La Dévotion Au Sacré-Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ (5)

Doux Cœur de Jésus soyez mon Amour

Doux Cœur de Jésus soyez mon Amour ! (300 jours d’ind.).
Image N°1097 de la Maison Bouasse-Lebel, Paris

Les Amabilités qui se trouvent en la Personne de Jésus-Christ.

On ne peut s’appliquer à connaître Jésus-Christ, sans trouver en lui tout ce qu’il y a d’aimable dans les créatures, soit raisonnables, soit privées de raison. Chacun a son attrait pour aimer, les uns sont plus touchés d’une grande beauté, les autres d’une grande douceur ; une probité indulgente, une grande élévation jointe à une grande modestie sont pour quelques-uns des charmes auxquels ils ne peuvent résister. On en voit qui se laissent engager par les vertus qui leur manquent, parce qu’elles leur paraissent plus admirables que celles qu’ils ont. Quelques autres sont plus sensibles aux qualités qui ont plus de rapports avec leurs propres inclinations ; les belles qualités, les véritables vertus se font aimer de tout le monde. Mais s’il y avait sur la terre une Personne, dit un grand Serviteur de Dieu, en qui toutes les raisons d’aimer fussent réunies, qui pourrait lui refuser son amour ? Or, tout le monde convient que tout cela se trouve réuni excellemment dans la Personne adorable de Jésus-Christ, et cependant Jésus-Christ n’est aimé que de très peu de gens.

La beauté la plus éclatante, dit le Prophète, n’est qu’une fleur sèche en comparaison de celle de ce divin Sauveur ; il me semblait, dit sainte Thérèse, que le Soleil ne versait plus sur la terre que de pâles ombres, dès que j’eus vu dans une extase quelques rayons de la beauté de Jésus-Christ. Les créatures les plus parfaites dans ce monde sont celles qui ont le moins de défauts ; les plus belles qualités dans les hommes sont accompagnées de tant d’imperfections que, tandis que celles-là nous attirent d’un côté, celles-ci nous rebutent de l’autre. Jésus-Christ seul est souverainement parfait, tout est en lui également aimable, et on ne trouve rien en lui qui ne doive attirer tous les cœurs. C’est en lui que nous trouvons tous les avantages de la nature, toutes les richesses de la grâce et de la gloire, toutes les perfections de la divinité assemblées. On n’y découvre que des abîmes et comme des espaces immenses et une étendue infinie de grandeurs. Enfin cet Homme-Dieu qui nous aime si tendrement et que les hommes aiment si peu, est l’objet de l’amour, des hommages, des adorations et des louanges de toute la Cour céleste.

C’est lui qui a l’autorité souveraine de juger les Hommes et les Anges. Le sort et le bonheur éternel de toutes les créatures est entre ses mains. Son domaine s’étend sur toute la nature. Tous les Esprits tremblent en sa présence, ils sont obligés de l’adorer ou par une soumission volontaire d’amour, ou par la souffrance forcée des effets de sa justice. Il règne absolument dans l’ordre de la grâce et dans l’état de la gloire, et tout le monde visible et invisible est sous ses pieds. Est-ce là, Hommes insensibles, est-ce là un objet digne de vos hommages ? Et cet Homme-Dieu avec tous ses titres et toute la gloire qu’il possède, nous aimant jusqu’au point qu’il nous aime, ne mérite-t-il pas que nous l’aimions ?

Image Sacré-Cœur de Jésus peinte

Cœur Sacré de Jésus que votre règne arrive !

Mais ce qui paraît encore plus aimable en ce divin Sauveur, c’est qu’il joint toutes ces qualités éclatantes, tous ces titres magnifiques, cette élévation sublime, à une douceur aussi grande et à une tendresse pour nous qui va jusqu’à l’excès. Sa douceur est si aimable qu’elle a charmé ses plus mortels ennemis. Il a été mené, dit le Prophète, comme une brebis à la boucherie, et il n’a point ouvert sa bouche non plus qu’un agneau qui demeure muet devant celui qui le tond. Il se compare lui-même tantôt à un Père qui ne peut pas contenir sa joie au retour d’un fils débauché, tantôt à un Pasteur, qui ayant trouvé une brebis qui s’était égarée, la met sur ses épaules et appelle ses amis et ses voisins pour se réjouir avec lui, parce qu’il a retrouvé sa brebis. Personne ne vous a-t-il condamnée ? dit-il à la femme adultère. Je ne vous condamnerai pas non plus : allez et ne péchez plus à l’avenir. Il n’use pas d’une moindre douceur à notre égard encore tous les jours. Il est étrange combien de mesure il faut garder dans le monde pour ne pas choquer un ami. Les hommes sont d’une si grande délicatesse qu’il ne faut souvent qu’une mauvaise humeur pour faire oublier les quinze ans de services, et un seul mot dit mal à propos rompt quelquefois la plus grande amitié.

