Perles de la Dévotion au Cœur de Jésus : Associations en l’Honneur du Cœur de Jésus (1)

I. Désir De N.S.P. Le Pape

« Le Saint Père souhaite très vivement que les jeunes gens fassent partie de ces sociétés que l’on appelle les pieuses Associations ou Confréries du Sacré Cœur de Jésus. Elles sont formées en effet par cette légion de jeunes gens d’élite qui, après s’être fait inscrire librement, se réunissent dans les chapelles, dans les églises ou dans les oratoires de leurs collèges, et là, sous la conduite d’un prêtre, accomplissent avec dévotion quelques exercices en l’honneur du Sacré-Cœur de Jésus. Si le Divin Rédempteur accueille avec plaisir tout témoignage de piété et de respect que ses fidèles lui offrent, il Lui est assurément très agréable celui que lui offre le cœur d’un jeune homme. Mais il nous est impossible d’exprimer combien cet acte de piété sera utile à la jeunesse elle-même. Car la contemplation fréquente du divin Cœur et la connaissance plus approfondie de ses vertus et de son amour ineffable doit nécessairement réprimer les passions ardentes des jeunes gens et leur fournir un nouveau stimulant pour la pratique de la vertu. »

Lettre du Card. Mazzella, préfet de la S. Congrégation des Rites. —21 juillet 1899.

Scapulaire apostolat de la prière Sacré-Cœur

Scapulaire de l’Apostolat du Cœur de Jésus.

II. Apostolat de la Prière

« L’Apostolat de la Prière n’est autre chose que la dévotion
au Sacré-Cœur mise en pratique. » R, P. Ramiere.

Cette Œuvre est une ligue de zèle et de prières en union avec le Cœur de Jésus. Elle se nomme Apostolat, parce qu’elle a pour but de faire, de tous les Chrétiens, de vrais apôtres, dévoués à la gloire divine et au salut des âmes. C’est l’Apostolat de la Prière, car la prière est le moyen, non pas unique mais principal, qu’elle met en œuvre, moyen facile et universel renfermant, outre les prières proprement dites, les œuvres et les souffrances, offertes chaque jour au divin Cœur. Enfin c’est la Ligue du Cœur de Jésus parce que sa mission officielle est de propager le culte du Sacré Cœur dans le monde (Léon XIII, 24 mai 1879) et d’établir son règne dans les sociétés. Aussi sa devise est : « Que votre règne arrive ! Son insigne : Le scapulaire du Sacré Cœur (Pie IX, 14 juin 1877).

Trois pratiques forment dans l’Apostolat trois degrés à chacun desquels répond une série d’indulgences :

Le premier degré comprend tous les fidèles inscrits dans un centre quelconque de l’Apostolat et muni d’un billet d’admission, qui, chaque matin offrent à Dieu leur journée aux intentions du Cœur de Jésus. Ils se servent habituellement de la formule suivante : « Divin Cœur de Jésus, je vous consacre ma journée et je vous l’offre par le Cœur Immaculé de Marie en réparation de nos offenses et à toutes les intentions pour lesquelles vous vous immolez sur nos autels. »

« II me semble, dit la Bienheureuse Marguerite-Marie, que la seule offrande de nos actions leur donnera plus de mérite et d’agrément devant Dieu que tout ce que nous pourrions faire en tout le reste sans cette application. »

Le deuxième degré est formé de ceux qui ont accepté en outre, d’offrir chaque jour à la Très Sainte Vierge un Pater et dix Ave Maria aux intentions de l’Apostolat. Ces intentions bénies par le Pape sont indiquées chaque mois dans les organes de l’Œuvre : Messager du Cœur de Jésus et Messager du Cœur de Marie.

Enfin le troisième degré renferme tous les Associés qui acceptent de faire la communion réparatrice hebdomadaire ou mensuelle aux mêmes intentions apostoliques. Ils se proposent aussi de consoler le Cœur de Jésus et de détourner les fléaux de la divine colère par cette communion perpétuelle et vraiment réparatrice.

