17 Janvier 1871, Apparition Mariale À Pontmain

Il y a 150 ans Notre-Dame apparaissait à Pontmain dans la Mayenne.

Une vidéo de la chaîne Montfort AJPM (le blog est ICI)


Voici quelques documents iconographiques (images pieuses et cartes postales) consacrés à l’Apparition de Pontmain (cliquez pour les agrandir) :

L’Apparition, La Grange, Les Voyants

Notre-Dame de Pontmain, Protectrice de la France

Notre-Dame de Pontmain, Priez Pour Nous

MAIS PRIEZ MES ENFANTS, DIEU VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS
MON FILS SE LAISSE TOUCHER


Notre Dame de Pontmain, 17 janvier 1871.

Jeanne d’Arc, Modèle de Piété

Tableau Jeanne d'Arc en prière dans une église par Flandrin
« Jeanne d’Arc en prière » par Paul Hippolyte Flandrin (1856-1921).

Dieu qui aime les humbles et les petits se révéla de bonne heure à la fillette de Jacques d’Arc. Sa mère, en lui apprenant à former le signe de la croix, lui fit assez entendre le mystère de pardon et de salut qu’il rappelait, pour que ce cœur d’enfant s’ouvrît à des sentiments de foi et de reconnaissance. Les instructions familières et les exhortations du curé de Domremy y firent bientôt éclore des sentiments d’amour divin, et ce foyer une fois allumé ne fit que grandir et s’étendre. De là cette dévotion ardente et confiante tout ensemble de Jeannette pour Jésus-Christ, qu’elle se plaisait à appeler Messire, « mon Seigneur » ; de là sa fidélité à toutes les pratiques et à tous les exercices propres à éclairer, à fortifier et à développer cette dévotion ; de là son empressement à fréquenter l’église où son Sauveur et son Dieu résidait sacramentellement. Les jeunes filles de son âge remarquaient « qu’elle y allait volontiers et souvent. On ne la voyait pas par les chemins, mais à l’église où elle restait et priait ».

Diverses représentations de Jeanne d’Arc en prière à Domremy.

C’était pourtant un édifice bien modeste que la petite église de Domremy : elle n’avait rien de ce qui sollicite la curiosité et attire les regards ; mais Jeanne y avait reçu le saint baptême ; elle y avait été consacrée à la bienheureuse Vierge Marie, elle y priait avec plus de douceur qu’en tout autre lieu, s’y sentait plus près du Maître qu’elle aimait, et comme la maison de ses parents était tout proche de la maison de Dieu, la jeune enfant, n’ayant qu’à traverser le jardin paternel pour s’y rendre, profitait de cette facilité et venait offrir au Seigneur en son sanctuaire ses prières naïves et ses adorations.

Six vues extérieures et intérieures de l’église actuelle de Domremy et deux représentations à l’époque de Jeanne d’Arc.

Dès qu’elle eut atteint l’âge de raison. Jeannette se forma, sous la direction de son curé, à ces pieuses et fortes habitudes, à ces saintes pratiques sans lesquelles il ne saurait y avoir de vie profondément chrétienne, la confession, l’assistance au sacrifice de la messe, la sainte communion. A partir de sa septième année, elle se confessait volontiers et souvent : un de ses compagnons de jeunesse en faisait la remarque ; mais en avançant en âge, elle mit à le faire plus de régularité. Vingt-neuf de ses compatriotes rendent d’elle ce témoignage dans l’enquête de la réhabilitation. La pieuse jeune fille comprit promptement l’utilité de la confession fréquente, pour en arriver à remplir exactement tous ses devoirs, à discerner et pratiquer les vertus qui sont l’honneur de son sexe. C’était, disait-elle, le moyen que lui recommandaient ses Saintes ; car « elles-mêmes prenaient le soin de la faire se confesser de temps en temps ».

A Rouen, les juges demandaient à Jeanne d’Arc si elle voulait s’en rapporter à eux pour la détermination et l’appréciation de certains actes qu’ils lui attribuaient faussement.