Il n’en est pas de même avec Jésus-Christ. La chose paraît incroyable, mais il est vrai toutefois qu’on en a meilleur compte que du plus reconnaissant de nos amis. Il ne faut point s’imaginer qu’il soit capable de rompre avec nous pour la plus légère ingratitude. Il voit toutes nos infidélités, il connaît toutes nos faiblesses, et il souffre avec une bonté incroyable toutes les misères de ceux qu’il aime. Il les oublie, il fait semblant de ne pas les apercevoir. Sa compassion va jusqu’à consoler lui-même les âmes qui en sont trop affligées ; il ne veut point que la crainte qu’on a de lui déplaire aille jusqu’à nous troubler, jusqu’à nous gêner l’esprit. Il souhaite qu’on évite les moindres fautes, mais il ne veut pas qu’on s’inquiète même des grandes ; il prétend que la joie, la liberté et la paix du cœur soient le partage éternel de ceux qui l’aiment véritablement.

Il ne faut que la moindre de ces qualités dans un Grand du monde pour lui gagner le cœur de tous ses sujets. Le seul récit de quelques-unes de ces vertus dans un Prince qu’on n’a jamais vu, qu’on ne verra jamais, fait impression sur notre cœur, et le fait aimer des étrangers mêmes. Jésus-Christ est le seul en qui toutes ces belles qualités, toutes ces vertus, et tout ce qu’on peut s’imaginer de grand, d’excellent et d’aimable se trouve réuni, et faut-il que tant de raisons d’aimer ne puissent pas nous faire aimer véritablement Jésus-Christ ? Il faut souvent si peu de chose dans le monde pour gagner notre cœur ; nous le donnons, ce cœur, nous le prodiguons en tant d’occasions pour si peu de chose ; vous seul, Seigneur, vous seul ne pouvez y avoir de part.

Peut-on faire quelques réflexions sur ces choses et ne point aimer ardemment Jésus-Christ, et n’avoir pas du moins un regret sensible de ce qu’on l’aime si peu ? En vérité, nous lui devons notre cœur par beaucoup de titres ; et peut-on le lui refuser ce cœur, si l’on ajoute à tous ces titres les bienfaits immenses dont il nous a prévenus, et l’ardeur et la tendresse extrêmes avec lesquelles il nous a aimés et nous aime encore, ne cessant aucun jour de nous donner des preuves éclatantes de l’amour immense qu’il a pour nous ?

Extrait de : La Dévotion au Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par le Père Jean Croiset (S.J.). 1895 (d’après l’édition définitive de 1694).

Règne de Saint Louis, Règne de Dieu par la Charité

Amour de Saint Louis pour les pauvres aumônes

Amour de Saint Louis pour les pauvres, ses aumônes, ses fondations.
Monastère de la Trappe (Chocolaterie de N.D. d’Aiguebelle).

Jésus-Christ a dit : « Bienheureux ceux qui sont miséricordieux ! Bienheureux ceux qui sont doux ! » Et le prophète royal a chanté : « Souvenez-vous, Seigneur, de votre serviteur David et de toute sa mansuétude ». Mes Frères, saint Louis peut être offert à tous les siècles comme la plus parfaite expression de la véritable royauté chrétienne, de là royauté selon l’Évangile.

Le roi chrétien ne s’appartient pas à lui-même, il appartient à son peuple. Pour lui, gouverner, c’est servir ; régner, c’est répandre des bienfaits. Il donne, il donne toujours, et ne songe point à lui-même. C’est par cette bonté, c’est par cette libéralité qu’il est sur la terre l’image vivante du Père céleste.