Cette Œuvre approuvée un grand nombre de fois par Pie IX et Léon XIII, a été bénie, encouragée et propagée par presque tous les évêques du monde entier.

Les principaux avantages sont : « 1° de nombreuses indulgences plénières propres à l’Œuvre et de nombreuses indulgences partielles ; 2° un titre particulier aux promesses du Sacré Cœur ; 3° une participation spéciale aux prières, pénitences, messes, communions de presque tous les Instituts religieux. »

Extrait de : Perles de la Dévotion au Cœur de Jésus, 1902.

Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus : l’Heure d’Adoration (3)

Gravure du Sacré-Cœur de Jésus en médaillon

Cœur Sacré de Jésus que votre Règne arrive !

EXERCICE POUR L’HEURE D’ADORATION.

Entretien de Jésus-Christ avec son Adorateur. (2ème partie)

L’Adorateur : Vous voulez, ô mon Sauveur, que je vous mette comme un cachet sur mon cœur et sur mon bras ; que je sois l’imitateur de vos vertus et de vos sentiments. Je le désire ardemment, mon Dieu, mais faites moi exécuter ce que vous me commandez. O Jésus ! votre cœur est pur, que le mien soit pur ; votre cœur est humble, que le mien soit humble ; votre cœur est patient, que le mien soit patient ; votre Cœur est docile, que le mien soit docile ; votre Cœur est tout amour, que mon cœur en soit embrasé. Que votre Cœur, ô mon Jésus ! possède entièrement le mien ; que le mien, ô mon Jésus ! soit entièrement perdu dans le vôtre ; qu’il soit un cœur fidèle, un cœur contrit, un cœur généreux, un cœur charitable, un cœur parfaitement Chrétien. Ah ! je veux désormais m’appliquer avec le secours de votre grâce, ô mon Sauveur ! à n’avoir plus dans mon cœur que ce que vous avez dans le vôtre, pureté, humilité, patience, docilité, courage, douceur, Charité ; à n’avoir plus que Jésus et son amour. Plus de cœur à moi, mais à Jésus. Ce n’est plus mon cœur, il est tout à vous. Ouvrez-le, fermez-le, embrasez-le, il est à vous. Hélas ! il ne l’a pas toujours été. Mais, ô Cœur de Jésus l il l’est à présent par votre grâce, et j’espère qu’il le sera à jamais.

Jésus-Christ : L’amour est fort comme la mort ; le zèle est inflexible comme l’enfer. Ses lampes sont des lampes de feu et de flamme, que les plus grandes eaux ne peuvent éteindre. Tel est le caractère de mon amour pour vous ; tel doit être votre amour pour moi. (Cant. 8.)

L’Adorateur : Votre zèle, ô mon Sauveur ! votre amour pour moi a été bien plus puissant que l’enfer, puisqu’il m’en a délivré, et qu’il en a brisé les portes pour m’ouvrir celles du Ciel. Il a été bien plus fort que la mort, puisque vous l’avez désarmée pour me rendre la vie. O force étonnante de l’amour ! tout grand, tout puissant, tout invincible que vous êtes, ô mon Dieu ! il vous surmonte, il vous désarme ; il triomphe de votre Cœur ; il arrête votre bras levé sur les coupables pécheurs ; il les soustrait à votre redoutable justice, pour les donner à votre infinie miséricorde. Je le connais maintenant, ô mon Dieu ! c’est par l’amour que votre grandeur suprême s’est abaissée, que votre plénitude infinie s’est répandue, que votre nature divine s’est unie à la nôtre, que votre majesté redoutable s’est familiarisée ; c’est par la force de ce même amour, que la créature peut monter jusqu’à vous, et qu’elle a le privilège inestimable de pouvoir entrer dans votre Cœur.