Jeanne leur répondait : « Je m’en rapporte à Dieu et à une bonne confession. »

Ils lui demandaient encore si elle pensait avoir besoin de se confesser, puisqu’elle se croyait certaine d’être sauvée. Jeanne répliquait : « On ne saurait trop nettoyer sa conscience. »

Statues représentant Jeanne d’Arc en prière.

L’assistance au saint sacrifice et la sainte communion n’étaient pas moins chères à son cœur. A la messe, Jeannette y assistait aussi souvent qu’il lui était possible. Se trouvait-elle aux champs lorsque la cloche la sonnait, elle quittait le travail, s’il n’y avait pas d’empêchement, et accourait au pied de l’autel.

Détail qui met bien en lumière la gratitude de la jeune enfant pour son excellent curé, en même temps que sa dévotion pour le sacrifice de nos autels, toutes les fois que messire Front pouvait célébrer dans l’église de Domremy, Jeannette était là pour entendre sa messe.

Si bien que le bon curé s’en était aperçu et avait fait part de cette observation à un ecclésiastique de ses amis. Celui-ci ajoutait que si la fille de Jacques d’Arc avait eu de l’argent, elle l’aurait donné volontiers à son curé pour dire des messes. Sans doute que la pieuse enfant exprima plus d’une fois le regret de n’être pas plus fortunée, et de ne pouvoir, faute d’argent, suivre les inspirations et les désirs de son cœur.

Jeanne d’Arc en prière à la Chapelle des Voûtes de Vaucouleurs.

Puisque nous parlons de l’attachement que Jeannette portait à son pasteur, en reconnaissance des bontés et des soins dont elle était l’objet de sa part, rappelons cet autre détail : elle avait en lui une confiance si entière, et elle tenait tant à ne lui faire aucune sorte de peine, que, s’il était empêché, elle ne se confessait à un autre prêtre qu’après lui en avoir demandé et en avoir obtenu la permission.

Lorsque l’église de Domremy et une partie du village eurent été incendiés par des coureurs bourguignons. Jeannette resta quelque temps privée de ces consolations religieuses. Il lui fallut renoncer à entendre la messe de son curé à Domremy même. Elle se dédommageait en allant, les jours de dimanche et de fête, l’entendre en l’église de Greux.

La dévotion de la petite Jeanne au saint sacrifice de la messe avait comme complément un empressement égal à visiter notre divin Sauveur dans le sacrement de l’autel et à recevoir, aussi souvent que son confesseur le lui permettait, la sainte communion. Tandis que ses compagnes se divertissaient à des rondes ou autres jeux, la pieuse enfant mettait sa joie à se rendre et à prier au pied du tabernacle. Elle éprouvait une douceur infinie à l’adorer du plus profond de son âme et à s’abandonner sans réserve à sa volonté.

Et si elle mettait une sainte avidité à s’asseoir à la table eucharistique, à s’y nourrir du pain des anges, c’est que, au sortir de ce festin, elle se sentait plus ardente au bien, plus imprégnée de pureté, plus allégée de dévouement.

La première communion de Jeanne d’Arc.

Ces habitudes religieuses, Jeanne d’Arc les entretint si bien pendant son adolescence, qu’elle y demeura fidèle toute sa vie et les porta jusqu’au milieu des camps. « Je l’ai vue plusieurs fois, disait l’un des deux gentilshommes qui l’accompagnèrent à Chinon ; je l’ai vue soit à Vaucouleurs, soit à la guerre, se confesser — ce qu’elle a eu fait jusqu’à deux fois par semaine — et recevoir l’Eucharistie. »

A Orléans, le matin de l’assaut des Tourelles, « a elle ouyt messe, se confessa et reçeut en moult grande dévotion le précieux, corps de Jésus-Christ ».

Jeanne d’Arc communiant avant la bataille.

En campagne, le chapelain de la Pucelle, frère Pasquerel, lui « chantera » chaque jour la messe : ce sera pour Jeanne comme un ressouvenir de son cher Domremy. Avant de courir sus aux Anglais, elle se munira de la sainte communion. Un chevalier racontera l’avoir vue, à Senlis, communier deux jours de suite en noble et haute compagnie, avec deux princes de sang- royal, le comte de Glermont et le duc d’Alençon.

