Jeanne d’Arc, Modèle de Piété

Tableau Jeanne d'Arc en prière dans une église par Flandrin
« Jeanne d’Arc en prière » par Paul Hippolyte Flandrin (1856-1921).

Dieu qui aime les humbles et les petits se révéla de bonne heure à la fillette de Jacques d’Arc. Sa mère, en lui apprenant à former le signe de la croix, lui fit assez entendre le mystère de pardon et de salut qu’il rappelait, pour que ce cœur d’enfant s’ouvrît à des sentiments de foi et de reconnaissance. Les instructions familières et les exhortations du curé de Domremy y firent bientôt éclore des sentiments d’amour divin, et ce foyer une fois allumé ne fit que grandir et s’étendre. De là cette dévotion ardente et confiante tout ensemble de Jeannette pour Jésus-Christ, qu’elle se plaisait à appeler Messire, « mon Seigneur » ; de là sa fidélité à toutes les pratiques et à tous les exercices propres à éclairer, à fortifier et à développer cette dévotion ; de là son empressement à fréquenter l’église où son Sauveur et son Dieu résidait sacramentellement. Les jeunes filles de son âge remarquaient « qu’elle y allait volontiers et souvent. On ne la voyait pas par les chemins, mais à l’église où elle restait et priait ».

Diverses représentations de Jeanne d’Arc en prière à Domremy.

C’était pourtant un édifice bien modeste que la petite église de Domremy : elle n’avait rien de ce qui sollicite la curiosité et attire les regards ; mais Jeanne y avait reçu le saint baptême ; elle y avait été consacrée à la bienheureuse Vierge Marie, elle y priait avec plus de douceur qu’en tout autre lieu, s’y sentait plus près du Maître qu’elle aimait, et comme la maison de ses parents était tout proche de la maison de Dieu, la jeune enfant, n’ayant qu’à traverser le jardin paternel pour s’y rendre, profitait de cette facilité et venait offrir au Seigneur en son sanctuaire ses prières naïves et ses adorations.

Six vues extérieures et intérieures de l’église actuelle de Domremy et deux représentations à l’époque de Jeanne d’Arc.

Dès qu’elle eut atteint l’âge de raison. Jeannette se forma, sous la direction de son curé, à ces pieuses et fortes habitudes, à ces saintes pratiques sans lesquelles il ne saurait y avoir de vie profondément chrétienne, la confession, l’assistance au sacrifice de la messe, la sainte communion. A partir de sa septième année, elle se confessait volontiers et souvent : un de ses compagnons de jeunesse en faisait la remarque ; mais en avançant en âge, elle mit à le faire plus de régularité. Vingt-neuf de ses compatriotes rendent d’elle ce témoignage dans l’enquête de la réhabilitation. La pieuse jeune fille comprit promptement l’utilité de la confession fréquente, pour en arriver à remplir exactement tous ses devoirs, à discerner et pratiquer les vertus qui sont l’honneur de son sexe. C’était, disait-elle, le moyen que lui recommandaient ses Saintes ; car « elles-mêmes prenaient le soin de la faire se confesser de temps en temps ».

A Rouen, les juges demandaient à Jeanne d’Arc si elle voulait s’en rapporter à eux pour la détermination et l’appréciation de certains actes qu’ils lui attribuaient faussement.

Jeanne leur répondait : « Je m’en rapporte à Dieu et à une bonne confession. »

Ils lui demandaient encore si elle pensait avoir besoin de se confesser, puisqu’elle se croyait certaine d’être sauvée. Jeanne répliquait : « On ne saurait trop nettoyer sa conscience. »

Statues représentant Jeanne d’Arc en prière.

L’assistance au saint sacrifice et la sainte communion n’étaient pas moins chères à son cœur. A la messe, Jeannette y assistait aussi souvent qu’il lui était possible. Se trouvait-elle aux champs lorsque la cloche la sonnait, elle quittait le travail, s’il n’y avait pas d’empêchement, et accourait au pied de l’autel.

