La Dévotion Au Sacré-Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ (1)

Votre amour seul Cœur de Jésus saint Ignace

Votre amour seul, ô Cœur de Jésus ! et je suis assez riche. Saint Ignace.

PREMIÈRE PARTIE

Les motifs de cette Dévotion.

CHAPITRE PREMIER

Ce qu’on entend par la Dévotion au Sacré Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et en quoi elle consiste.

L’OBJET particulier de cette Dévotion est l’amour immense du Fils de Dieu, qui l’a porté à se livrer pour nous à la mort, et à se donner tout à nous dans le très Saint Sacrement de l’Autel, sans que la vue de toutes les ingratitudes et de tous les outrages qu’il devait recevoir en cet état de Victime immolée jusqu’à la fin des siècles, ait pu l’empêcher de faire ce prodige ; aimant mieux s’exposer tous les jours aux insultes et aux opprobres des hommes, que de ne. nous pas témoigner, par la plus grande de toutes les merveilles, jusques à quel excès il nous aime.

C’est ce qui a excité la piété et le zèle de plusieurs personnes qui, considérant combien on est peu sensible à cet excès d’amour, combien on aime peu Jésus-Christ, combien on se met peu en peine qu’il nous aime, n’ont pu souffrir de le voir tous les jours si maltraité, sans lui en témoigner leur juste douleur, et le désir extrême qu’elles ont de réparer, autant qu’elles peuvent, tant d’ingratitudes et tant de mépris, par leur ardent amour, par leurs profonds respects, et par toute sorte d’hommages.

Dans ce dessein on a choisi certains jours de l’année, pour reconnaître d’une manière plus particulière l’amour extrême que Jésus-Christ nous témoigne dans le Saint Sacrement ; et en même temps pour lui faire quelque réparation d’honneur, pour toutes les indignités, et pour tous les mépris que cet aimable Sauveur a reçus, et qu’il reçoit encore tous les jours dans ce Mystère d’amour. Et certainement ce regret que l’on sent à la vue du peu d’amour que l’on a pour Jésus-Christ dans cet adorable Mystère, cette douleur sensible qu’on a de l’y voir si maltraité, ces pratiques de Dévotion que le seul amour suggère, et qui ne tendent qu’à réparer, autant qu’il est possible, tous les outrages qu’il y souffre, sont des preuves certaines de l’ardent amour qu’on a pour Jésus-Christ, et des marques visibles d’une juste reconnaissance.

Il est aisé de voir que l’Objet et le Motif principal de cette Dévotion est, comme on a déjà dit, l’amour immense que Jésus-Christ a pour les hommes, qui n’ont la plupart que du mépris, ou du moins de l’indifférence pour lui.

La Fin qu’on s’y propose, c’est, premièrement, de reconnaître et d’honorer autant qu’il est en nous, par nos fréquentes adorations, par un retour d’amour, par nos remerciements, et par toute sorte d’hommages, tous les sentiments d’amour et de tendresse que Jésus-Christ a pour nous dans l’adorable Eucharistie, où cependant il est si peu connu des hommes, ou du moins si peu aimé de ceux mêmes dont il est connu.

Secondement, de réparer, par toutes les voies possibles, les indignités et les outrages auxquels l’amour l’a exposé durant le cours de sa vie mortelle, et auxquels le même amour l’expose encore tous les jours dans le Saint Sacrement de l’Autel. De sorte que toute cette Dévotion ne consiste, à proprement parler, qu’à aimer ardemment Jésus-Christ, que nous avons sans cesse avec nous dans l’adorable Eucharistie, et à lui témoigner cet ardent amour, par le regret qu’on a de le voir si peu aimé et si peu honoré des hommes, et par les moyens que l’on prend pour réparer ce mépris et ce peu d’amour.