« Quand elle allait par le païs, et venait aux bonnes villes, elle ne manquait pas de recevoir les sacrements de confession et de l’autel. »

Jeanne d’Arc communie à Compiègne.

L’une des privations dont la Pucelle souffrit le plus, pendant sa captivité de Rouen, fut de ne pouvoir entendre la messe. Dès la première séance du procès, elle avait requis de ses juges qu’ils lui en accordassent la permission ; plusieurs fois, durant le cours des interrogatoires, elle réitéra sa requête, souvent dans les termes les plus touchants. Jamais l’évêque de Beauvais ne voulut y consentir. Il permit qu’on lui portât la sainte communion le matin de son supplice ; mais aucun des nombreux témoignages recueillis sur les incidents de cette journée ne donne à entendre que le saint sacrifice ait été célébré, même ce jour-là, en présence de l’infortunée jeune fille, et qu’elle y ait assisté.

Ne pouvant amener ses juges à lui permettre d’entendre la messe et communier, la captive obtint quelque temps, du prêtre qui la conduisait de la prison à l’audience, un dédommagement inespéré. Moins impitoyable que le tribunal, Jean Massieu permit à Jeanne de s’arrêter dans la chapelle du château et d’y adorer, au pied du tabernacle, le Sauveur qu’elle ne pouvait recevoir sacramentellement. Un jour, cependant, la porte de la chapelle ne s’ouvrit pas : le promoteur d’Estivet avait remarqué la condescendance de Massieu et la lui avait brutalement reprochée. Massieu n’osant plus s’arrêter, la prisonnière, qui ne savait pas pourquoi, lui demandait, devant la porte de la chapelle : « Est-ce que le corps de Jésus-Christ n’y est pas ? »

Et quelle foi ardente, quelle énergie de conviction, quelle tendresse d’âme Jeanne apportait dans ses actes de religion et de piété ! « Toutes les fois qu’elle se confessait, elle fondait en larmes », rapportait son aumônier, l’excellent frère Pasquerel. Au témoignage du duc d’Alençon, « elle ne pouvait voir le corps du Sauveur sans être profondément émue et sans répandre des larmes abondantes ».

A Orléans, un chanoine de l’église Saint-Aignan, Pierre Compaing, la vit, lui aussi, « au moment de l’élévation, pleurer à chaudes larmes ».

Jeanne d’Arc communiant avant son martyre.

La petite église de Domremy fut certainement, plus d’une fois, témoin de ces pleurs que faisait jaillir des paupières de la jeune fille la confession de ses fautes et la vue de l’hostie consacrée. Ce n’est point dans le cours de ses faits de guerre et sous l’influence du milieu qu’elle y rencontrait que la Pucelle en était venue à ce degré de sensibilité religieuse ; un pareil état d’âme tenait à des habitudes datant de plus loin. Si le vénérable curé de Domremy, messire Guillaume Front, avait pu comparaître devant la Commission pontificale de 1456, il eût vraisemblablement déclaré avoir vu couler les larmes de sa jeune paroissienne dans les mêmes circonstances et aussi souvent que frère Pasquerel et le duc d’Alençon.

Extrait de : Histoire Complète de la Bienheureuse Jeanne D’Arc, Nouvelle Édition, Tome 1, par Philippe-Hector Dunand. 1912.

La maison natale de Jeanne d’Arc et l’église de Domremy après la seconde guerre mondiale (images noir et blanc) et des vues prises en décembre 2020.

Les Septante Paroles de Jeanne d’Arc, Recueillies et Commentées par M. l’Abbé Le Nordez – 9ème et 10ème Paroles

Image pieuse bienheureuse Jeanne d'Arc

Image pieuse Bienheureuse Jeanne d’Arc. 1909.

IX

« À Dieu ne plaise que je fasse ou aie fait œuvre qui charge mon âme. »

J’oserais dire que Jeanne est peintre. Elle excelle à dire les choses en un mot, et ce mot est si expressif qu’il devient comme une image exacte et pleine de coloris.