Détail qui met bien en lumière la gratitude de la jeune enfant pour son excellent curé, en même temps que sa dévotion pour le sacrifice de nos autels, toutes les fois que messire Front pouvait célébrer dans l’église de Domremy, Jeannette était là pour entendre sa messe.

Si bien que le bon curé s’en était aperçu et avait fait part de cette observation à un ecclésiastique de ses amis. Celui-ci ajoutait que si la fille de Jacques d’Arc avait eu de l’argent, elle l’aurait donné volontiers à son curé pour dire des messes. Sans doute que la pieuse enfant exprima plus d’une fois le regret de n’être pas plus fortunée, et de ne pouvoir, faute d’argent, suivre les inspirations et les désirs de son cœur.

Jeanne d’Arc en prière à la Chapelle des Voûtes de Vaucouleurs.

Puisque nous parlons de l’attachement que Jeannette portait à son pasteur, en reconnaissance des bontés et des soins dont elle était l’objet de sa part, rappelons cet autre détail : elle avait en lui une confiance si entière, et elle tenait tant à ne lui faire aucune sorte de peine, que, s’il était empêché, elle ne se confessait à un autre prêtre qu’après lui en avoir demandé et en avoir obtenu la permission.

Lorsque l’église de Domremy et une partie du village eurent été incendiés par des coureurs bourguignons. Jeannette resta quelque temps privée de ces consolations religieuses. Il lui fallut renoncer à entendre la messe de son curé à Domremy même. Elle se dédommageait en allant, les jours de dimanche et de fête, l’entendre en l’église de Greux.

La dévotion de la petite Jeanne au saint sacrifice de la messe avait comme complément un empressement égal à visiter notre divin Sauveur dans le sacrement de l’autel et à recevoir, aussi souvent que son confesseur le lui permettait, la sainte communion. Tandis que ses compagnes se divertissaient à des rondes ou autres jeux, la pieuse enfant mettait sa joie à se rendre et à prier au pied du tabernacle. Elle éprouvait une douceur infinie à l’adorer du plus profond de son âme et à s’abandonner sans réserve à sa volonté.

Et si elle mettait une sainte avidité à s’asseoir à la table eucharistique, à s’y nourrir du pain des anges, c’est que, au sortir de ce festin, elle se sentait plus ardente au bien, plus imprégnée de pureté, plus allégée de dévouement.

La première communion de Jeanne d’Arc.

Ces habitudes religieuses, Jeanne d’Arc les entretint si bien pendant son adolescence, qu’elle y demeura fidèle toute sa vie et les porta jusqu’au milieu des camps. « Je l’ai vue plusieurs fois, disait l’un des deux gentilshommes qui l’accompagnèrent à Chinon ; je l’ai vue soit à Vaucouleurs, soit à la guerre, se confesser — ce qu’elle a eu fait jusqu’à deux fois par semaine — et recevoir l’Eucharistie. »

A Orléans, le matin de l’assaut des Tourelles, « a elle ouyt messe, se confessa et reçeut en moult grande dévotion le précieux, corps de Jésus-Christ ».

Jeanne d’Arc communiant avant la bataille.

En campagne, le chapelain de la Pucelle, frère Pasquerel, lui « chantera » chaque jour la messe : ce sera pour Jeanne comme un ressouvenir de son cher Domremy. Avant de courir sus aux Anglais, elle se munira de la sainte communion. Un chevalier racontera l’avoir vue, à Senlis, communier deux jours de suite en noble et haute compagnie, avec deux princes de sang- royal, le comte de Glermont et le duc d’Alençon.

« Quand elle allait par le païs, et venait aux bonnes villes, elle ne manquait pas de recevoir les sacrements de confession et de l’autel. »

Jeanne d’Arc communie à Compiègne.

