Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus : l’Heure d’Adoration (5 et Fin)

Comprendre le Cœur Sacré et l’Évangile de Jésus-Christ

Veux-tu comprendre ? Lis mon Évangile et regarde mon Cœur !

EXERCICE POUR L’HEURE D’ADORATION.

Rendez-moi digne de votre Cœur, et fidèle à la dévotion que je lui ai vouée. Que semblable aux Anges, qui ne pensent qu’à vous témoigner leur amour, et à réparer, par leurs hommages continuels, l’indifférence et l’ingratitude des hommes à votre égard, je vous donne à chaque instant des marques de mon amour et de ma sensibilité aux outrages qui vous sont faits. L’amour laisse votre Cœur toujours ouvert, afin que j’y habite continuellement. C’est là ma demeure. Que l’amour m’y introduise, que l’amour m’y maintienne, que l’amour y reçoive mon dernier soupir. Je vous demande la même grâce pour tous mes Associés. O mon Dieu ! que tous ceux qui ont le bonheur d’être de la société de votre Sacré-Cœur, dans toute l’étendue de la terre, aient principalement part à vos miséricordes. Fixez sur eux vos regards, comblez-les de vos grâces, détruisez en eux tout ce qui vous déplaît, et daignez soutenir, augmenter et perpétuer leur ferveur et leur zèle.

Que je suis heureux, ô mon Dieu, d’être uni à tant d’âmes ferventes ! Faites, Seigneur Jésus, que cette société s’étende dans tout l’univers, se perpétue dans tous les âges, s’augmente, s’anime, se porte au-delà des temps, et des siècles. Adorable Sauveur ! vous êtes le lien de notre union, soyez-en aussi le terme et la fin bienheureuse. Qu’unis dans votre Sacré-Cœur sur la terre, nous lui soyons encore unis pendant l’éternité. Ainsi soit-il.

Puisque mon Dieu ne se lasse pas de m’entendre, je continuerai de parler à mon Seigneur, quoique je ne sois que cendre et poussière.

Dieu de mon cœur, seul Dieu véritable, écoutez la grandeur de ma demande. Mon Dieu, aimez ceux qui ne vous aiment pas. Ouvrez à ceux qui ne frappent pas à votre porte, et guérissez ceux qui, bien loin de demander leur guérison, prennent plaisir à entretenir, à augmenter même leurs maladies. Vous dites, mon Dieu, que vous êtes venu sur la terre chercher les pécheurs. Ce sont là, Divin Jésus, les véritables pécheurs. Ah ! ne considérez point notre aveuglement ; considérez seulement les ruisseaux de sang que vous avez répandus pour notre salut. Faites éclater votre clémence au milieu de ces épaisses ténèbres où nous a plongés notre malice. Regardez-nous, Seigneur, comme l’ouvrage de vos mains. Sauvez-nous par votre bonté et par votre miséricorde. Nos maux sont extrêmes… Levez-vous donc, Seigneur ; ce sont les grands maux qui doivent faire éclater la grandeur de votre amour. Considérez les progrès que font tous les jours vos ennemis. Arrêtez-les, mon Dieu. Puisqu’ils ne veulent point aller à vous, allez vous-même à eux, O Bon Pasteur ! je vous le demande par votre Divin Cœur et par vos sacrées plaies. O vives sources des plaies et du Cœur de mon Sauveur ! vous coulerez toujours avec abondance pour les pécheurs. Heureux ceux qui viendront y puiser !

O mon Sauveur ! faites cesser mes péchés ; faites cesser ceux de tout le monde. Que vos cris soient si puissants, Divin Jésus, qu’ils rendent la vie à tant de pécheurs endurcis, quoiqu’ils ne vous la demandent pas ; faites-les sortir de l’abîme si profond où ils sont. Lazare ne vous demanda pas de le ressusciter ; vous fîtes ce miracle en faveur d’une pécheresse. En voici une, Seigneur, qui l’est encore davantage, faites donc éclater la grandeur de votre miséricorde. Je vous en conjure, par les larmes que vous répandîtes sur Lazare. Souvenez-vous que ces larmes adorables ne coulèrent pas seulement pour lui, mais encore pour tous ceux que vous prévoyiez qui ne voudraient pas ressusciter : je vous le demande par tout votre sang. Ah ! puisque vous avez pardonné à ceux qui l’ont versé, pardonnez-nous aussi, Sauveur du monde !