Voilà comment Jésus-Christ nous a aimés, ô mon âme ! voilà les preuves de son amour plus fort que la mort ; les humiliations, les souffrances, les fouets, les épines, les clous, la Croix, l’effusion de tout son sang ; enfin l’ouverture de son Cœur qui est notre asile, notre refuge, notre espérance, même après nos chutes et nos infidélités, quelque énormes qu’elles soient. Les flammes de son amour sont si ardentes, que toutes les eaux de nos iniquités ne sauraient les éteindre. Mais, mon âme, où sont les marques du vôtre ! Qu’avez-vous fait pour Dieu ? où sont les victoires que vous avez remportées sur vos passions ? où sont les travaux que vous avez entrepris, les souffrances que vous avez endurées pour sa gloire et son amour ?

Hélas ! mon Dieu, que notre zèle pour vous est faible ! que notre amour pour vous est languissant ! Vos intérêts sont abandonnés plus que jamais. Le nombre de vos ennemis augmente chaque jour, et où sont ceux qui se lèvent pour défendre votre cause, pour soutenir votre honneur ?

Jésus-Christ : O mon fils ! est-il une douleur semblable à la mienne ? Qu’ai-je pu faire pour mon peuple que je n’ai pas fait ? J’ai nourri des enfants, je les ai élevés, et ils se sont révoltés contre moi. Je les ai portés dans mon Cœur, et ils l’ont déchiré, outragé, abandonné. En vérité, les douleurs de la mort m’ont environné, et les fureurs de l’enfer se sont déchaînées contre moi. ( Tren. I. Isaïe I, Ps. 114.)

L’Adorateur : O mon Seigneur et mon Dieu ! la douleur s’empare de mon âme, l’affliction et la tristesse serrent mon cœur à la vue des douleurs excessives du vôtre, et de la monstrueuse ingratitude des hommes envers vous. Prosterné, anéanti devant votre Cœur adorable, je vous en fais réparation en présence du ciel et de la terre. Pardon, Divin Jésus, pardon de toutes les injures, de tous les mépris, de tous les outrages qui vous ont été faits dans tout le cours de votre vie et de votre douloureuse passion. Pardon de toutes les impiétés, de toutes les irrévérences, et de tous les sacrilèges qui ont été commis contre vous dans le Sacrement de votre amour, depuis que vous l’avez institué. Pardon surtout de toutes les douleurs que j’ai moi-même causées à votre Divin Cœur, par mes péchés sans nombre, par mes irrévérences dans le lieu saint, par mes communions tièdes, négligées, et peut-être sacrilèges, par l’abus que j’ai fait de vos grâces et de votre sang précieux. Ah si je pouvais, par ma pénitence et par mes adorations, vous rendre la gloire que tant de crimes vous ont ravie ! Si je pouvais, par mes discours et par mes exemples, ramener à vous tant de cœurs qui s’en sont éloignés ! Si je pouvais, par mes larmes et par mes prières, faire cesser tant de scandales, procurer votre gloire, et vous attirer de vrais adorateurs en esprit et en vérité !

Extrait de : Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, à l’Usage d’une Confrérie Établie à Semur en Brionnois, 1826.

Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus : l’Heure d’Adoration (2)

Sacré-Cœur de Jésus ma force mon espérance

Sacré-Cœur de Jésus, Vous êtes ma force, soyez mon espérance.

EXERCICE POUR L’HEURE D’ADORATION.

Entretien de Jésus-Christ avec son Adorateur. (1ère partie)

Jésus-Christ : Ouvrez-moi votre Cœur, ma sœur, mon épouse, ma bien-aimée. (Cant. 5.)