A ses yeux le péché « charge » l’âme. La pensée n’est pas nouvelle, assurément : on a cent et cent fois parlé du poids du péché et du fardeau de nos iniquités. Mais Jeanne le dit avec un tour de phrase si vif et si simple que l’image devient plus sensible et la comparaison plus frappante.

On voit aussi combien elle sentait fortement le prix de la paix de l’âme et la douceur de cette liberté d’un cœur dont les ailes sont légères. Beaucoup n’apprécient point le bienfait de cette paix et de cette liberté. Les sens seuls nous parlent, et voilà pourquoi pendant que les difformités corporelles nous font horreur, celle de l’âme ne nous touche guère. Il faudrait que nous tachions de nous élever jusqu’à l’intelligence de cette chose, admirable plus que tout ce que l’on admire et qui s’appelle une belle âme.

On peut commencer de la comprendre en voyant quel reflet suave et beau l’âme met sur la physionomie de l’homme de bien, du sage et du penseur. Quel charme ne jettent pas sur le front d’un homme une pensée élevée, un beau sentiment ! Or, dit Platon, c’est l’âme qui façonne ainsi les traits, corpus informat anima. Quelle beauté doit être la sienne, quand le pâle reflet qui s’en échappe est déjà si touchant !Une mère devrait s’appliquer à développer en elle ce culte de la beauté des âmes. Elle en estimerait à plus haut prix l’éducation puisque c’est par elle, suivant qu’elle est bonne ou mauvaise, que l’âme d’un enfant s’embellit ou devient laide.

Ah ! si les mères y songeaient davantage ! Si, le regard attaché sur l’idéal d’une âme absolument belle, elles s’appliquaient, dans une touche délicate, à façonner celle de leur enfant conformément à ce modèle, quelles œuvres admirables elles nous offriraient ! Heureuses les femmes Chrétiennes, heureuses sont-elles mille fois à l’envi de celles qui ne croient pas ! Notre maître Jésus-Christ a placé sous leurs yeux ce modèle parfait, cet idéal achevé de l’homme à tous les âges. Elles n’ont qu’à le regarder pour le voir. Et quand leurs mains aimantes et bénies essayent de pétrir,comme une copie fidèle et conformément à ce modèle, les âmes que Dieu leur a confiées, la religion leur assure mille ressources admirables qui rendent moins aride et plus féconde par elles cette tâche dont on a si bien dit qu’elle est « l’art des arts » : L’art des arts, c’est de régir les âmes (Gerson).

Statue de Jeanne d'Arc par Jules Déchin

Jeanne d’Arc par Jules Déchin.

X

« Je ne crois pas qu’on ne peut trop nettoyer sa conscience. »

Jeanne n’était pas scrupuleuse. Son esprit net et ferme ne se prêtait point à ce mal dont quelques âmes faibles ou éprouvées par la permission de Dieu souffrent parfois si grand dommage. Mais elle avait ce dont le scrupule est l’excès, à savoir une délicatesse parfaite de conscience.

Toujours pratique et concluante dans ses convictions comme dans les sentiments mêmes de son cœur, elle ne s’en remettait pas à elle-même du soin de juger la netteté de son âme, et il est visible que quand elle parle de « nettoyer sa conscience », sa pensée se porte vers le sacrement que la religion nous offre à cet effet. — La confession ne sera jamais faite pour procurer l’agrément de ceux qui en usent. La nature même de cette institution explique, — sans les justifier, — les attaques dont elle a toujours été l’objet. Ces attaques,si naturelles qu’elles soient, n’en atténuent pas la haute sagesse et la parfaite utilité.

Il suffit d’avoir étudié l’homme quelque temps, pour comprendre combien il lui est malaisé de se connaître lui-même et de se juger sainement. L’aveu en est devenu proverbial et tous reconnaissent que nous sommes mauvais juges en notre propre cause. — « Le roi est la fable de l’Europe, dit Pascal, lui seul n’en sait rien. » Quel progrès aura été réalisé le jour où les rois seuls seront sujets à cette ignorance ! En attendant, c’est un mal qui nous travaille tous, et quoique Bossuet ait pu dire que «la science la plus nécessaire à la vie humaine, c’est de se connaître soi-même », et que saint Augustin ait dit avant lui « qu’il vaut mieux savoir ses défauts que de pénétrer tous les secrets des États ou des Empires, et de savoir démêler toutes les énigmes de la nature », il n’en demeure pas moins que bien peu d’hommes se font d’eux mêmes une idée juste.