Ah ! mille fois heureuse la nation gouvernée par un chrétien tel que Louis ! Quel sentiment exquis de respect, d’amour pour l’humanité, et surtout pour l’humanité souffrante ! Louis servait souvent de ses mains royales une foule de pauvres assis à sa table ; à l’exemple de Jésus, il leur lavait les pieds ; il se plaisait à soulager leurs plus hideuses infirmités, et il leur continuait même son amour par-delà cette vie. « J’ai grand’pitié des pauvres hommes occis, disait-il à son ami le sénéchal ; car je vois que nul n’est pour les morts, et que tous veulent être pour les vivants. »

Qu’ils sont beaux les pas du monarque qui parcourt ses États, visitant les plus humbles villages pour rechercher et secourir l’indigence ! « Les pauvres, disait cet enfant de l’Évangile, ce sont les soldats et les défenseurs de mon royaume ; il faut bien que je les paye à proportion de leurs services.» Plein de sollicitude pour ceux qu’il appelle les nourriciers de la patrie, il veille avec amour sur le sort de cette classe laborieuse qui féconde le sol par ses sueurs ; et, chose incroyable, il se charge de nourrir dans leur vieillesse tous les pauvres laboureurs de la France.

Par ses libéralités et par la toute-puissance de ses exemples, le royaume se couvre de charitables institutions. Chaque cité aura désormais son Hôtel-Dieu. Les siècles de refroidissement et d’égoïsme ne tarderont pas à venir. Le saint monarque y a pourvu. Ah ! que toutes les infortunes bénissent le souvenir de Louis ! Car, c’est du siècle de saint Louis que date en grande partie, parmi nous, le patrimoine attribué encore aujourd’hui au soulagement du malheur.

Mais ici encore, ô saint roi, votre vertu est une saine politique. « Malheur, a dit l’Esprit-Saint, malheur aux pasteurs qui se paissent eux-mêmes ! » Malheur au prince mercenaire qui trafique de son peuple et qui ne songe qu’à s’enrichir ! Il ne possédera jamais le seul trésor désirable pour un roi, l’estime et l’amour de ses sujets ; il sera en butte au mépris, et peut-être aux réactions violentes de son peuple.

Vous, ô Louis, vous recueillez en amour ce que vous semez en bienfaits ; et vous avez assuré à la couronne de France le plus précieux de tous les tributs et de tous les apanages, ce sentiment inconnu des autres peuples, cet amour filial de leurs maîtres qui éclatera désormais parmi les Français, qui pourra s’éclipser quelquefois, mais qui ne s’éteindra qu’avec la nation elle-même, ou avec la race de saint Louis. Heureux ceux qui exercent la miséricorde et la douceur, car ils subjugueront les cœurs et s’assureront ainsi l’empire de la terre !

Extrait de : Panégyrique de S. Louis, prêché dans la Cathédrale de Blois, par le Cardinal Louis-Édouard Pie. 1848.

Jeanne d’Arc Est Grande Par Son Amour de Dieu et de la France

Jeanne d'Arc sauvez la France protégez nos soldats

Carte postale,avec petite médaille et ruban tricolore. Éditions Avé Maria, Paris. Époque première guerre mondiale.

Bienheureuse Jeanne d’Arc
Sauvez la France, Protégez nos soldats.


Le secret de la victoire :
« Je n’avais d’autre secret que la confiance en Dieu, le mépris du danger et
l’amour de la France. »

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La vraie religion, celle que l’Évangile a fait connaître au monde, c’est l’amour de Dieu et du prochain. La piété chrétienne a pour caractéristique non seulement de faire pratiquer ces deux amours, mais d’en inspirer comme le besoin : l’âme vraiment pieuse est altérée de ces vertus, comme les fleurs le sont de chaleur et de lumière.