Mais parce que nous avons toujours besoin dans l’exercice des Dévotions même les plus spirituelles, de certains objets matériels et sensibles qui, nous frappant davantage, nous en renouvellent le souvenir et nous en facilitent la pratique, on a choisi le Sacré Cœur de Jésus comme l’objet sensible le plus digne de nos respects et le plus propre en même temps à la fin qu’on se propose dans cette Dévotion.

A la vérité, quand on n’aurait pas eu des raisons particulières de donner à ces exercices de piété le titre de Dévotion au Sacré Cœur de Jésus, il semble qu’on ne pouvait pas mieux exprimer le caractère particulier de cette Dévotion que par ce titre ; car enfin ce n’est ici proprement qu’un exercice d’amour : l’amour en est l’Objet, l’amour en est le Motif principal, et c’est l’amour qui en doit être la Fin. Le cœur de l’homme, dit saint Thomas, est en quelque manière et la source et le siège de l’amour; ses mouvements naturels suivent et imitent continuellement les affections de l’âme, et ne servent pas peu par leur force, ou par leur faiblesse, à faire croître ou à diminuer ses passions.

C »est pour cela qu’on attribue ordinairement au cœur les plus tendres sentiments de l’âme, et c’est encore ce qui rend si vénérable et si précieux le cœur des Saints.

De tout ce qu’on a dit jusqu’ici il est aisé de voir ce qu’on entend par la Dévotion au Sacré Cœur de Jésus : On entend un ardent amour que l’on conçoit pour Jésus-Christ, au souvenir de toutes les merveilles qu’il a faites pour nous témoigner sa tendresse, et surtout dans le Sacrement de l’Eucharistie, qui est le miracle de son amour : On entend un regret sensible que l’on a à la vue des outrages que les hommes font à Jésus-Christ dans cet adorable Mystère : On entend un désir ardent de ne rien oublier pour réparer, par toutes les voies possibles, tous ces outrages ; et voilà ce qu’on entend par la Dévotion au Sacré Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, voilà en quoi elle consiste ; et elle ne se réduit pas, (comme quelques-uns auraient pu s’imaginer en voyant ce titre,) à aimer seulement, et à honorer d’un culte singulier ce Cœur de chair semblable au nôtre, qui fait une partie du Corps adorable de Jésus-Christ.

Ce n’est pas que ce Sacré Cœur ne mérite nos adorations ; il suffit de dire que c’est le Cœur de Jésus-Christ : et si son Corps et son Sang précieux méritent tous nos respects, qui ne voit que son Sacré Cœur demande encore plus particulièrement nos hommages ; et si l’on se sent si porté à la Dévotion envers ses sacrées Plaies, combien doit-on se sentir plus pénétré de Dévotion envers son Sacré Cœur ? Ce qu’on prétend est de faire voir qu’on ne prend ici ce mot de Cœur que dans le sens figuré, et que ce divin Cœur, considéré comme une partie du Corps adorable de Jésus-Christ, n’est proprement que l’objet sensible de cette Dévotion, et que ce n’est que l’amour immense que Jésus-Christ nous porte qui en soit le motif principal. Or, cet amour étant tout spirituel, on ne pouvait pas le rendre sensible ; il a donc fallu trouver un symbole ; et quel symbole plus propre et plus naturel de l’amour que le cœur ?

Extrait de : La Dévotion au Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par le Père Jean Croiset (S.J.). 1895 (d’après l’édition définitive de 1694).

Le Cimetière Chrétien – Mgr Gaume (1)

Croix mortuaire Jésus vainqueur de la mort

Fleur aujourd’hui, demain poussière,
Tel est l’inévitable sort,
Mais Jésus vit, en lui j’espère,
Il est le vainqueur de la mort.

« …nous assistons à la lutte suprême du bien et du mal. Depuis la Renaissance du Paganisme en Europe, un esprit nouveau agite les nations et les pousse à l’apostasie : de là aux abîmes.