O Jésus ! faites triompher votre Église de tous ses ennemis ; augmentez le nombre de ses enfants. Rendez-lui la paix, et qu’à jamais elle bénisse votre Saint Nom, et révère votre Divin Cœur.

Ayez encore pitié, Charitable Rédempteur, des âmes des Fidèles trépassés. Soyez touché de l’état de ces âmes souffrantes ; elles sont le prix de votre sang. Ouvrez-leur votre Cœur, écoutez leurs gémissements, et accordez-leur, avec la délivrance de leurs peines, le bonheur de vous aller glorifier dans le Ciel. Souvenez-vous en particulier de celles qui, sur la terre, étaient dévouées à votre Sacré-Cœur, et zélées pour sa gloire. Ne les laissez pas plus longtemps privées de votre présence ; elles sont chères à votre Cœur, et c’est par ce Cœur plein de clémence, que je vous conjure de les mettre en possession du bonheur éternel.

On pourra terminer l’adoration par la consécration et l’amende honorable au saint Cœur de Marie.

Prière après l’heure d’Adoration.

Pardonnez- moi, mon Dieu, les distractions que j’ai eues pendant cette heure. Hélas ! ne pourriez-vous pas me reprocher, comme à vos trois Disciples, de n’avoir pu veiller une seule heure avec vous !Une heure avec vous, Aimable Cœur de Jésus, m’a paru trop longue ! Eh ! ne devrais-je pas faire mes délices d’être toujours avec vous ! O Cœur plein d’amour ! pourquoi mon cœur a-t-il été si froid, si languissant à vos côtés ? Pardon, Seigneur, je ne veux plus respirer que pour vous. Oui, toute ma vie sera une adoration perpétuelle à votre Sacré-Cœur, parce que je ne veux plus respirer et vivre que pour son amour.

Ainsi soit-il.

Extrait de : Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, à l’Usage d’une Confrérie Établie à Semur en Brionnois, 1826.

Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus : l’Heure d’Adoration (4)

Gravure noir et blanc du Sacré- Cœur de Jésus

Voilà ce Cœur qui vous a tant aimé… et qui malgré vos ingratitudes, veut encore vous sauver…

EXERCICE POUR L’HEURE D’ADORATION.

Entretien de Jésus-Christ avec son Adorateur. (3ème partie)

Jésus-Christ : Voilà la plaie la plus sensible à mon Cœur. Si les Juifs seuls, si les Païens, les Hérétiques même, m’outrageaient, je les supporterais avec moins de peine ; mais que des Chrétiens, que des Catholiques, dont je n’ai pas seulement été le Rédempteur, mais dont je suis encore tous les jours la nourriture ; que mes dévoués, que mes amis n’aient pour moi que de l’indifférence, qu’ils me traitent avec mépris, c’est ce que je ne peux supporter. (Ps, 54.)

L’Adorateur : Ah ! Seigneur, puis-je y penser sans mourir de douleur ! Célestes Intelligences, Anges de la paix, véritables adorateurs, pleurez amèrement les opprobres dont votre Dieu est couvert ; pleurez l’insensibilité et l’ingratitude qu’ont les hommes pour un Cœur qui les a tant aimés. Divin Jésus ! vous êtes venu en ce monde pour chercher les hommes et les sauver ; et les ingrats ! ils vous fuient, ils vous abandonnent, ils se refusent à vos amoureuses recherches ! Vous les comblez de grâces et de bienfaits ; et les insensibles ! ils en abusent, ils les tournent contre vous et contre eux-mêmes I Vous êtes toujours au milieu d’eux ; et ils semblent ignorer votre présence, ou ne la reconnaître que pour l’outrager ! Vous leur ouvrez votre Cœur ; et ils refusent d’y entrer, ou ils n’y entrent que pour le percer de mille plaies toujours nouvelles et toujours plus sensibles. Hélas ! mon Aimable Sauveur, ne suis-je pas moi-même coupable de tous ces crimes ? Ah ! quelles blessures n’ai-je pas faites à votre Cœur, moi, votre ami, votre dévoué !… Quelle ingratitude ! quelle perfidie !