L’Adorateur : Est-ce bien à moi que vous daignez adresser ce langage, ô mon Dieu ? Mon âme n’est qu’un abîme de misères et de péchés, et vous l’appelez votre sœur, votre épouse, votre bien-aimée ! Je n’osais lever les yeux vers un Cœur si pur et si saint ; et aussitôt que je me présente à lui, il me prodigue les faveurs les plus distinguées. Quoi ! je suis assez heureux pour attirer sur moi les yeux, l’esprit et le Cœur de mon Dieu ! quelle gloire !…. O Seigneur du monde, et véritable époux de mon âme ! ô mon seigneur et mon Dieu ! est-il possible que vous ne dédaigniez pas la compagnie d’une créature aussi vile que je le suis ? Ah ! puisque vous voulez bien me souffrir en votre présence, puisque vous me commandez-même de vous ouvrir mon cœur, j’obéis, ô mon Dieu ! mon cœur vous est ouvert ; il est ouvert pour vous seul. Retirez-vous, vaines créatures ; laissez-moi converser avec mon Dieu, et puiser dans son Cœur le véritable amour.

O mon Dieu ! quelle incompréhensible bonté ! vous souffrez devant vous une créature qui vous a été si infidèle ? Non-seulement vous ne la rejetez pas, mais vous l’appelez votre sœur, votre épouse, votre bien-aimée. Vous attendez avec patience qu’elle s’approche de vous ; vous lui tenez compte des moments où elle vous témoigne de l’amour, et un léger repentir vous fait oublier toutes ses infidélités. Je l’éprouve, mon Créateur, et je ne comprends pas comment tout le monde ne tâche pas de s’approcher de vous. Ah ! puisse mon cœur se fondre comme la cire, au feu d’un si grand amour !

O mon souverain Seigneur, puissance infinie, immense bonté, suprême sagesse, abîme de merveille, beauté, source de toutes beautés, océan d’amour et l’amour même, ô Cœur de Jésus ! je vous adore, je vous écoute ; parlez à mon cœur, imposez silence à toutes les facultés de mon âme, à tous mes sens :je vous écoute, parlez.

Jésus-Christ : Vous avez blessé mon Cœur, ma sœur, mon épouse ; vous avez blessé mon cœur. (Cant. 4.)

Adorateur : O Dieu d’immense majesté ! comment se peut-il que votre amour vous ait blessé jusqu’à prendre un cœur semblable au mien ? je le comprends, vous l’avez pris, ce cœur, pour ressentir toutes mes misères. Mais quel miracle incompréhensible de votre Divin Amour, de n’avoir pris ce cœur que pour le laisser percer en faveur d’un ingrat ! vous l’avez laissé blesser sur la Croix à la face de toute la terre, afin que personne n’ignorât l’excès de votre tendresse, et il en est sorti du sang et de l’eau, pour me purifier et me sauver. Vous portez encore dans le ciel cette plaie si glorieuse ; la cicatrice de votre Cœur ne se fermera jamais. Vous vous ferez honneur pendant une éternité entière de cette blessure amoureuse, qui est la marque triomphante de votre amour. O Divin Cœur ! blessez le mien ; faites-y, par votre amour, une plaie si profonde, qu’il s’ouvre tout entier, et qu’il n’en guérisse jamais. Blessez-le du même fer dont vous avez été percé, afin qu’il en coule des eaux d’une sincère pénitence, et du sang d’un véritable amour.

Oh ! si je pouvais encore faire une plaie innocente à votre Cœur par mon amour ! Si mon cœur, pénétré d’une vraie tendresse, pouvait aussi percer et pénétrer le vôtre ! Mais, hélas ! ce cœur criminel vous a fait une infinité d’autres plaies douloureuses, par son ingratitude et son infidélité. J’ai percé votre Cœur, ô mon Jésus ! non par mon amour, mais par ma dureté. Je l’ai blessé d’une manière bien plus sensible, en laissant blesser le mien par l’amour des créatures. O Céleste Époux ! arrachez cette flèche honteuse de mon cœur, et dardez-y celle de votre Divin Amour.

Jésus-Christ : Mon Fils, plus de partage ; donnez-moi votre cœur, tout votre cœur : je le veux. (Prov.23.)