Ainsi en a-t-il été de la fille de Jacques d’Arc ; ainsi nous l’ont dépeinte les témoins de l’enquête de 1456, témoins qui sont tous ses compatriotes, ses compagnons ou ses amis de jeunesse. L’amour de Dieu et du prochain, tel que le divin Maître l’a enseigné, tel que les saints l’ont pratiqué, l’amour de Dieu créateur, de Dieu rédempteur, de Dieu récompense éternelle des élus, l’amour des pauvres, des enfants, des malheureux, et au-dessus de cet amour celui de la France si malheureuse, si délaissée, voilà les sentiments qui vont remplir le cœur de Jeannette et le faire palpiter ; les sentiments qui grandiront avec elle, s’épanouiront en elle et constitueront sa véritable vie.

Disons-le à la première page de son histoire, comme nous le dirons à la dernière : ce sont ces deux amours, celui de son Dieu et celui de son pays, qui feront Jeanne si grande ; ce sont ces deux amours qui donneront pour couronnement à la plus belle des vies la plus sublime des morts, la mort du martyre dans les flammes d’un bûcher.

Demander ce que l’amour de Dieu était pour Jeanne enfant et ce qu’il sera pour Jeanne jeune fille, c’est demander ce qu’est l’air, ce qu’est la lumière, ce qu’est l’espace pour l’oiseau. La vierge de Domremy vivait de cet amour, comme l’oiseau, aigle ou mésange, vit d’espace, d’air et de lumière. « Jeanne, disait François Garivel, conseiller général du Roi, était une bergerette aimant Dieu par dessus tout. »

La jeune vierge était remplie à ce point de l’amour de son Créateur, qu’il débordait de son âme et que l’ardeur s’en communiquait aux gens avec qui elle se trouvait. « J’avais foi en elle, disait Jean de Metz, son compagnon de route de Vaucouleurs à Chinon ; j’étais enflammé par ses paroles, ainsi que par l’amour de Dieu qu’elle respirait. »

Admonestée à Rouen par l’archidiacre Jean de Châtillon, la Pucelle lui dira : « Lisez votre livre, puis je vous répondrai. Je me confie de tout à Dieu mon créateur : je l’aime de tout mon cœur. » […]

On a pu voir quelle piété saine, quelle conscience droite Jeannette apportait à l’accomplissement de tous ses devoirs. Mais un autre sentiment que l’amour de sa tâche quotidienne faisait battre son cœur, l’amour de la France et de son roi. En même temps que la chrétienne et la fillette laborieuse, ardente au travail, se formait la patriote et la Française si digne d’être admirée.

En ce quinzième siècle, la foi patriotique dont les vrais Français portaient en eux la flamme était non seulement étroitement liée à leur foi religieuse, mais elle procédait d’elle comme l’effet procède de la cause. L’idée chrétienne avait créé un culte véritable pour la patrie personnifiée dans le roi, comme elle avait créé le culte de Dieu, de l’Église et des saints. Le trône avait pour sauvegarde l’autel, mais il était placé au-dessous.[…]

Pour Jeanne d’Arc, le royaume de France, c’est « le saint royaume ». Ainsi le qualifiera-t-elle dans sa lettre aux habitants de Troyes ; — le royaume même de « Jésus, Roi du Ciel et de toute la Terre». — Ainsi s’exprimera-t-elle dans sa lettre au duc de Bourgogne, à l’occasion du sacre ; — le royaume « de Dieu, le fils de Sainte Marie », comme le portera sa lettre aux Anglais.[…]

Des trois choses que la Vierge de Domremy demandera à ses Saintes, deux regardent ce cher pays de France et son souverain ; la troisième seulement la regarde elle-même. « J’ai demandé à mes Voix trois choses, dit-elle : la première, le succès de mon expédition (la levée du siège d’Orléans et le sacre de Reims) ; — la deuxième, que Dieu aide bien aux Français et garde bien les villes de leur obéissance ; — la troisième, le salut de mon âme.»

Extrait de : Histoire Complète de la Bienheureuse Jeanne D’Arc, Nouvelle Édition, Tome 1, par Philippe-Hector Dunand, 1912.

Règne Social du Christ : Dans La Famille

Image récitation du chapelet en famille piété

La récitation du chapelet en famille.

Organisation Naturelle et Divine de la Famille.