La confession n’eût-elle pour fruit que de nous soumettre au jugement d’un homme qui nous connaît, qu’elle mériterait notre estime. Elle est la meilleure garantie de la pureté de la conscience et la garde la plus assurée contre l’illusion. Une mère se montrera donc sage en habituant son enfant à recourir au bienfait de ce sacrement, non pas seulement pour obéir à la loi de l’Église, mais pour y chercher encore cette lumière intérieure qui nous fait nous connaître.

Extrait de : Les Septante Paroles de Jeanne d’Arc, Recueillies et Commentées par M. l’Abbé Le Nordez. Publié en 1899.

Les Septante Paroles de Jeanne d’Arc, Recueillies et Commentées par M. l’Abbé Le Nordez – 7ème et 8ème Paroles

Sainte Jeanne d'Arc avec armure et étendard

Sainte Jeanne d’Arc priez pour nous et sauvez la France.

VII

« Je n’ai demandé à mes voix d’autre récompense finale que le Salut de mon âme. »

Il y avait longtemps que Jeanne pensait ainsi. Au milieu de toutes ses épreuves, soit dans la paix, soit dans la guerre, sauver son âme était son but dernier.

En ces temps, les pensées d’en haut avaient dans les esprits une place qui a beaucoup diminué. Dans toutes les classes de la société, les enseignements de la Foi exerçaient sur les âmes une influence maîtresse. Elles étaient l’essence même des convictions, le dernier mot des principes, et si, dans le détail, on s’écartait trop souvent des règles de la morale chrétienne, encore est-il que la vie de tous offrait un caractère général de christianisme.

Souvent, dans la manière dont les fautes étaient commises, on trouvait je ne sais quelles réserves qui montrent bien que ceux qui les commettaient ne se soustrayaient pas entièrement à l’influence des idées religieuses.

Au moins le remords venait-il bientôt établir que, si les passions avaient un instant entraîné le cœur, une fois le calme revenu la religion reprenait en partie ses droits. Elle rentrait dans l’âme, comme un maître momentanément dépossédé rentre en son domaine par la force même du droit et des coutumes.

— Nous n’en sommes plus là. Nul esprit impartial et réfléchi ne sera tenté de s’en réjouir. Il est visible qu’une société ne peut que perdre beaucoup à cette diminution de la vivacité des croyances en ceux qui la composent.

Le jour où les hommes, oubliant leur destinée immortelle, ne s’attachent alors qu’aux choses du temps et ne travail lent plus que pour acquérir ce qui passe au lieu de ce qui demeure, les caractères s’affaiblissent : c’est qu’ils ont perdu un de leurs plus solides sou- tiens. La vie se rétrécit dans la mesure où diminue le but même qui l’inspire et l’anime.

— Une mère de famille doit veiller à ne laisser point s’éteindre dans l’âme de ses enfants le flambeau de la vie présente, cette lumière qui vient d’en haut et jette sur notre existence d’ici-bas un jour si fort et si salutaire. Beaucoup de mères n’ont plus la sage pensée d’agir ainsi. Les grandes vérités, les mots d’éternité et de salut de l’âme ont à leurs yeux je ne sais quelle tristesse importune. Elles tâchent de n’y songer jamais et jugent inopportun d’y faire penser leurs enfants. Quelle force cependant elles leur assureraient et quelles garanties contre l’avenir, en leur inculquant profondément ne fût-ce que ce seul principe, cette seule parole de Jeanne d’Arc : « Je n’ai demandé d’autre récompense finale que le salut de mon âme ! »

Statue de Jeanne d'Arc par Vézien ossuaire de Douaumont

Jeanne d’Arc par Élie-Jean Vézien, Ossuaire de Douaumont (Meuse).