L’Adorateur : Jusqu’où vous abaissez-vous, Seigneur ? Quoi ! vous ne dédaignez pas de me demander mon cœur ; et malheureux que je suis, je n’ai pas rougi de vous le refuser pour le donner au monde ! Quelle tendresse de votre part ! quelle dureté de la mienne !

Mais, mon Dieu, qu’est ce cœur que vous me demandez ! hélas ! il est souillé de mille taches honteuses : comment pourriez-vous le supporter, vous qui êtes la pureté même ? c’est un cœur de chair qui se porte avec violence vers les objets sensibles ; c’est un cœur de pierre, que rien ne peut amollir. Ah ! mon Dieu, que je sens de désordres dans ce mauvais cœur ! que d’amour de moi-même ! que d’attache à mes pensées, à mes désirs ! à mes intérêts ! que de pente vers la terre ! que de dégoût pour le ciel, que de tiédeur dans votre service ! que de délicatesse pour ce corps qui doit périr !

Cependant, Seigneur, puisque tel qu’il est, vous daignez me le demander, le voici, je vous le donne. O Amour, ô mon Roi, ô mon Dieu, ô Jésus, l’unique objet de ma tendresse, recevez-moi en ce moment dans votre Sacré-Cœur, afin que je sois tout à vous. A cet instant prenez-moi et jetez-moi dans cette mer immense de votre Charité. Jetez-moi, sans délai, dans cette fournaise ardente, pour que j’y sois entièrement consumé de Votre Amour. Là, ô mon doux Sauveur ! faites-moi goûter le prix du sang qui m’a racheté. Là, faites-moi comprendre combien je dois vous aimer. Tirez-moi au-dedans de vous-même, submergez-moi dans l’abîme de votre parfaite Charité. Accordez-moi le bonheur de jouir actuellement de votre divine présence, parce que mon âme ne désire que vous.

O Amour ! vous êtes cette eau vive dont j’ai soif. Mon cœur se porte à vous avec une ardeur qui fait son tourment. Ouvrez-moi votre Aimable Cœur… voilà le mien ; il est à vous, à vous pour l’éternité. Donnez-moi votre Cœur, ô Jésus !

Jésus-Christ : Oui, mon fils, je vous donne mon Cœur ; mettez-le comme un cachet sur votre cœur, et comme un sceau sur votre bras. Étudiez-en les sentiments, copiez-en fidèlement les vertus. (Cant. 8.)

L’Adorateur : Quel don, ô mon âme ! recevez l’impression de ce Cœur tout brûlant d’amour, et faites tous vos efforts pour lui ressembler.

Mon cœur est l’ouvrage de vos mains, ô mon Dieu ! il porte votre image et votre ressemblance. Vous l’avez formé pour en faire votre demeure, votre trône, votre autel, votre tabernacle. Entrez, Divin Jésus, entrez dans cette demeure, et purifiez-la de tout ce qui n’est pas digne de vous. Commandez en Souverain sur ce trône, et donnez-moi toute la docilité dont j’ai besoin pour vous obéir. Recevez sur cet autel le sacrifice que je vous fais de tous mes penchants. Résidez, comme un Dieu de majesté et de sainteté, dans ce tabernacle vivant que vous avez choisi pour vous-même. Mais achevez, ô Jésus ! de vous copier dans cette image ; effacez tout ce qui ne vous y ressemble pas ; gravez-y tous vos traits.

Regarde, ô mon âme ! ce Divin Modèle. Vois-le élevé sur la montagne, attaché à la Croix ; il est ou mourant ou mort. Il faut le copier fidèlement. Exprime bien par la pénitence cette tête ensanglantée, ces yeux éteints, cette bouche livide, ces pieds et ces mains percés. Ne te contente pas de l’extérieur, va au Cœur ; il est ouvert par une lance, afin que tu puisses y pénétrer. Imites-en l’amour, la douceur, l’humilité, la Charité. Abaisse ensuite les yeux sur la terre du Calvaire, tu la verras toute arrosée de son sang. A ce sang répandu, comprends que l’amour se témoigne plus par les actions que par les sentiments.

