Les Septante Paroles de Jeanne d’Arc, Recueillies et Commentées par M. l’Abbé Le Nordez – 9ème et 10ème Paroles

Image pieuse bienheureuse Jeanne d'Arc

Image pieuse Bienheureuse Jeanne d’Arc. 1909.

IX

« À Dieu ne plaise que je fasse ou aie fait œuvre qui charge mon âme. »

J’oserais dire que Jeanne est peintre. Elle excelle à dire les choses en un mot, et ce mot est si expressif qu’il devient comme une image exacte et pleine de coloris.

A ses yeux le péché « charge » l’âme. La pensée n’est pas nouvelle, assurément : on a cent et cent fois parlé du poids du péché et du fardeau de nos iniquités. Mais Jeanne le dit avec un tour de phrase si vif et si simple que l’image devient plus sensible et la comparaison plus frappante.

On voit aussi combien elle sentait fortement le prix de la paix de l’âme et la douceur de cette liberté d’un cœur dont les ailes sont légères. Beaucoup n’apprécient point le bienfait de cette paix et de cette liberté. Les sens seuls nous parlent, et voilà pourquoi pendant que les difformités corporelles nous font horreur, celle de l’âme ne nous touche guère. Il faudrait que nous tachions de nous élever jusqu’à l’intelligence de cette chose, admirable plus que tout ce que l’on admire et qui s’appelle une belle âme.

On peut commencer de la comprendre en voyant quel reflet suave et beau l’âme met sur la physionomie de l’homme de bien, du sage et du penseur. Quel charme ne jettent pas sur le front d’un homme une pensée élevée, un beau sentiment ! Or, dit Platon, c’est l’âme qui façonne ainsi les traits, corpus informat anima. Quelle beauté doit être la sienne, quand le pâle reflet qui s’en échappe est déjà si touchant !Une mère devrait s’appliquer à développer en elle ce culte de la beauté des âmes. Elle en estimerait à plus haut prix l’éducation puisque c’est par elle, suivant qu’elle est bonne ou mauvaise, que l’âme d’un enfant s’embellit ou devient laide.

Ah ! si les mères y songeaient davantage ! Si, le regard attaché sur l’idéal d’une âme absolument belle, elles s’appliquaient, dans une touche délicate, à façonner celle de leur enfant conformément à ce modèle, quelles œuvres admirables elles nous offriraient ! Heureuses les femmes Chrétiennes, heureuses sont-elles mille fois à l’envi de celles qui ne croient pas ! Notre maître Jésus-Christ a placé sous leurs yeux ce modèle parfait, cet idéal achevé de l’homme à tous les âges. Elles n’ont qu’à le regarder pour le voir. Et quand leurs mains aimantes et bénies essayent de pétrir,comme une copie fidèle et conformément à ce modèle, les âmes que Dieu leur a confiées, la religion leur assure mille ressources admirables qui rendent moins aride et plus féconde par elles cette tâche dont on a si bien dit qu’elle est « l’art des arts » : L’art des arts, c’est de régir les âmes (Gerson).

Statue de Jeanne d'Arc par Jules Déchin

Jeanne d’Arc par Jules Déchin.

X

« Je ne crois pas qu’on ne peut trop nettoyer sa conscience. »

Jeanne n’était pas scrupuleuse. Son esprit net et ferme ne se prêtait point à ce mal dont quelques âmes faibles ou éprouvées par la permission de Dieu souffrent parfois si grand dommage. Mais elle avait ce dont le scrupule est l’excès, à savoir une délicatesse parfaite de conscience.

Toujours pratique et concluante dans ses convictions comme dans les sentiments mêmes de son cœur, elle ne s’en remettait pas à elle-même du soin de juger la netteté de son âme, et il est visible que quand elle parle de « nettoyer sa conscience », sa pensée se porte vers le sacrement que la religion nous offre à cet effet. — La confession ne sera jamais faite pour procurer l’agrément de ceux qui en usent. La nature même de cette institution explique, — sans les justifier, — les attaques dont elle a toujours été l’objet. Ces attaques,si naturelles qu’elles soient, n’en atténuent pas la haute sagesse et la parfaite utilité.

Il suffit d’avoir étudié l’homme quelque temps, pour comprendre combien il lui est malaisé de se connaître lui-même et de se juger sainement. L’aveu en est devenu proverbial et tous reconnaissent que nous sommes mauvais juges en notre propre cause. — « Le roi est la fable de l’Europe, dit Pascal, lui seul n’en sait rien. » Quel progrès aura été réalisé le jour où les rois seuls seront sujets à cette ignorance ! En attendant, c’est un mal qui nous travaille tous, et quoique Bossuet ait pu dire que «la science la plus nécessaire à la vie humaine, c’est de se connaître soi-même », et que saint Augustin ait dit avant lui « qu’il vaut mieux savoir ses défauts que de pénétrer tous les secrets des États ou des Empires, et de savoir démêler toutes les énigmes de la nature », il n’en demeure pas moins que bien peu d’hommes se font d’eux mêmes une idée juste.

La confession n’eût-elle pour fruit que de nous soumettre au jugement d’un homme qui nous connaît, qu’elle mériterait notre estime. Elle est la meilleure garantie de la pureté de la conscience et la garde la plus assurée contre l’illusion. Une mère se montrera donc sage en habituant son enfant à recourir au bienfait de ce sacrement, non pas seulement pour obéir à la loi de l’Église, mais pour y chercher encore cette lumière intérieure qui nous fait nous connaître.

Extrait de : Les Septante Paroles de Jeanne d’Arc, Recueillies et Commentées par M. l’Abbé Le Nordez. Publié en 1899.

Recueil d’Exemples du Catéchisme de l’Abbé Spirago: L’école sans Dieu et la criminalité

La religion rend l’homme consciencieux et
le dé­tourne du crime :

« L’école sans Dieu et la criminalité. — Autrefois l’école primaire en France était confessionnelle ; elle est devenue laïque et de laïque, athée. A côté de ces écoles, les évêques ont dû maintenir ou créer des écoles libres où les enfants pussent encore être instruits dans la religion. Or, la statistique criminelle de 1892 montre que sur 100 condamnés pour délits et crimes, 89 ont été élevés dans les écoles laïques et 11 dans les écoles congréganistes. La statistique change peu les années suivantes, et la conclu­sion s’impose. »

Extrait de : Recueil d’Exemples Appliqués au Catéchisme Populaire, par l’Abbé François Spirago, 3ème édition

Image pieuse la droiture de la vie c'est la dignité de l'homme, morale du christianisme

Image pieuse, années 1950.

« La droiture de la Vie , c’est la dignité de l’homme. »