VIII

« Savez-vous être en la grâce de Dieu ? », lui demanda un de ses juges. — « Si je n’y suis, Dieu m’y mette ; si j’y suis Dieu m’y garde. Je serais la plus dolente [malheureuse] du monde si je savais ne pas être en la grâce de Dieu. »

Le souci élevé du salut de son âme produisait naturellement en Jeanne une exquise délicatesse de conscience. Aussi ses juges ne purent, par ce côté, hasarder contre elle la moindre accusation.

Leur perversité toutefois tenta de la surprendre en ses paroles en se faisant contre elle une arme de son innocence même.

— « Savez-vous être en la grâce de Dieu ? » lui demandent-ils. — Le piège était habilement dressé. Si Jeanne répond qu’elle se sait en la grâce de Dieu, on l’accusera de présomption. Si son humilité lui fait déclarer le contraire, elle s’avoue coupable et justifie d’avance les accusations dont on l’accable.

Jeanne fit preuve, en la circonstance, de cette vivacité d’esprit qu’elle possédait à un si haut degré et qui tant de fois mit en déroute les ruses de ses ennemis. — « Si je n’y suis, Dieu m’y mette ; si j’y suis, Dieu m’y garde ! » — C’était remettre sa cause et son jugement entre les mains de Celui qui seul est « le juste Juge ».

Puis elle ajoute ce touchant propos : « Je serais la plus dolente du monde, si je savais ne pas être en la grâce de Dieu. » — « Je serais la plus dolente du monde. » Jeanne a toujours un tour de phrase à elle propre ; et elle dit à sa seule manière ce qui est dans l’esprit de beaucoup d’autres.

« Je serais la plus dolente, » expression touchante de la délicatesse de cette conscience angélique. Quand la vue du bûcher lui fera peur, elle dira la grande douleur qu’elle ressent des « torts et engravances qu’on lui fait ». Mais avec cela, ce qui lui ferait le plus grand mal et la rendrait « la plus dolente du monde », ce serait d’avoir offensé Dieu.

Heureuse la jeune fille qui s’inspire des mêmes sentiments ; heureuses les familles, heureuses les sociétés où les âmes subissent encore le charme mystérieux de la beauté d’une âme pure et s’attristent de tristesse grande, et sont « dolentes » plus que de toute chose de ne se point sentir « en la grâce de Dieu » !

Rien ne vaut cela pour le bien et la dignité de la vie, rien n’y supplée. En vain ceux qui conduisent les hommes demandent-ils aux lois l’efficace répression des crimes : ils n’ont fait que bien peu de chose, si les cœurs ne sont atteints par le regard de Dieu même, auquel rien n’échappe.

Extrait de : Les Septante Paroles de Jeanne d’Arc, Recueillies et Commentées par M. l’Abbé Le Nordez. Publié en 1899.

Recueil d’Exemples du Catéchisme de l’Abbé Spirago : Démosthène

Les adversaires de la Foi.

III. Beaucoup d’hommes sont indifférents pour la religion parce qu’ils n’ont d’intérêt que pour les jouissances terrestres.

Statue de Démosthène musée Vatican Rome
Statue de Démosthène. Musée du Vatican, Rome.

Une fable racontée par Démosthène. — Cet illustre orateur parlait un jour devant une grande assemblée du salut de la patrie. Malgré son enthousiasme, il ne parvint pas à attirer l’attention de ses auditeurs, dont les uns bâillaient, tandis que d’autres tenaient des conversations particulières ; il laissa donc son sujet pour raconter une histoire sur l’ombre de l’âne. Aussitôt le silence se fit profond, les auditeurs dressèrent l’oreille, comme si le bonheur de chacun dépendait de cette fable. — C’est, hélas ! la conduite de beaucoup de chrétiens : sans intérêt pour les choses sérieuses qui regardent leur bonheur éternel, ils ne s’occupent ni du sermon ni des bons livres ; par contre ils témoignent le plus grand intérêt à des distractions et à des plaisirs passagers, à des choses vaines, à des nouvelles, des jeux d’esprit, etc. Quelle folie de négliger la chose principale et d’attacher de l’importance à des affaires futiles !

Extrait de : Recueil d’Exemples Appliqués au Catéchisme Populaire, par l’Abbé François Spirago, 3ème édition.