Extrait de : Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, à l’Usage d’une Confrérie Établie à Semur en Brionnois, 1826.

Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus : Visite (4 & 5)

Image pieuse Cœur Sacré de Jésus

4°. Offrez-le à son Père, comme le seul objet digne de l’honorer, et comme l’unique médiateur qui puisse vous rendre agréable à ses yeux et vous soustraire à sa justice.

Je n’ai rien à vous offrir de moi-même, ô mon Dieu ! qu’un cœur corrompu, qu’un abîme de misères et de péchés. Mais vous m’avez donné le Cœur de votre Fils bien-aimé. Père céleste, je vous l’offre. Cette offrande est digne de vous ; il n’y a même que vous qui soyez digne de la recevoir. N’envisagez donc pas mon néant, ô Dieu éternel ! mais regardez-moi dans le Cœur de votre Fils en qui vous avez mis toutes vos complaisances.

Hélas ! Seigneur, je suis si aveugle, que je ne connais même pas la grandeur et le nombre de mes maux. Comment donc pourrais-je vous les exposer, pour que vous m’accordiez votre compassion ? Mais votre Fils, mon Dieu, est l’œil qui voit toutes mes misères ; le cœur qui les ressent, et la voix qui vous en demande la délivrance. S’il m’a oublié, je consens que vous ne vous souveniez point de moi. Mais s’il a souffert, s’il a pleuré, s’il a parlé pour moi, s’il m’a ouvert son Cœur, si ce Cœur Sacré ne cesse d’intercéder pour moi, pourriez-vous, Père juste et miséricordieux, rejeter ses prières et mépriser ses larmes ? Que dis-je ? pourriez-vous rejeter son Cœur, qui a mérité, par justice, ce que je vous demande par miséricorde ?

Père Saint, en considération de votre Fils, faites-moi miséricorde. Souvenez-vous de ce que je lui ai coûté. Je suis une de ses brebis qu’il a cherchée avec tant de fatigues, qu’il a nourrie de sa chair et de son sang. Dieu de clémence, c’est par le Cœur de votre Fils, que l’abîme de mes misères appelle l’abîme de vos miséricordes. C’est par cette large blessure que son amour pour vous et pour moi lui a fait souffrir, que je vous demande de me mettre au nombre de vos Élus.

O Jésus, mon Sauveur ! souvenez-vous de votre promesse : Quelque chose que vous me demandiez en mon nom, disiez-vous, je le ferai. Dieu fidèle à votre parole, je vous demande, au nom de Jésus, de me renfermer dans votre Sacré-Cœur ; afin que là je puisse rendre à votre Père céleste les hommages que je lui dois, l’amour, la reconnaissance et la juste satisfaction qu’il exige de moi.

Mon âme, tes vœux sont accomplis… Grand Dieu ! regardez-moi dans le Cœur de votre cher Fils. Abîmé dans ses anéantissements, renfermé dans ce Divin Sanctuaire, étroitement uni à lui, j’ose, je puis même vous dire, toute vile créature que je suis :

O mon Dieu ! ô mon Père ! je vous rends tous les hommages que vous rend votre Fils unique Jésus-Christ. Je vous aime par son amour et par son Cœur ; je vous adore par ses adorations, je vous remercie par ses actions de grâces, je vous prie par sa bouche ; je vous bénis par ses lèvres, je vous offre son offrande, je satisfais à votre justice par ses satisfactions, je vous honore par ses humiliations, je brûle par ses ardeurs. Dieu éternel ! vous êtes tout et je ne suis rien ; mais uni au cœur de votre Fils, je sors de ma bassesse, je quitte la terre, je m’élève au-dessus des Cieux, au-dessus des Anges mêmes ; dans le Cœur de votre Fils, ô mon Dieu ! ô mon Père ! je vous rends les adorations, les louanges et l’amour d’un Dieu. Ah! puissé-je vous les rendre pendant toute l’éternité. Ainsi soit-il.