Selon le plan divin, révélé par la création comme par la nature, l’homme est le chef de la famille (Genèse, c. 2, v. 21). Il doit y maintenir l’unité, la concorde, plutôt par la vivacité de son affection que par la supériorité de sa force ; il a la primauté d’intelligence et de puissance, par conséquent, le devoir d’éclairer et de protéger les autres membres de la famille. La mère, subordonnée au père, possède la puissance du cœur et de la beauté, la puissance de la faiblesse, c’est-à-dire la puissance de médiation. De ces deux caractères naturels découle la double série des droits et des devoirs qui unissent les deux êtres dans un même et unique lien de tendresse et de dévouement, tous les jours de la vie, de telle sorte que les deux existences n’en font qu’une seule, Et erunt duo in carne unâ [Ils seront deux dans une seule chair ]. Cette profonde parole exprime avec une énergie divine le dogme de l’unité, de l’indissolubilité des liens matrimoniaux, et résume tous les devoirs, tout le bonheur de la vie conjugale dans le mot Union. Après avoir ainsi établi la sainte corrélation entre l’homme et la femme, Dieu les bénit tous deux et leur dit : Croissez et multipliez-vous (Genèse, c. 2). Voilà donc un troisième élément introduit dans la société domestique : l’enfant. L’enfant est le membre naturel de la famille et y apporte un lien nouveau qui, d’une part, unit plus intimement encore le père et la mère entre eux, de l’autre, établit une nouvelle série de droits et de devoirs entre les parents et le fruit de leur union. L’enfant, dépendant naturellement du père et de la mère, tient d’eux la vie et tout ce qui soutient et développe son existence dans l’ordre physique et moral ; ainsi, en retour des devoirs qui incombent aux parents, ils acquièrent des droits éternels sur leur enfant, qui les reconnaît par des sentiments, d’amour, de respect, d’obéissance et de gratitude.

Jésus-Christ bénit les familles chrétiennes gravure d'Azambre

Jésus-Christ bénit les familles Chrétiennes.
Gravure d’Étienne Azambre (1859-1933).

De l’histoire de la création de la première famille, rapportée dans la Genèse, saint Augustin et saint Thomas, les plus sublimes génies du Catholicisme, tirent les réflexions suivantes : « L’homme fut d’abord créé seul, dit le penseur d’Hippone, mais il ne fut pas abandonné dans son isolement, car rien n’est plus réellement sociable que la race humaine. Dieu voulut créer l’homme à l’état d’unité, d’où sortirait toute notre espèce, afin de nous rappeler que, quelque multipliés que nous puissions être, nous ne devons former, dans cette multitude, qu’une unité harmonieuse. La femme d’Adam ne fut pas créée comme lui ; elle sortit de ses flancs ainsi que le reste des mortels, afin que l’unité de la société et le lien de la concorde nous devinssent plus chers, étant fondés, non-seulement sur la ressemblance d’une même nature, mais encore sur l’affection d’une même parenté. »

Prière du bénédicité en famille

Prière du bénédicité en famille.

Saint Thomas, citant ces paroles que saint Paul adresse aux juristes et aux philosophes d’Athènes, qui contestaient l’unité des races humaines : Fecit ex uno omne genus humanum [Il a fait naître d’un seul toute la race humaine], ajoute : « De même que Dieu est le principe unique de toute la création, de même Adam est l’unique générateur de l’humanité, parce qu’il a été fait pour une société durable, et que l’unité est un principe de durée. C’est pourquoi il tira la première femme, non de la tête de l’homme, afin qu’elle n’eût pas la domination, ni des pieds de l’homme, afin qu’elle ne devint pas un sujet de mépris, mais de la région du cœur, pour marquer que l’affection doit être le lien principal de la société. »

La prière du soir de la famille Chrétienne

« Voici la Famille que le Seigneur bénit ! » (Isaïe 61:9).

La famille, divinement constituée par les liens de la concorde et de l’unité, s’est modifiée, après le péché originel, sous le poids des passions. La femme fut assujettie à la puissance et à la domination de son mari : Sub viri potestate eris, et ipse dominabitur tui [Tu seras sous la puissance de ton mari, et il te dominera]. Les membres faibles de la famille, la femme et l’enfant, ont subi la loi de la force. Le paganisme, religion purement matérielle, a méconnu les doux noms de père, d’épouse et de fils, et brisé les liens tendres de la nature.

Extrait de : Règne Social du Christ, par l’Abbé Charles Bénard, 1866.