L’une des privations dont la Pucelle souffrit le plus, pendant sa captivité de Rouen, fut de ne pouvoir entendre la messe. Dès la première séance du procès, elle avait requis de ses juges qu’ils lui en accordassent la permission ; plusieurs fois, durant le cours des interrogatoires, elle réitéra sa requête, souvent dans les termes les plus touchants. Jamais l’évêque de Beauvais ne voulut y consentir. Il permit qu’on lui portât la sainte communion le matin de son supplice ; mais aucun des nombreux témoignages recueillis sur les incidents de cette journée ne donne à entendre que le saint sacrifice ait été célébré, même ce jour-là, en présence de l’infortunée jeune fille, et qu’elle y ait assisté.

Ne pouvant amener ses juges à lui permettre d’entendre la messe et communier, la captive obtint quelque temps, du prêtre qui la conduisait de la prison à l’audience, un dédommagement inespéré. Moins impitoyable que le tribunal, Jean Massieu permit à Jeanne de s’arrêter dans la chapelle du château et d’y adorer, au pied du tabernacle, le Sauveur qu’elle ne pouvait recevoir sacramentellement. Un jour, cependant, la porte de la chapelle ne s’ouvrit pas : le promoteur d’Estivet avait remarqué la condescendance de Massieu et la lui avait brutalement reprochée. Massieu n’osant plus s’arrêter, la prisonnière, qui ne savait pas pourquoi, lui demandait, devant la porte de la chapelle : « Est-ce que le corps de Jésus-Christ n’y est pas ? »

Et quelle foi ardente, quelle énergie de conviction, quelle tendresse d’âme Jeanne apportait dans ses actes de religion et de piété ! « Toutes les fois qu’elle se confessait, elle fondait en larmes », rapportait son aumônier, l’excellent frère Pasquerel. Au témoignage du duc d’Alençon, « elle ne pouvait voir le corps du Sauveur sans être profondément émue et sans répandre des larmes abondantes ».

A Orléans, un chanoine de l’église Saint-Aignan, Pierre Compaing, la vit, lui aussi, « au moment de l’élévation, pleurer à chaudes larmes ».

Jeanne d’Arc communiant avant son martyre.

La petite église de Domremy fut certainement, plus d’une fois, témoin de ces pleurs que faisait jaillir des paupières de la jeune fille la confession de ses fautes et la vue de l’hostie consacrée. Ce n’est point dans le cours de ses faits de guerre et sous l’influence du milieu qu’elle y rencontrait que la Pucelle en était venue à ce degré de sensibilité religieuse ; un pareil état d’âme tenait à des habitudes datant de plus loin. Si le vénérable curé de Domremy, messire Guillaume Front, avait pu comparaître devant la Commission pontificale de 1456, il eût vraisemblablement déclaré avoir vu couler les larmes de sa jeune paroissienne dans les mêmes circonstances et aussi souvent que frère Pasquerel et le duc d’Alençon.

Extrait de : Histoire Complète de la Bienheureuse Jeanne D’Arc, Nouvelle Édition, Tome 1, par Philippe-Hector Dunand. 1912.

La maison natale de Jeanne d’Arc et l’église de Domremy après la seconde guerre mondiale (images noir et blanc) et des vues prises en décembre 2020.

Jeanne d’Arc, le Patriotisme Chez les Femmes et la Franc-Maçonnerie

Jeanne d'Arc prise des Tourelles libération d'Orléans

« En nom Dieu, vous entrerez bientôt dedans, n’ayez doute !… Quand vous verrez flotter mon étendard vers la bastille, marchez hardiment, elle sera vôtre… Enfants en avant !… Montez, tout est vôtre. » Prise des tourelles d’Orléans par Sainte Jeanne d’Arc, 7 mai 1429.

Mais il ne faut pas se contenter de prier, il faut agir. Jeanne vous dirait comme à ses contemporains : Besognez ! Elle vous supplierait de vous dévouer pour votre patrie.

Le patriotisme semble être l’apanage des hommes, car, d’ordinaire, ils sont seuls appelés à combattre et à mourir pour leur pays sur les champs de bataille. Mais c’est une erreur. Jeanne vous prouve qu’une femme peut être une grande patriote.