O Divin Sauveur ! comment pouvez-vous supporter tant de crimes ? Comment votre Cœur outragé ne se ferme t-il pas pour nous méconnaître et nous rejeter ? Comment votre bras vengeur ne s’arme-t-il pas contre les coupables pour les exterminer et les perdre ? Ah ! fallait-il descendre sur la terre pour y être si indignement traité ? Etait-ce pour cela que vous étiez resté au milieu de nous, et que vous aviez laissé votre Cœur sur la terre ? Remontez, Dieu outragé, remontez dans le Ciel. Là, vous recevrez les empressements, les adorations et l’amour pur des Anges et des Saints.

Mais non, Seigneur, demeurez, demeurez toujours avec nous. Hélas ! que deviendrions-nous si vous abandonniez la terre ? Votre père outragé, n’y voyant plus l’unique objet de ses, complaisances, répandrait bientôt sur nous la coupe de sa fureur. Et comment pourrions-nous échapper à sa justice ? Cœur de Jésus ! vengez-vous en Dieu. Convertissez-nous, changez-nous, pardonnez-nous.

Jésus-Christ : Mon amour s’est engagé à rester au milieu de vous jusqu’à la consommation des siècles ; mais dans les douleurs qui affligent mon cœur, n’ai-je pas droit d’attendre que quelqu’un vienne compatir à mes souffrances ? et dans l’abandon où me laisse la multitude, ne devais-je pas espérer que mes amis viendraient me consoler ? Cependant personne ne se présente. (Matth. 28, Ps. 68.)

L’Adorateur : Non, aimable Sauveur, non, vous ne serez plus abandonné. Tous mes associés et moi, nous nous ferons un devoir de vous visiter, de vous adorer, de vous tenir compagnie. O Cœur de Jésus ! toujours brûlant d’amour pour nous, toujours prêt à faire miséricorde, pardonnez-moi l’oubli que j’ai eu pour vous jusqu’ici. Pardonnez-moi ma tiédeur, mon peu de Foi, mon peu de zèle à vous faire connaître et aimer. Que mon cœur soit anéanti, s’il doit être encore insensible pour vous, mon Sauveur, qui vous êtes sacrifié pour moi. Le plus grand nombre de mes années est perdu, puisque je ne vous ai point aimé ; mais les plus heureuses me restent, puisque désormais je vous aimerai, je vous ferai ma cour, je vous honorerai le reste de ma vie. C’est à vous, Cœur Adorable ! que je consacre le reste de mes jours. Oui, tous les soupirs de mon cœur, toutes les respirations de ma vie sont désormais pour vous. Ah ! je voudrais que toutes les créatures eussent des cœurs de Séraphins pour vous aimer ; que toutes les bouches ne retentissent que de vos louanges ; que tous les esprits ne s’occupassent que de vos grandeurs. Je m’unis à tous les hommages que vous recevez des Anges, des Saints, et des Justes qui vivent sur la terre. Je voudrais que tous ceux qui vous aiment et qui vous adorent, fussent multipliés à l’infini, et je donnerais tout mon sang ( Ah ! du moins mettez-moi dans cette disposition) ; oui, je donnerais tout mon sang pour empêcher une seule offense contre votre Divine Majesté.

