Le début de ce texte se trouve ICI.
Seigneur Jésus, nous Espérons en Vous. Que l’Amour Tout-Puissant de Votre Sacré-Cœur accorde la
victoire aux braves et nobles soldats de la France et de ses Alliés qui combattent pour une juste et sainte cause.
Le Drapeau National du Sacré-Cœur et Jeanne d’Arc
III. LE PROSÉLYTISME APOSTAT
Le plus grand de nos malheurs subsiste, et celui-ci peut hélas ! Empêcher la réparation des autres : c’est le prosélytisme apostat.
Car un grand nombre de Français, qui paraissent appeler de leurs vœux le Salut de la Patrie, ont fait naufrage dans la Foi. Ils ne sont pas les derniers à reconnaître le besoin d’une régénération sociale ; mais, sous le bandeau fatal de l’apostasie, ils ne voient pas que, semblable au char de Brahma, qui écrase sous ses roues pesantes la foule de ses adorateurs stupides, le char de l’athéisme écrase, dans sa marche révolutionnaire, les peuples qui se précipitent au-devant de lui pour demander la félicité sensuelle. Deux règnes de la terreur, à distance l’un de l’autre sur la voie de notre civilisation, allumant leurs fanaux sinistres au front du broyant véhicule, ont effrayé tous les yeux, excepté ceux que couvre l’épais bandeau de l’apostasie.
Les Philistins, autrefois, prirent l’arche de Dieu, et la transportèrent de la Pierre-du-Secours à Azot. Et ils mirent l’arche de Dieu, qu’ils avaient prise, dans le temple de Dagon, en face de l’idole. Et le lendemain, l’idole de Dagon était renversée à terre, devant l’arche du Seigneur. On releva Dagon, et on le remit en place. Mais le jour suivant, Dagon fut encore trouvé par terre, devant l’arche du Seigneur. Cette fois, la tête de l’idole et ses deux mains, détachées du tronc, étaient sur le seuil de la porte. On rajusta l’idole ; mais on trouva l’arche de Dieu gênante, et on la renvoya chez Israël.
Ainsi, parmi nous, des hommes ont deux fois mis la révolution en présence de l’autel. Une fois, la révolution avait la figure d’une prostituée, appelée Déesse Raison ; l’autre fois elle avait la figure d’une furie appelée la Commune. Chaque fois l’autel, violé par la révolution, a vu pourtant celle-ci renversée et mise en morceaux devant ses marches. Mais les adorateurs affolés de l’idole sont toujours venus en ramasser les tronçons et les refondre, pour reproduire le monstre.
Et voilà, disent-ils, le dieu de l’avenir !
Supposé ce fait accompli, que deviendrait l’humanité ? On recule devant cette pensée. Mais il y a des hommes qui s’en nourrissent, et qui font tout, et qui sont prêts à tout faire pour en procurer le triomphe.
Ils se déclarent libres-penseurs. Est-ce que la liberté de penser doit exclure la raison et la morale ? Soyez francs, ce que vous appelez la liberté de la pensée n’en est que le libertinage. Vous êtes passionnés, plutôt que raisonnables ; volontaires, autant que révolutionnaires. Il faut que vos idées passent, pénètrent partout, que vos desseins s’accomplissent irrésistiblement. Ce qui vous gêne, Vous le repoussez brutalement. Battus de raisons, vous criez à la réaction. Maintenus dans l’ordre, vous criez à la tyrannie. Dans les temps de troubles, vous poussez les pauvres gens aux barricades. S’il vous arrive un moment d’être les maîtres, vous emprisonnez, vous fusillez, vous brûlez.
Et vous vous dites libres-penseurs. Il y a là quelque chose de plus que des libres pensées. Il y a des actes de méchants citoyens. Vous voulez perdre l’Église : voilà le complot. Et vous ne voyez pas, vous ne voulez pas voir, que le vaisseau sombrant engloutirait avec lui l’équipage.
Les chrétiens aussi sont de libres-penseurs ; mais ils sont, clairvoyants, raisonnables, sensés.
Quand vous les appelez ignorants, vous savez bien que vous mentez. Si vous voulez raisonner contre eux, vous savez bien qu’ils vous battent. Lorsque vous opposez vos candidats aux leurs, vous savez bien que les plus posés ne sont pas les vôtres.
Les chrétiens n’ont pas de bandeau sur les yeux. Vous calomniez leur Foi quand vous la dites aveugle. Elle est raisonnée chez les prêtres, raisonnable chez les fidèles, sage chez les uns et chez les autres.