5°. Demandez à Dieu qu’il fasse partout connaître son Saint Nom, et le Sacré-Cœur de son Fils.

O Père des miséricordes, notre Créateur et notre Dieu ! faites-vous connaître, et vous serez plus aimé. Souverain des nations, suscitez-leur des Prédicateurs évangéliques, et conduisez-les par toute la terre, pour y porter votre Saint Nom et celui de votre Fils Jésus-Christ. Animez vos ministres de ce Divin Esprit qui se répandit sur les Apôtres, afin qu’ils annoncent par toute la terre l’heureuse nouvelle du Salut, et que toute la terre retentisse de vos louanges. Que le Sacré-Cœur de votre Fils soit reçu partout comme le Roi et le Souverain des cœurs. Il vous demande encore aujourd’hui toutes les nations pour son héritage ; il vous prie et nous vous prions avec lui, que son amour soit reconnu et aimé sur la terre terre, comme il est aimé et exalté dans le Ciel.

O Père infiniment bon ! ayez pitié de vos enfants. Venez à leur secours dans les périls extrêmes où vous les voyez exposés. Écoutez les soupirs amoureux et suppliants que le Cœur de votre cher Fils Jésus-Christ ne cesse de pousser pour nous. En considération de cet Adorable Cœur, délivrez-nous des maux qui nous pressent. Sauvez-nous en ces jours de relâchement. Préservez vos Fidèles de la séduction des mauvais exemples, et faites-les tous persévérer dans la foi. Ne permettez pas, Père tendre et miséricordieux, que le cœur de votre Fils se ferme pour vos enfants. Laissez-le toujours ouvert pour nous et pour notre patrie.

Cœur Adorable, que ne puis-je vous conserver tous les cœurs que vous avez acquis sur la Croix ! que ne puis-je vous faire connaître et aimer de tous les hommes ! Je voudrais être maître de tous les cœurs, je vous les consacrerais tous, et je les immolerais tous à votre amour. Je voudrais, ô mon Jésus ! pouvoir bâtir partout des temples à votre honneur, renverser toutes les idoles, convertir tous les infidèles et tous les pécheurs ; enfin, vous faire connaître et aimer de tout ce qui respire.

O Dieu de mon cœur ! que j’aurai de joie de voir votre nom glorifié, votre Règne établi, et votre volonté accomplie par tous les cœurs! Qu’il soit béni à jamais, le Dieu de mon cœur, qu’il soit à jamais béni le Cœur de mon Dieu.

Extrait de : Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, à l’Usage d’une Confrérie Établie à Semur en Brionnois, 1826.

Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus : Visite (2 & 3)

Arrête le Sacré-Cœur de Jésus-est-là

Arrête ! le Cœur de Jésus est là.

2°. Faites-lui réparation de tous les outrages qui lui ont été faits jusqu’ici, surtout de votre part.

Grand Dieu, que votre amour pour les hommes tient caché sous les voiles du Sacrement ; Dieu outragé par vos créatures, recevez l’amende honorable que je fais à votre Sacré-Cœur, de tous les sacrilèges, de tous les blasphèmes, de toutes les profanations, de tous les outrages que lui ont faits jusqu’ici et que lui feront à jamais les hérétiques, les schismatiques, les infidèles et les impies ! Que ne puis-je vous procurer autant de gloire, que ces criminels ont voulu vous en ôter !

Mais, adorable Jésus, il est encore des outrages plus sensibles à votre Cœur. Amour, ô amour blessé depuis tant de siècles, et plus encore à présent par ceux mêmes qui portent le nom de Fidèles et de dévoués à votre Sacré-Cœur, quelle réparation vous offrirai-je pour tous leurs mépris et leur affreuse ingratitude ? O Marie ! Esprits bienheureux, Saints du Ciel, Justes de la terre, prêtez-moi votre amour ; faites-moi part de vos sentiments et de vos mérites, pour réparer l’oubli, l’indifférence, l’ingratitude qu’ont les Catholiques, et que j’ai eue moi-même pour ce Cœur digne de tout amour.