Jésus-Christ : Mon fils, j’accepte vos désirs. Demandez tout ce que vous voudrez à mon Cœur, vous serez exaucé. Oui, tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous l’accordera.(Jean. 16. )

L’Adorateur : Je parlerai avec confiance à mon Seigneur, puisqu’il me le permet. Mais, ô mon Dieu ! que pourra vous demander une créature aussi misérable que je le suis ! Je vous demanderai, Seigneur, avec Saint Augustin, que vous me donniez de quoi vous donner, afin que je puisse vous payer quelque petite partie sur cette grande dette que je vous dois. Je vous demanderai de vous souvenir que je suis votre créature, et de me faire la grâce de connaître quel est mon Créateur, afin que je l’aime. O mon Dieu, ma miséricorde ! Comment pouvez-vous mieux faire connaître ce que vous êtes, qu’en me faisant grâce ? Grand Dieu ! signalez votre puissance en faisant regagner à mon âme, par l’ardeur de son amour, tout le temps qu’elle a perdu en manquant de vous aimer. O mon espérance unique, mon Père, mon Créateur, mon vrai Seigneur ! ô mon Jésus !

Extrait de : Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, à l’Usage d’une Confrérie Établie à Semur en Brionnois, 1826.

Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus : l’Heure d’Adoration (3)

Gravure du Sacré-Cœur de Jésus en médaillon

Cœur Sacré de Jésus que votre Règne arrive !

EXERCICE POUR L’HEURE D’ADORATION.

Entretien de Jésus-Christ avec son Adorateur. (2ème partie)

L’Adorateur : Vous voulez, ô mon Sauveur, que je vous mette comme un cachet sur mon cœur et sur mon bras ; que je sois l’imitateur de vos vertus et de vos sentiments. Je le désire ardemment, mon Dieu, mais faites moi exécuter ce que vous me commandez. O Jésus ! votre cœur est pur, que le mien soit pur ; votre cœur est humble, que le mien soit humble ; votre cœur est patient, que le mien soit patient ; votre Cœur est docile, que le mien soit docile ; votre Cœur est tout amour, que mon cœur en soit embrasé. Que votre Cœur, ô mon Jésus ! possède entièrement le mien ; que le mien, ô mon Jésus ! soit entièrement perdu dans le vôtre ; qu’il soit un cœur fidèle, un cœur contrit, un cœur généreux, un cœur charitable, un cœur parfaitement Chrétien. Ah ! je veux désormais m’appliquer avec le secours de votre grâce, ô mon Sauveur ! à n’avoir plus dans mon cœur que ce que vous avez dans le vôtre, pureté, humilité, patience, docilité, courage, douceur, Charité ; à n’avoir plus que Jésus et son amour. Plus de cœur à moi, mais à Jésus. Ce n’est plus mon cœur, il est tout à vous. Ouvrez-le, fermez-le, embrasez-le, il est à vous. Hélas ! il ne l’a pas toujours été. Mais, ô Cœur de Jésus l il l’est à présent par votre grâce, et j’espère qu’il le sera à jamais.

Jésus-Christ : L’amour est fort comme la mort ; le zèle est inflexible comme l’enfer. Ses lampes sont des lampes de feu et de flamme, que les plus grandes eaux ne peuvent éteindre. Tel est le caractère de mon amour pour vous ; tel doit être votre amour pour moi. (Cant. 8.)

L’Adorateur : Votre zèle, ô mon Sauveur ! votre amour pour moi a été bien plus puissant que l’enfer, puisqu’il m’en a délivré, et qu’il en a brisé les portes pour m’ouvrir celles du Ciel. Il a été bien plus fort que la mort, puisque vous l’avez désarmée pour me rendre la vie. O force étonnante de l’amour ! tout grand, tout puissant, tout invincible que vous êtes, ô mon Dieu ! il vous surmonte, il vous désarme ; il triomphe de votre Cœur ; il arrête votre bras levé sur les coupables pécheurs ; il les soustrait à votre redoutable justice, pour les donner à votre infinie miséricorde. Je le connais maintenant, ô mon Dieu ! c’est par l’amour que votre grandeur suprême s’est abaissée, que votre plénitude infinie s’est répandue, que votre nature divine s’est unie à la nôtre, que votre majesté redoutable s’est familiarisée ; c’est par la force de ce même amour, que la créature peut monter jusqu’à vous, et qu’elle a le privilège inestimable de pouvoir entrer dans votre Cœur.