Ne sont-ce pas de fameux libres-penseurs que leurs évêques, leurs docteurs, leurs missionnaires ? Et ne partagent-elles pas merveilleusement cet apostolat de la libre pensée, voire même de la libre action, les religieuses de tant d’observances et les dames si nombreuses de la charité chrétienne ?
Comparez vos libres-penseurs aux nôtres, vos libres-penseuses aux nôtres. Ne battez pas la campagne pour quêter quelques pièces échappées de notre parc. Chassez dans le parc, vous y trouverez abondance et qualité : il y a quelques oisillons sans prix ; mais la plupart des têtes méritent le coup de fusil de la Roquette ou de la rue Haxo.
Pour vos libres-penseurs et vos libres-penseuses, je vous laisse le choix : présentez vos rosières et vos lauréats ; mais ayez la main heureuse.
Au temps du Christ, il y avait aussi dos libres-penseurs, qui, en jouant le rôle de patriotes, ont perdu leur nation. C’étaient les pharisiens et les sadducéens, gens vertueux et apostats. Leur vertu a crucifié Jésus, et leur apostasie a ruiné Jérusalem. Vous n’aimez pas l’entendre dire ; mais c’est de l’histoire : de la terrible histoire.
En ce temps-là on vit pleurer Jésus, et on l’entendit plaindre le sort de sa patrie avec des accents de douleur religieuse, les plus lamentables qui aient jamais retenti dans l’univers. « Jérusalem ! Jérusalem ! Toi, qui tues les prophètes qui te sont envoyés : ah ! Si tu pouvais, en ce jour du moins, qui t’est donné encore, comprendre et reconnaître ce qui est fait pour te procurer la paix. Mais ces choses sont cachées à tes yeux. Et des jours viendront où tes ennemis te circonviendront de leurs tranchées ; et ils te serreront et te presseront de toutes parts ; et ils te renverseront à terre, toi et tes enfants qu’il y aura dans ton enceinte ; et, ils ne laisseront pas chez toi pierre sur pierre ; parce que tu n’auras pas connu le temps de la visite salutaire. »
Voilà l’Homme contre lequel les patriotes apostats d’alors ont excité les passions du peuple, en le représentant comme ennemi de la nation et de la liberté.
Jésus ennemi de la Nation ! Il lui faisait du bien d’une façon tellement extraordinaire que les mécréants n’en veulent pas croire le récit évangélique. Mai les pharisiens et les sadducéens, qui ne pouvaient nier ces merveilles dont il s’étaient les témoins journaliers, s’irritaient précisément de voir Jésus faire du bien aux malheureux plus qu’eux-mêmes ne pouvaient ni ne voulaient en faire. Égoïstes et hypocrites, ils ont détesté et insidieusement poursuivi à mort le Divin Bienfaiteur.
Jésus ennemi de la liberté ! Sa mission fut d’affranchir les hommes de la servitude qui enchaîne le cœur, et de la servitude qui enchaîne l’esprit. Mais les mécréants veulent-ils comprendre ? La première servitude est celle des liens de la chair, et la seconde est celle des liens de l’orgueil. Malheureusement les esclaves de la chair aiment leur chaîne. Et les hommes qui sont dans la chaîne de l’orgueil, en aiment aussi la servitude avec passion.
C’est pourquoi les Juifs apostats, ne voulant pas de la liberté évangélisée par Jésus-Christ, ont méconnu et persécuté le Divin Libérateur. C’est encore pourquoi les chrétiens apostats, ne voulant pas de la liberté évangélique, persécutent l’Église.
Mais nous, chrétiens et patriotes, nous voulons la liberté politique et la liberté religieuse. Nous craignons la servitude de la chair ; nous exécrons celle de l’orgueil : qui produisent les Spartacus et les Gatilina. Nous sommes prosélytes, mais selon Dieu. Nous aimons la patrie, mais dans la Foi. Nous voulons une régénération sociale, mais chrétienne. Nous réclamons notre liberté de penser et même d’agir ; mais parce que vous nous menacez de nous l’enlever, nous élevons nos yeux et nos mains vers le ciel ; nous faisons un vœu au Sacré-Cœur de Jésus, et nous lui disons :
Ne permettez pas que la désolation dernière vienne durant les jours de notre vie. O Cœur de Jésus, vous êtes la source intarissable de nos espérances : sauvez la Patrie en convertissant les âmes : car il n’y a pas d’autre moyen de Salut possible.
Benedictione justorum exallabitur civitas : et ore impiorum subverletur. L’association bénie des justes peut sauver la patrie, que le souffle de l’apostasie veut détruire.
Extrait de : Le Vœu National de la France au Sacré-Cœur de Jésus, Considérations sur les Malheurs de la France, 1873.
A suivre…