Il est vrai que vous ne pouvez monter à cheval ni prendre le casque et la cuirasse comme elle. Qu’importe ? Ce n’est pas l’appareil qui fait le guerrier, c’est le cœur. Ayez le cœur de Jeanne et vous servirez comme elle votre pays. Vous pouvez faire beaucoup pour lui, si vous le voulez.

Nos ennemis en sont bien persuadés. Un franc-maçon, le F∴ Bouvret s’écriait au Convent de 1900 : « Nous sommes tous d’accord que la femme est l’apôtre le plus fervent des idées qu’elle porte au cœur et que notre devoir est de ne pas négliger un élément de propagande aussi sérieux ». Un autre franc-maçon, le F∴ Beauquier, député du Doubs, s’écriait un jour : « Persuadons-nous bien que nous ne serons réellement victorieux des superstitions que le jour où nous serons aidés par la femme, que quand elle combattra le bon combat à nos côtés ».

Ah ! Mesdames, ce n’est pas aux côtés de ces vilains messieurs que vous devez combattre le bon combat, c’est aux côtés de la Libératrice.

L’ennemi aujourd’hui, ce n’est plus l’Angleterre, c’est la Franc-maçonnerie. Elle abaisse et ruine la France. Elle veut la déchristianiser. Elle empoisonne l’âme de l’enfant. Elle débauche le jeune soldat de toute manière et s’efforce de le gagner à la cause de la lâcheté et de la trahison.

La Franc-Maçonnerie à l’œuvre : déchristianisation de la France, embrigadement de la jeunesse.

Vous aurez donc à lutter, vous surtout les mères, sur ce terrain du patriotisme. Vous aurez, un jour ou l’autre, à faire un sacrifice au pays en lui donnant un soldat. Cet enfant que vous avez choyé avec tendresse, vous aurez à vous en séparer ; mais vous serez vaillantes et vous lui direz en lui cachant vos pleurs : « Mon fils, tu étais la joie et l’orgueil de mon foyer ; mais la patrie t’appelle, va et fais ton devoir. Je t’aime et voudrais t’avoir toujours près de moi, mais va et fais ton devoir. Je souhaite que tu me reviennes un jour bien portant et vainqueur, mais va et fais ton devoir ! »

D’ailleurs, ce n’est pas seulement au jour des adieux que la mère fait œuvre patriotique. Son rôle commence plus tôt. C’est elle qui façonne le futur soldat, qui lui donne une éducation virile dès l’enfance, qui ouvre devant son esprit les grands horizons, qui lui fait aimer la patrie dont elle lui chante la beauté et la douceur. Par là, elle devient en quelque sorte soldat elle-même. Croyez-vous que l’humble paysanne, Isabelle Romée, la mère de Jeanne, n’a pas plus fait que bien des hommes pour la France ? N’est-ce pas à elle que nous devons notre libératrice ? N’est-ce pas elle qui pétrit son grand cœur et qui lui apprit à faire son devoir ?

Monument pour Isabelle Romée, mère de Sainte Jeanne d’Arc, à Vouthon-Bas (Meuse).

Statue de Isabelle Romée à la Basilique Nationale Sainte Jeanne d’Arc, Bois-Chenu, Domremy-la-Pucelle (Vosges).

Mais, pour être le premier colonel, la mère doit être le premier catéchiste de son fils : pour en faire un bon soldat, elle doit en faire un bon chrétien. Or, vous le savez, la secte maçonnique vous le défend, ô mères françaises. Il vous est permis de faire de vos enfants de petits sans-patrie, de petits sans-culotte, de petits louveteaux qui se changeront un jour en grands carnassiers de révolution. Il ne vous est pas permis, de par le Grand-Orient, d’en faire des français et des catholiques. Allez-vous obtempérer à ces ordres ? Allez-vous abandonner vos fils au Moloch de l’école impie ? Non, n’est-ce pas, et vous saurez répondre : « Nos fils, nous voulons bien les envoyer à la mort, s’il le faut, pour la France : mais nous ne voulons pas les envoyer à l’enfer ».