Voilà comment Jésus-Christ nous a aimés, ô mon âme ! voilà les preuves de son amour plus fort que la mort ; les humiliations, les souffrances, les fouets, les épines, les clous, la Croix, l’effusion de tout son sang ; enfin l’ouverture de son Cœur qui est notre asile, notre refuge, notre espérance, même après nos chutes et nos infidélités, quelque énormes qu’elles soient. Les flammes de son amour sont si ardentes, que toutes les eaux de nos iniquités ne sauraient les éteindre. Mais, mon âme, où sont les marques du vôtre ! Qu’avez-vous fait pour Dieu ? où sont les victoires que vous avez remportées sur vos passions ? où sont les travaux que vous avez entrepris, les souffrances que vous avez endurées pour sa gloire et son amour ?

Hélas ! mon Dieu, que notre zèle pour vous est faible ! que notre amour pour vous est languissant ! Vos intérêts sont abandonnés plus que jamais. Le nombre de vos ennemis augmente chaque jour, et où sont ceux qui se lèvent pour défendre votre cause, pour soutenir votre honneur ?

Jésus-Christ : O mon fils ! est-il une douleur semblable à la mienne ? Qu’ai-je pu faire pour mon peuple que je n’ai pas fait ? J’ai nourri des enfants, je les ai élevés, et ils se sont révoltés contre moi. Je les ai portés dans mon Cœur, et ils l’ont déchiré, outragé, abandonné. En vérité, les douleurs de la mort m’ont environné, et les fureurs de l’enfer se sont déchaînées contre moi. ( Tren. I. Isaïe I, Ps. 114.)

L’Adorateur : O mon Seigneur et mon Dieu ! la douleur s’empare de mon âme, l’affliction et la tristesse serrent mon cœur à la vue des douleurs excessives du vôtre, et de la monstrueuse ingratitude des hommes envers vous. Prosterné, anéanti devant votre Cœur adorable, je vous en fais réparation en présence du ciel et de la terre. Pardon, Divin Jésus, pardon de toutes les injures, de tous les mépris, de tous les outrages qui vous ont été faits dans tout le cours de votre vie et de votre douloureuse passion. Pardon de toutes les impiétés, de toutes les irrévérences, et de tous les sacrilèges qui ont été commis contre vous dans le Sacrement de votre amour, depuis que vous l’avez institué. Pardon surtout de toutes les douleurs que j’ai moi-même causées à votre Divin Cœur, par mes péchés sans nombre, par mes irrévérences dans le lieu saint, par mes communions tièdes, négligées, et peut-être sacrilèges, par l’abus que j’ai fait de vos grâces et de votre sang précieux. Ah si je pouvais, par ma pénitence et par mes adorations, vous rendre la gloire que tant de crimes vous ont ravie ! Si je pouvais, par mes discours et par mes exemples, ramener à vous tant de cœurs qui s’en sont éloignés ! Si je pouvais, par mes larmes et par mes prières, faire cesser tant de scandales, procurer votre gloire, et vous attirer de vrais adorateurs en esprit et en vérité !

Extrait de : Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, à l’Usage d’une Confrérie Établie à Semur en Brionnois, 1826.

Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus : l’Heure d’Adoration (2)

Sacré-Cœur de Jésus ma force mon espérance

Sacré-Cœur de Jésus, Vous êtes ma force, soyez mon espérance.

EXERCICE POUR L’HEURE D’ADORATION.

Entretien de Jésus-Christ avec son Adorateur. (1ère partie)

Jésus-Christ : Ouvrez-moi votre Cœur, ma sœur, mon épouse, ma bien-aimée. (Cant. 5.)

