre : « Si le moment n’est pas venu pour Jésus-Christ de régner, le moment n’est pas venu pour les gouvernements de durer » [citation du Cardinal Pie]…
Extrait de : Pour qu’Il règne, éditions La Cité Catholique (1959).