Sainte Thérèse priant sur les genoux mère Zélie Martin

La Petite Thérèse, future patronne secondaire de la France, priant sur les genoux de sa mère, Sainte Zélie Martin.

L’éducation chrétienne, voilà donc un champ de bataille où vous devez déployer la bannière et la vaillance de la Vierge d’Orléans. Si elle était ici, avec quel entrain elle brûlerait les manuels impies et corrupteurs condamnés par vos évêques. Avec quelle ardeur, reprenant sa bonne épée de Fierbois, elle bouterait hors de l’école les Aulard et les Debidour, les Calvet et les Primaire, comme elle boutait hors de son camp les femmes perdues qui débauchaient ses soldats !

Et voici que, depuis quelque temps, bien des mères ont senti passer dans leur âme ce généreux esprit de la Pucelle, ces frémissements indignés qui la saisissaient devant l’impiété. Des mères ont fait des feux de joie avec les livres sectaires qui contaminent l’école. Honneur à elles ! Elles comprennent que c’est la guerre et, qu’en temps de guerre, les femmes ne doivent pas se contenter de filer leur quenouille. Comme les orléanaises, enflammées par la Pucelle, elles courent aux remparts. Aux remparts, Mesdames, repoussez l’assaillant qui vise vos fils ; comblez les brèches avec votre or et votre argent et, s’il le faut, avec vos corps !

Et voici que les petites filles elles-mêmes s’en mêlent ; pour combattre l’ennemi de leur âme elles retrouvent le courage et l’audace de leur grande sœur, et parfois l’à-propos qui distinguait ses réparties. Récemment, une institutrice libre-penseuse, dictait à ses élèves ces mots : « Jeanne d’Arc crut entendre des voix… » – Une fillette l’interrompit : « Mademoiselle, il ne faut pas dire : elle crut entendre, mais, elle entendit ! – Y étiez-vous, petite impertinente, pour savoir qu’elle les entendit ? – Et vous, Mademoiselle, y étiez-vous pour savoir qu’elle ne les entendit pas ? » Ah ! la bonne petite française ! Jeanne l’aurait embrassée sur les deux joues pour cette réplique. Elle a eu raison, la petite impertinente, de rappeler à la pudeur la misérable qui s’amusait à déflorer la foi et le patriotisme de ses élèves. Imitez-la, Mesdames, et, devant les Aliborons et les bas-bleus de la Loge, ne craignez pas de vous montrer de grandes impertinentes !

Extrait de : Jeanne d’Arc et la France, Stephen Coubé (S.J.), 1910.

Jeanne d'Arc va fille de Dieu

« Il n’ya rien d’impossible à la puissance de Dieu ». Sainte Jeanne d’Arc.
Image pieuse de la Maison Bouasse-Lebel, début XXe siècle.

Prières pour la France, par Raoul Follereau

Priere por la France Raoul Follereau

Prière au Christ « qui aime les Francs »

Seigneur, qui avez fait de ce pays comme un reflet de votre Ciel
Prenez en pitié la terre de France
Seigneur qui avez donné à ses fils, durant tant de siècles,
des trésors d’héroïsme, de sagesse et de sainteté
Prenez en pitié l’âme de la France.
Lorsque Paris fut menacé, Vous avez voulu Sainte Geneviève ;
Quand la Patrie fut envahie, Vous avez voulu Sainte Jeanne d’Arc.
Et parce que ce pays est le Vôtre,
Vous l’avez fait défendre et sauver par des Saints.

***

Avant même qu’elle fut la France, Vous l’aviez déjà désignée comme un refuge,
quand aux rivages de Provence débarquèrent, cherchant asile,
ceux dont les hommes maudissaient l’amour saint qu’ils avaient pour Vous
Seigneur, Souvenez-Vous de la terre qui reçut Madeleine, Marthe et Lazare.
Souvenez-vous du pacte de Tolbiac, et du vœu de Louis XIII,
et de la consécration de la France à Montmartre.
Pour Saint Louis aux Croisades, pour Saint Vincent aux Galères,
pour tous ceux qui sont morts, Seigneur, pour votre cause,
dans la douceur de votre foi,
prenez en pitié la terre et l’âme de la France.