L’Adorateur : Est-ce bien à moi que vous daignez adresser ce langage, ô mon Dieu ? Mon âme n’est qu’un abîme de misères et de péchés, et vous l’appelez votre sœur, votre épouse, votre bien-aimée ! Je n’osais lever les yeux vers un Cœur si pur et si saint ; et aussitôt que je me présente à lui, il me prodigue les faveurs les plus distinguées. Quoi ! je suis assez heureux pour attirer sur moi les yeux, l’esprit et le Cœur de mon Dieu ! quelle gloire !…. O Seigneur du monde, et véritable époux de mon âme ! ô mon seigneur et mon Dieu ! est-il possible que vous ne dédaigniez pas la compagnie d’une créature aussi vile que je le suis ? Ah ! puisque vous voulez bien me souffrir en votre présence, puisque vous me commandez-même de vous ouvrir mon cœur, j’obéis, ô mon Dieu ! mon cœur vous est ouvert ; il est ouvert pour vous seul. Retirez-vous, vaines créatures ; laissez-moi converser avec mon Dieu, et puiser dans son Cœur le véritable amour.

O mon Dieu ! quelle incompréhensible bonté ! vous souffrez devant vous une créature qui vous a été si infidèle ? Non-seulement vous ne la rejetez pas, mais vous l’appelez votre sœur, votre épouse, votre bien-aimée. Vous attendez avec patience qu’elle s’approche de vous ; vous lui tenez compte des moments où elle vous témoigne de l’amour, et un léger repentir vous fait oublier toutes ses infidélités. Je l’éprouve, mon Créateur, et je ne comprends pas comment tout le monde ne tâche pas de s’approcher de vous. Ah ! puisse mon cœur se fondre comme la cire, au feu d’un si grand amour !

O mon souverain Seigneur, puissance infinie, immense bonté, suprême sagesse, abîme de merveille, beauté, source de toutes beautés, océan d’amour et l’amour même, ô Cœur de Jésus ! je vous adore, je vous écoute ; parlez à mon cœur, imposez silence à toutes les facultés de mon âme, à tous mes sens :je vous écoute, parlez.

Jésus-Christ : Vous avez blessé mon Cœur, ma sœur, mon épouse ; vous avez blessé mon cœur. (Cant. 4.)

Adorateur : O Dieu d’immense majesté ! comment se peut-il que votre amour vous ait blessé jusqu’à prendre un cœur semblable au mien ? je le comprends, vous l’avez pris, ce cœur, pour ressentir toutes mes misères. Mais quel miracle incompréhensible de votre Divin Amour, de n’avoir pris ce cœur que pour le laisser percer en faveur d’un ingrat ! vous l’avez laissé blesser sur la Croix à la face de toute la terre, afin que personne n’ignorât l’excès de votre tendresse, et il en est sorti du sang et de l’eau, pour me purifier et me sauver. Vous portez encore dans le ciel cette plaie si glorieuse ; la cicatrice de votre Cœur ne se fermera jamais. Vous vous ferez honneur pendant une éternité entière de cette blessure amoureuse, qui est la marque triomphante de votre amour. O Divin Cœur ! blessez le mien ; faites-y, par votre amour, une plaie si profonde, qu’il s’ouvre tout entier, et qu’il n’en guérisse jamais. Blessez-le du même fer dont vous avez été percé, afin qu’il en coule des eaux d’une sincère pénitence, et du sang d’un véritable amour.

Oh ! si je pouvais encore faire une plaie innocente à votre Cœur par mon amour ! Si mon cœur, pénétré d’une vraie tendresse, pouvait aussi percer et pénétrer le vôtre ! Mais, hélas ! ce cœur criminel vous a fait une infinité d’autres plaies douloureuses, par son ingratitude et son infidélité. J’ai percé votre Cœur, ô mon Jésus ! non par mon amour, mais par ma dureté. Je l’ai blessé d’une manière bien plus sensible, en laissant blesser le mien par l’amour des créatures. O Céleste Époux ! arrachez cette flèche honteuse de mon cœur, et dardez-y celle de votre Divin Amour.

Jésus-Christ : Mon Fils, plus de partage ; donnez-moi votre cœur, tout votre cœur : je le veux. (Prov.23.)

L’Adorateur : Jusqu’où vous abaissez-vous, Seigneur ? Quoi ! vous ne dédaignez pas de me demander mon cœur ; et malheureux que je suis, je n’ai pas rougi de vous le refuser pour le donner au monde ! Quelle tendresse de votre part ! quelle dureté de la mienne !