Charitable Sauveur, pardonnez, pardonnez-moi l’oubli où j’ai vécu jusqu’à présent de vos bontés, l’abus que j’ai fait du plus ineffable de vos bienfaits. Pardonnez-moi mon peu de Foi, mon insensibilité, mon peu d’ardeur et de zèle pour me nourrir de votre chair adorable et de votre sang précieux. Pardonnez-moi le peu de préparation que j’ai apporté à la Sainte Communion. Daignez recevoir la juste réparation que je désire vous faire pour toutes les fautes que j’ai commises envers un Sacrement où vous n’avez pour moi que des sentiments de tendresse. Ah ! que mon cœur soit anéanti s’il doit être encore insensible à votre amour, et au gage précieux que vous m’en donnez. Mais non, Seigneur mon cœur ne sera plus ingrat envers votre Cœur Adorable. Jamais je ne cesserai de pleurer ses infidélités ; sans cesse je vous consacrerai ses sentiments ; toujours je désirerai m’unir à vous sur la terre, afin de vous être uni éternellement dans le Ciel. Ainsi soit-il.

3°. Remerciez-le pour toutes les fois qu’il s’est donné à vous dans la Sainte Communion.

Vous m’avez donné votre Sacré-Cœur, ô mon Dieu ! dans la Sainte Communion. O Charité immense ! ô bonté infinie ! faveur inestimable ! que ne puis-je me consumer en louanges, en actions de grâces, en reconnaissance ! Être Suprême, quoi ! votre amour vous a abaissé jusqu’à mon néant, et m’a élevé jusqu’à vous ! Il nous a unis ensemble, vous mon Créateur et mon Dieu, à moi chétive créature et pauvre pécheur ! Que vous rendrai-je pour des bienfaits au-dessus de toute reconnaissance ? Vous voulez mon cœur, c’est là tout ce que vous me demandez, ô mon souverain bonheur ! qu’il est doux pour moi de vous le donner !

Le voici, aimable Jésus, ce pauvre cœur, je le mets devant le Vôtre, comme exposé à vos traits. Percez-le ; ô mon Dieu ! percez-le des traits de votre amour, allumez-y un incendie, faites-y un embrasement qui le dévore et qui le consume. Dilatez, étendez, élargissez ce cœur, afin qu’il puisse recevoir avec plus d’abondance les vives impressions de votre Charité, et que plus ardent et plus embrasé, il vous rende amour pour amour.

Formons, ô la vie de mon âme ! formons, (mais oserai-je vous le dire, et ne vous offenserez-vous pas d’une telle témérité ?) formons ensemble un combat d’amour, un combat par lequel vous portiez des coups sûrs au cœur que je vous offre ; et que, pour vous rendre la pareille, ce cœur vous renvoie les affections brûlantes et les transports amoureux qu’il reçoit de vous. Percez, adorable amour, percez-moi de vos flèches sacrées ; bien loin de m’épargner, faites dans mon cœur de larges et profondes blessures, des blessures que rien ne guérisse ; qui me fassent gémir, soupirer, défaillir et mourir à vos pieds, comme la conquête, la victime et le triomphe de votre amour.

O Cœur de Jésus ! faites que je vous aime et que je vous aime souverainement ! Vous êtes la bonté, la beauté même ; vos charmes sont incomparables ; ils ont électrisé mon cœur ; je n’en puis retenir les transports. Il tressaille, il s’élance vers vous. Qu’il s’unisse donc à vous, qu’il s’y perde, qu’il y demeure dans le temps et l’éternité. Ainsi soit-il.

Extrait de : Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, à l’Usage d’une Confrérie Établie à Semur en Brionnois, 1826.