***

Vous nous avez envoyé de grandes épreuves ;
la Patrie souffre et saigne et pleure à vos genoux.
Seigneur, nous avons mérité les maux qui nous accablent.
Si nous implorons votre miséricorde, ce n’est point pour nous,
pour nos personnes chétives, ou nos biens illusoires,
mais pour la France en qui Vous avez mis les signes de votre immortalité.
La France que Vous avez voulue renait sous votre providence ;
daignez en accueillir les promesses et les fleurs.
Et donnez-nous le courage quotidien pour la besogne obscure qu’elle demandera.
Faites que nous soyons grands pour être dignes d’elle, et pour,
à travers sa vie et sa gloire, Vous mieux comprendre et Vous mieux aimer.
Ainsi soit-il.

Raoul Follereau.

Jeanne d’Arc Est Grande Par Son Amour de Dieu et de la France

Jeanne d'Arc sauvez la France protégez nos soldats

Carte postale,avec petite médaille et ruban tricolore. Éditions Avé Maria, Paris. Époque première guerre mondiale.

Bienheureuse Jeanne d’Arc
Sauvez la France, Protégez nos soldats.


Le secret de la victoire :
« Je n’avais d’autre secret que la confiance en Dieu, le mépris du danger et
l’amour de la France. »

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La vraie religion, celle que l’Évangile a fait connaître au monde, c’est l’amour de Dieu et du prochain. La piété chrétienne a pour caractéristique non seulement de faire pratiquer ces deux amours, mais d’en inspirer comme le besoin : l’âme vraiment pieuse est altérée de ces vertus, comme les fleurs le sont de chaleur et de lumière.

Ainsi en a-t-il été de la fille de Jacques d’Arc ; ainsi nous l’ont dépeinte les témoins de l’enquête de 1456, témoins qui sont tous ses compatriotes, ses compagnons ou ses amis de jeunesse. L’amour de Dieu et du prochain, tel que le divin Maître l’a enseigné, tel que les saints l’ont pratiqué, l’amour de Dieu créateur, de Dieu rédempteur, de Dieu récompense éternelle des élus, l’amour des pauvres, des enfants, des malheureux, et au-dessus de cet amour celui de la France si malheureuse, si délaissée, voilà les sentiments qui vont remplir le cœur de Jeannette et le faire palpiter ; les sentiments qui grandiront avec elle, s’épanouiront en elle et constitueront sa véritable vie.

Disons-le à la première page de son histoire, comme nous le dirons à la dernière : ce sont ces deux amours, celui de son Dieu et celui de son pays, qui feront Jeanne si grande ; ce sont ces deux amours qui donneront pour couronnement à la plus belle des vies la plus sublime des morts, la mort du martyre dans les flammes d’un bûcher.

Demander ce que l’amour de Dieu était pour Jeanne enfant et ce qu’il sera pour Jeanne jeune fille, c’est demander ce qu’est l’air, ce qu’est la lumière, ce qu’est l’espace pour l’oiseau. La vierge de Domremy vivait de cet amour, comme l’oiseau, aigle ou mésange, vit d’espace, d’air et de lumière. « Jeanne, disait François Garivel, conseiller général du Roi, était une bergerette aimant Dieu par dessus tout. »

La jeune vierge était remplie à ce point de l’amour de son Créateur, qu’il débordait de son âme et que l’ardeur s’en communiquait aux gens avec qui elle se trouvait. « J’avais foi en elle, disait Jean de Metz, son compagnon de route de Vaucouleurs à Chinon ; j’étais enflammé par ses paroles, ainsi que par l’amour de Dieu qu’elle respirait. »

Admonestée à Rouen par l’archidiacre Jean de Châtillon, la Pucelle lui dira : « Lisez votre livre, puis je vous répondrai. Je me confie de tout à Dieu mon créateur : je l’aime de tout mon cœur. » […]

On a pu voir quelle piété saine, quelle conscience droite Jeannette apportait à l’accomplissement de tous ses devoirs. Mais un autre sentiment que l’amour de sa tâche quotidienne faisait battre son cœur, l’amour de la France et de son roi. En même temps que la chrétienne et la fillette laborieuse, ardente au travail, se formait la patriote et la Française si digne d’être admirée.

