Règne de Saint Louis, Règne de Dieu par la Justice

Saint Louis Rendant la Justice, dans "Vie de Saint Louis, Neuvième du Nom, Roi de France à l'Usage de la Jeunesse" d'Antoine Caillot (1826)
Saint Louis Rendant la Justice dans le Bois de Vincennes,
dans « Vie de Saint Louis, Neuvième du Nom, Roi de France à l’Usage de la Jeunesse », par Antoine Caillot (1826)

« Aussi, mes Frères, pour avoir l’intelligence du règne et de l’administration de saint Louis, c’est à ces deux sources que nous devrons toujours recourir, aux béatitudes de l’Évangile et aux enseignements du Psalmiste royal. Faut-il s’étonner après cela si ce règne est le règne de Dieu ?
Je choisis quelques considérations entre mille, et je dis : Règne de saint Louis, règne de Dieu par la justice, règne de Dieu par la charité, règne de Dieu par la liberté, règne de Dieu par la religion. Cette matière est immense.

Jésus-Christ a dit : « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice ! » et David, inspiré par l’esprit de Jésus et instruit par l’expérience, avait dit aussi : « Bienheureux ceux qui gardent l’équité, et qui observent la justice en toute circonstance » Ah ! mes Frères, quel roi, plus que Louis, fut jamais affamé de cette faim, altéré de cette soif de la justice ? C’était la passion dominante de son âme. « La joie du juste, disait-il, c’est que justice soit faite. » Rappellerai-je le souvenir toujours populaire du chêne de Vincennes ? Là, toute une page des psaumes devenait une scène réelle et vivante. « Il jugera le peuple avec équité et il fera justice aux pauvres ; il les délivrera des usures, des violences, et leur nom sera honorable devant lui. » Prendre en main la cause des faibles, citer devant soi « les hommes de sang, ceux dont la droite est pleine de présents, et dont les mains regorgent d’iniquités », c’est dans l’accomplissement de ce devoir que la justice exige du courage. Louis ne sait point transiger : « Bonne et raide justice », voilà sa maxime.

Son amour pour les petits le rendra fort contre les forts. Qu’ils s’appellent Enguerrand de Coucy ou même Charles d’Anjou, ils apprendront de lui que, si haut qu’ils aient été placés par la naissance, ils ne sont pas au-dessus des lois ; et, sans acception de personnes, il soumettra les coupables à des châtiments exemplaires. Que dis-je ? sa justice saura se multiplier, et en quelque sorte se perpétuer sur le sol de la France. Par des envoyés intègres et des magistrats incorruptibles, il se rend à la fois présent sur tous les points du royaume ; et par le Livre des établissements, dont tous les travaux législatifs des âges suivants n’ont été que le développement, il devient pour l’Europe un juge permanent et immortel.

Mais celui qui juge les autres doit être juste lui-même. Et Louis est le premier à provoquer une enquête sur les torts qu’il a pu causer à son insu ; des arbitres sont appelés à prononcer entre le roi et ses sujets. Ce n’est pas assez, il veut être juste là où les principes accrédités par la politique humaine défendent de l’être. Il sait que « ce qui est le sublime de la gloire aux yeux des hommes, est souvent une abomination devant Dieu », Louis se fait pacificateur là où ses conseillers lui suggèrent de fomenter d’utiles divisions. Les fortes têtes du royaume s’opposent à la reddition de plusieurs provinces possédées par suite d’une conquête dont la moralité lui semble suspecte. Mais Louis n’admet point cette conscience d’homme d’État pour laquelle la morale qui consiste à garder ce que l’on a pris, est une morale très-autorisée. D’ailleurs, s’écrie-t-il, « Bienheureux les pacifiques ! Nul homme de cœur dur n’obtint jamais salut. » Et Louis appose son nom sur le traité. Laissez, ô saint monarque, laissez les hommes aux courtes vues vous poursuivre de leurs blâmes. Votre délicatesse est encore de l’habileté. Par cette concession, celui qui était votre frère et votre égal en royauté, se reconnaîtra désormais votre vassal.

La justice qui élève les nations, place aujourd’hui votre trône pour jamais au-dessus du trône britannique ; et jusque dans ses plus enivrants triomphes, jusque dans ses plus insolentes usurpations des âges suivants, l’Angleterre confessera toujours du moins la supériorité de la couronne de France. Au reste, commander à tout l’univers par la force n’est pas possible : l’extension matérielle d’un empire prépare souvent sa ruine. Mais commander à tout l’univers par sa vertu, par sa probité ; tenir au milieu de tous les rois le sceptre de la conscience et de la loyauté : voilà la gloire véritable. « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ! » O Louis, ce sentiment délicat de votre âme n’a-t-il pas de quoi être satisfait ? L’Europe entière est à genoux devant vous, vous êtes devenu l’arbitre et le juge entre les souverains et les nations, entre les empereurs et les pontifes. Calmez-vous, puissants barons ; les intérêts du royaume, dont vous vous montrez si jaloux, n’ont point été trahis. Si dans la personne de votre souverain le monarque commande à une province de moins, en échange, l’honnête homme commande à l’univers. Heureux celui qui garde l’équité, sans que rien puisse le faire dévier jamais ; l’empire du monde est le fruit de sa justice.

Extrait de : Panégyrique de S. Louis, prêché dans la Cathédrale de Blois, par le Cardinal Louis-Édouard Pie. 1848.

D’autres représentations de Saint Louis rendant la justice.
Cliquez sur une image pour l’agrandir, et faites défiler
.

D’autres textes consacrés à Saint Louis (ou qui le cite) ICI.

Tirer des Leçons Politiques de l’Écriture Sainte – Hugues Petit (Civitas)

Dans le cadre de la journée de formation organisée par Civitas sur le thème « La Vérité vous rendra libre », le Professeur Hugues Petit, président du Conseil Scientifique de Civitas, ancien conseiller régional, montre comment tirer des enseignements politiques de l’Évangile.

Une vidéo de Civitas disponible sur leur chaîne youtube.