Ennemi implacable du Christianisme, cet esprit ne cesse de lui crier sur tous les tons et dans toutes les langues : « Ôte-toi de là, que je m’y mette. Le monde est à moi. Longtemps j’en fus le prince et le dieu. Par le Christ, chassé de mon trône et de mes temples, je le chasse à mon tour : je reprends mon empire. Sors de l’esprit et du cœur des peuples ; sors de la politique, de la philosophie, de l’histoire, de la science, de la littérature et des arts ; sors de la famille et de l’éducation ; sors de la vie et de la mort de l’homme. Ôte-toi de tout cela et que je m’y mette. Ton règne est fini, le mien commence. »

L’esprit du mal se trompe ; son règne ne commence pas ; à peu de chose prés, il est fait.

Dans le monde racheté de son sang, que reste-t-il au Christ ! Où est la devise caractéristique de son autorité royale : Le Christ triomphe, il règne, il gouverne : Chritus vincit, regnat, imperat ? À l’Église, son épouse, que reste-t-il de son double domaine moral et matériel ? Où est son influence sociale ? Qui possède ses propriétés ? Qui possède les âmes ? Qui possède les trois actes solennels de la vie de l’homme : la naissance, le mariage, la mort ? Autant qu’il a pu, l’esprit antichrétien ne s’est-il pas arrogé le droit de se les approprier et de les gouverner, afin d’en effacer le cachet du Christianisme ? «Dans la société moderne, écrivent ses suppôts, l’État règle souverainement la naissance, le mariage, la mort des citoyens. »

À l’égard du cimetière, même prétention. Il n’en pouvait être autrement. Du droit de régler la mort, découle le droit de la sépulture. D’ailleurs, le cimetière chrétien importune l’esprit du mal. C’est un prédicateur dont la parole, intelligible à tous, bat en brèche les hases mêmes de l’édifice satanique : l’incrédulité, le sensualisme et le matérialisme. A tout prix il fallait éteindre sa voix.

Puisque tu le veux, je vais te raconter les tortueuses évolutions du vieux serpent, pour s’introduire dans le dortoir des enfants de l’Église et le profaner.

Afin de les bien comprendre, il est nécessaire de remonter à l’origine de la grande lutte, qui résume toute l’histoire du genre humain, et dont le Traité du Saint-Esprit t’a esquissé le tableau. Deux influences opposées régissent le monde : l’influence divine et l’influence satanique. Ce dogme, qui explique tout et sans lequel on ne peut rien expliquer, est inscrit en tête de la Théologie de tous les peuples. Vainqueur de l’homme au Paradis terrestre, Satan a inauguré sur la terre son culte et son règne. Faussant toutes les notions du vrai, il a créé le Paganisme, appelé par saint Paul, les temps de l’ignorance.

Dans la plénitude des temps, le Soleil de justice s’est levé sur le monde. A son apparition du haut des collines éternelles, Satan et ses suppôts ont pris la fuite. Les ténèbres se sont dissipées et la lumière s’est répandue sur l’humanité, jusqu’aux extrémités de la terre  : de là, le Christianisme.

Ainsi, dans le monde, depuis la chute originelle, deux oracles : l’oracle du mensonge et l’oracle de la vérité. Deux pères, auteurs de deux cités différentes, Satan le père du mensonge, auteur de la cité de l’erreur et du mal, ennemi implacable de l’homme ; et le Verbe incarné, auteur de la cité de la vérité et du bien, Créateur et Rédempteur de l’homme déchu, la voie, la vérité et la vie.

Placés aux antipodes l’un de l’autre, tu comprends que Notre-Seigneur et Bélial, le Christianisme et le Paganisme, doivent envisager le corps humain, pendant sa vie et le lieu où il doit reposer après sa mort de deux manières entièrement différentes. L’enseignement chrétien conduit au profond respect du corps de l’homme et à la sépulture dans un lieu sanctifié. L’enseignement païen aboutit au mépris du corps de l’homme et à l’enfouissement de la dépouille humaine, dans une voirie quelconque : ce que l’Écriture appelle la sépulture de l’âne.