En ce quinzième siècle, la foi patriotique dont les vrais Français portaient en eux la flamme était non seulement étroitement liée à leur foi religieuse, mais elle procédait d’elle comme l’effet procède de la cause. L’idée chrétienne avait créé un culte véritable pour la patrie personnifiée dans le roi, comme elle avait créé le culte de Dieu, de l’Église et des saints. Le trône avait pour sauvegarde l’autel, mais il était placé au-dessous.[…]

Pour Jeanne d’Arc, le royaume de France, c’est « le saint royaume ». Ainsi le qualifiera-t-elle dans sa lettre aux habitants de Troyes ; — le royaume même de « Jésus, Roi du Ciel et de toute la Terre». — Ainsi s’exprimera-t-elle dans sa lettre au duc de Bourgogne, à l’occasion du sacre ; — le royaume « de Dieu, le fils de Sainte Marie », comme le portera sa lettre aux Anglais.[…]

Des trois choses que la Vierge de Domremy demandera à ses Saintes, deux regardent ce cher pays de France et son souverain ; la troisième seulement la regarde elle-même. « J’ai demandé à mes Voix trois choses, dit-elle : la première, le succès de mon expédition (la levée du siège d’Orléans et le sacre de Reims) ; — la deuxième, que Dieu aide bien aux Français et garde bien les villes de leur obéissance ; — la troisième, le salut de mon âme.»

Extrait de : Histoire Complète de la Bienheureuse Jeanne D’Arc, Nouvelle Édition, Tome 1, par Philippe-Hector Dunand, 1912.

Patriotisme, Héroïsme et Sainteté Chez Sainte Jeanne d’Arc

Jeanne d'Arc représentation en trompe l'oeil

« Sainte Jeanne d’Arc, Sainte de la Patrie, Priez Pour Nous et Protégez la France ! »

Le dévouement de l’homme à son pays est donc une vertu morale ; et il n’est peut-être pas inutile de le proclamer plus haut que jamais, à une époque où ce sentiment court risque de s’affaiblir avec tant d’autres instincts légitimes du cœur humain ; où il se trouve des écrivains qui sont de tous les pays, excepté du leur ; où, à force de s’étendre, le lien social finit par se relâcher ; et où le culte exagéré des intérêts matériels menace directement l’esprit de sacrifice. Il n’est, dis-je, pas inutile de rappeler à quelle profondeur l’amour de la patrie avait jeté ses racines dans le cœur du monde païen.

Mais il en a été de cette vertu morale comme de toutes les autres. Le Christianisme les a purifiées, ennoblies, transfigurées. Sans méconnaître ce que la nature humaine a de vrai et de bon, il l’a élevée au-dessus de la terre, pour chercher en Dieu lui-même le principe et la fin de notre activité morale. Sur l’ordre purement humain, il est venu greffer un autre ordre d’idées et de sentiments, l’ordre surnaturel. Il a tourné l’homme vers Dieu, pour que l’homme reçût de ce foyer immortel le rayon de la grâce qui illumine sa vie, la pénètre et la transforme. Par là, nos actes et nos facultés ont pris une direction plus haute ; et il s’est opéré une ascension de tout notre être vers l’infini. Sous cette influence souveraine, la raison, touchée de la grâce et initiée par elle à la révélation, est devenue la foi ; le désir du bonheur, qui nous est inné, s’est changé en vertu sous le nom d’espérance ; la sympathie naturelle pour nos semblables a revêtu les formes célestes de la charité ; le sentiment de notre dépendance vis à vis de l’Être suprême a fait place à cet admirable mélange de défiance de nous-mêmes et de confiance en Dieu qu’on nomme l’humilité. Bref, l’homme moral est sorti des mains du Christ, agrandi et perfectionné, présentant sa face au ciel, d’où lui arrivent une lumière et une force supérieures pour son activité terrestre ; et c’est dans cette transfiguration complète des vertus naturelles par la grâce que consiste la sainteté.

Or, Messieurs, la vertu de dévouement s’est élevée dans Jeanne d’Arc à cette hauteur surnaturelle. Non, n’espérez pas comprendre l’héroïne, si vous n’étudiez la sainte. C’est au-dessus de la terre, par-delà les mobiles d’une activité purement humaine, que la sublime enfant a puisé son héroïsme ; et quand je cherche à travers sa prodigieuse carrière ce qui la remplit et l’explique, je trouve que la foi a été le principe et l’âme de toute sa vie.

Oui, la foi, la soumission à la volonté de Dieu, le désir de l’accomplir en toutes choses, au péril de la vie, et sans autre crainte que celle de ne pas la remplir jusqu’au bout et avec une entière fidélité, voilà le mobile des actions de Jeanne d’Arc. Par là son héroïsme dépasse la sphère de la vie civile, pour entrer dans l’ordre de la sainteté. Je le sais, telle n’est pas l’idée que plusieurs se sont faite de la pieuse jeune fille. On s’est plu quelquefois à, nous la représenter comme une sorte d’amazone entraînée sur les champs de bataille par son humeur guerrière, et s’échauffant au bruit des combats dont elle aurait entrevu la lointaine image dans les rêves d’un esprit exalté. Ce sont là des tableaux de fantaisie qui s’évanouissent devant la réalité des faits. Ni les goûts personnels de Jeanne, ni ses aspirations ne répondaient au rôle que la Providence l’avait appelée à Jouer : « Et certes, disait-elle, j’aimerais bien mieux filer auprès de ma pauvre mère, car ce n’est pas mon état ; mais il faut que j’aille et que je le fasse, parce que Messire veut que je fasse ainsi… Et plût à Dieu, mon Créateur, que je m’en retournasse, quittant les armes, et que je revinsse servir mon père et ma mère, gardant leurs troupeaux avec ma sœur et mes frères, qui seraient bien aises de me voir ! »

Ce n’est pas même au sentiment patriotique, pourtant si vif dans cette belle âme, qu’il faut demander la raison suprême de sa conduite. Ses répugnances devant la simple perspective de sa mission montrent assez qu’elle se déterminait par des motifs encore plus élevés. « Non, ajoutait-elle, avec cet accent de sincérité qui éclate dans toutes ses paroles, j’eusse mieux aimé être tirée à quatre chevaux que de venir en France sans la volonté de Dieu. » Tant il est vrai que, pour trouver la clef de cette vie extraordinaire, on a besoin de la chercher dans un principe supérieur aux affections et aux intérêts terrestres. Ce principe suprême et régulateur, nous l’avons dit, est celui-là même qui anime et dirige la vie des saints : le désir de répondre à la grâce divine, quoiqu’il en coûte, dût-il en résulter le sacrifice de la vie.

Extrait de : Panégyrique de Jeanne d’Arc, Prononcé dans la Cathédrale d’Orléans le 8 Mai 1867, par Mgr Charles-Émile Freppel.

« Le dévouement de l’homme à son Pays est une vertu morale », « risque d’affaiblissement du patriotisme », « l’Esprit de Sacrifice menacé par le matérialisme », « le Christianisme a ennobli les Vertus Morales », « homme moral est sorti des mains du Christ, agrandi et perfectionné », « héroïsme dépassant la sphère de la vie civile », « la soumission et fidélité à la volonté de Dieu anime et dirige la vie des Saints »…

Tant de choses à retenir, tant de leçons à appliquer…

Et comme beau modèle, la plus Française de toutes les Saintes, Jeanne d’Arc.