Un instant, écoutons ces deux oracles. « Le corps de l’homme, dit l’oracle chrétien, est le chef-d’œuvre visible du Créateur. Son type est le corps même du Verbe incarné. Entre sa création et celle des autres créatures, si magnifiques qu’elles soient, grande est la différence. Les premières furent l’effet d’un fiat impératif et spontané. Il en fut tout autrement du corps de l’homme. Avant de le former de sa propre main, Dieu réfléchit ; il tient conseil. Les trois personnes de la Sainte-Trinité se consultent et la puissance infinie, et la sagesse infinie et l’amour infini, les yeux fixés sur le corps du second Adam, concourent ensemble à former le corps du premier Adam. De leur bouche sort cette parole, qui exprime l’incompréhensible dignité de notre corps : Faisons l’homme à notre image et ressemblance.

Voilà ce qu’est le corps de l’homme en général. Qu’est le corps du Chrétien ? « Rien, dit saint Paul, n’est plus respectable que le corps du Chrétien. C’est un vaisseau dans lequel nous portons et glorifions Dieu lui- même. C’est le Temple vivant du Saint-Esprit, le membre de Jésus-Christ et le cohéritier de sa gloire. »

Surnaturalisé par le baptême, il est le canal par où descendent dans l’âme les effets des Sacrements. Transformé dans le tombeau, comme le grain semé dans la terre, il doit se relever un jour glorieux et immortel. Souvent même, en attendant son éternel triomphe dans le ciel, il sera placé sur les autels de la terre, dans des temples magnifiques, environné d’or et de pourpre, objet de la vénération générale.

De là, comme conséquence nécessaire de l’enseignement Chrétien, le respect de l’Église pour le corps de ses enfants ; et, pour elle-même, le droit exclusif de leur sépulture, la propriété et la police souveraine des cimetières. Tu sais que pendant de longs siècles, ce triple droit lui fut universellement reconnu.

Mais les nations modernes ayant tourné le dos au Christianisme, le Paganisme est revenu. Rien de plus naturel qu’on retourne pour les cimetières au régime païen, et même à quelque chose de plus brutal et de plus ignoble ; car la chute se mesure à la hauteur de laquelle on tombe. Voici donc ce que le paganisme, le libéralisme, la libre pensée, le solidarisme, car c’est tout un, ne craint pas de proclamer au sein des sociétés jadis Catholiques.

Niant effrontément la divine origine de l’homme et ses destinées immortelles, il balbutie les thèses les plus absurdes, les plus contradictoires, sur les transformations du singe perfectionné et les migrations de la métempsycose. Pour lui, le corps privé de vie est un objet d’horreur, dont il faut se débarrasser au plus vite ; et qui n’est plus soumis à d’autres lois qu’à celles de la police et de la salubrité publique. De ces prémisses découle tout le système païen en matière de sépulture. Pour le flétrir comme il convient, laisse-moi te rappeler le mot de Napoléon Ier :

« Je pardonne bien des choses : mais j’ai horreur des matérialistes et des athées. Comment voulez-vous que j’aie quelque chose de commun avec un homme qui ne croit pas à l’existence de l’âme, qui croit qu’il est un tas de boue, et qui veut que je sois comme lui un tas de boue ? ».

Extrait de : Le Cimetière au Dix-Neuvieme Siecle ou Le Dernier Mot des Solidaires, par Mgr Jean-Joseph Gaume. 1873.

Le Saint Combat selon Saint Vincent de Paul

Saint combat courage en Dieu

Image n°1174 de la Maison Bouasse Lebel & Massin à Paris.

Quand l’Âme commence à bien se vaincre et à marcher avec courage dans la Voie de la Sainteté, Dieu lui envoie des Grâces spéciales en réponse à sa Générosité.

Saint Vincent de Paul (1581-1660).