Mais, mon Dieu, qu’est ce cœur que vous me demandez ! hélas ! il est souillé de mille taches honteuses : comment pourriez-vous le supporter, vous qui êtes la pureté même ? c’est un cœur de chair qui se porte avec violence vers les objets sensibles ; c’est un cœur de pierre, que rien ne peut amollir. Ah ! mon Dieu, que je sens de désordres dans ce mauvais cœur ! que d’amour de moi-même ! que d’attache à mes pensées, à mes désirs ! à mes intérêts ! que de pente vers la terre ! que de dégoût pour le ciel, que de tiédeur dans votre service ! que de délicatesse pour ce corps qui doit périr !

Cependant, Seigneur, puisque tel qu’il est, vous daignez me le demander, le voici, je vous le donne. O Amour, ô mon Roi, ô mon Dieu, ô Jésus, l’unique objet de ma tendresse, recevez-moi en ce moment dans votre Sacré-Cœur, afin que je sois tout à vous. A cet instant prenez-moi et jetez-moi dans cette mer immense de votre Charité. Jetez-moi, sans délai, dans cette fournaise ardente, pour que j’y sois entièrement consumé de Votre Amour. Là, ô mon doux Sauveur ! faites-moi goûter le prix du sang qui m’a racheté. Là, faites-moi comprendre combien je dois vous aimer. Tirez-moi au-dedans de vous-même, submergez-moi dans l’abîme de votre parfaite Charité. Accordez-moi le bonheur de jouir actuellement de votre divine présence, parce que mon âme ne désire que vous.

O Amour ! vous êtes cette eau vive dont j’ai soif. Mon cœur se porte à vous avec une ardeur qui fait son tourment. Ouvrez-moi votre Aimable Cœur… voilà le mien ; il est à vous, à vous pour l’éternité. Donnez-moi votre Cœur, ô Jésus !

Jésus-Christ : Oui, mon fils, je vous donne mon Cœur ; mettez-le comme un cachet sur votre cœur, et comme un sceau sur votre bras. Étudiez-en les sentiments, copiez-en fidèlement les vertus. (Cant. 8.)

L’Adorateur : Quel don, ô mon âme ! recevez l’impression de ce Cœur tout brûlant d’amour, et faites tous vos efforts pour lui ressembler.

Mon cœur est l’ouvrage de vos mains, ô mon Dieu ! il porte votre image et votre ressemblance. Vous l’avez formé pour en faire votre demeure, votre trône, votre autel, votre tabernacle. Entrez, Divin Jésus, entrez dans cette demeure, et purifiez-la de tout ce qui n’est pas digne de vous. Commandez en Souverain sur ce trône, et donnez-moi toute la docilité dont j’ai besoin pour vous obéir. Recevez sur cet autel le sacrifice que je vous fais de tous mes penchants. Résidez, comme un Dieu de majesté et de sainteté, dans ce tabernacle vivant que vous avez choisi pour vous-même. Mais achevez, ô Jésus ! de vous copier dans cette image ; effacez tout ce qui ne vous y ressemble pas ; gravez-y tous vos traits.

Regarde, ô mon âme ! ce Divin Modèle. Vois-le élevé sur la montagne, attaché à la Croix ; il est ou mourant ou mort. Il faut le copier fidèlement. Exprime bien par la pénitence cette tête ensanglantée, ces yeux éteints, cette bouche livide, ces pieds et ces mains percés. Ne te contente pas de l’extérieur, va au Cœur ; il est ouvert par une lance, afin que tu puisses y pénétrer. Imites-en l’amour, la douceur, l’humilité, la Charité. Abaisse ensuite les yeux sur la terre du Calvaire, tu la verras toute arrosée de son sang. A ce sang répandu, comprends que l’amour se témoigne plus par les actions que par les sentiments.

Extrait de : Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, à l’Usage d’une Confrérie Établie à Semur en Brionnois, 1826.

Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus : l’Heure d’Adoration (1)

Sacré-Cœur de Jésus image en dentelle

Exercice pour l’Heure d’Adoration

La dévotion au Sacré-Cœur a pour objet principal, 1.° de remercier Jésus-Christ de nous avoir donné son Cœur dans le très-saint Sacrement ; 2.° de réparer les outrages qu’il y reçoit de la part des hommes. C’est pour remplir cet objet qu’on a établi l’adoration perpétuelle du Cœur de Jésus. On prend une ou plusieurs heures par année, suivant sa dévotion. On la passe en esprit d’adoration devant ce Cœur Sacré, se regardant comme député, au nom de tous les Associés, pour lui rendre un hommage perpétuel d’adoration, de reconnaissance, d’amour et de compassion sur les outrages qui lui sont faits. Que de grâces, que de bénédictions sont répandues sur ceux qui s’en acquittent dignement !

Les Associés verront donc arriver avec joie l’heure heureuse où ils doivent remplir ce juste devoir. Ils s’y prépareront, s’il est possible, par la confession et la communion, afin de gagner l’indulgence plénière qui est accordée pour ce jour-là.

Offrande de l’heure d’adoration.

O mon Sauveur et mon Dieu ! chargé des vœux de tous les Associés à votre Sacré-Cœur, je viens vous les présenter avec un saint empressement. Quel bonheur pour moi de pouvoir m’entretenir avec vous, d’admirer l’amour immense de votre Cœur pour les hommes, de vous offrir quelque réparation pour les outrages qu’ils ne cessent de vous faire ! Mais comment pourrai-je m’acquitter d’un si saint devoir, misérable créature, indigne pécheur que je suis ! O Jésus ! unissez ma froide oraison à la ferveur de la vôtre. Offrez à votre Père céleste les saintes dispositions de votre Sacré-Cœur, pour suppléer à mon impuissance.

O Vierge Sainte ! ouvrez-moi le Cœur de votre divin Fils ; introduisez-moi dans ce sanctuaire de toutes les grâces et de toutes les vertus. Je m’unis aux hommages parfaits que lui rend votre Cœur immaculé. Esprits bienheureux, qui êtes humblement prosternés devant ce Cœur adorable, je m’unis à vos profondes adorations ; communiquez-moi votre amour et votre recueillement, et présentez-lui ma prière. Venez, Saints du Ciel, venez, Justes de la terre ; venez, tous mes Associés ; venez, toutes les puissances de mon âme : adorons ensemble le Cœur de notre Dieu. O Jésus ! attirez-moi vous-même dans votre Cœur, afin que je vous adore d’une manière digne de vous.

Pénétrez-vous bien de la présence de Dieu, et après un acte de foi le plus vif possible, vous considérerez quelque temps ce que vous êtes devant lui.

Hélas ! la profonde misère devant la grande miséricorde….
Qu’ai-je été ? un pur néant…. Que suis-je ? un triste assemblage de corruption, d’ordures et d’iniquités…. Que serai-je ? la pâture des vers…. Qu’ai-je fait ? rien pour vous, ô mon Dieu ! et le péché est mon seul ouvrage. . . . Qu’ai-je mérité ? de gémir éternellement dans les fers…. Qu’ai-je acquis depuis que je suis au service de Dieu ? pas une seule vertu, mais des trésors de crimes et de colère.. .. Qu’ai-je perdu ? vos grâces, Seigneur, et le fruit du sang que vous avez répandu pour moi…. Que puis-je enfin ? rien sans votre secours, pas même avoir une bonne pensée, ni prononcer votre Saint Nom d’une manière utile à mon salut.

Ou bien, considérez-vous comme un malade auprès d’un médecin tout-puissant.

Jésus, Fils de David, si vous le voulez, vous pouvez me guérir….

Ou bien, comme l’enfant prodigue aux pieds du meilleur de tous les pères….

Mon Père, j’ai péché contre le Ciel et devant vous : je ne suis plus digne d’être appelé votre fils : traitez-moi comme un de ceux qui sont à vos gages…. Et je serai trop heureux.

Ou bien, comme la pécheresse, comme la femme adultère en présence de son juge, mais qui veut bien se rendre son médiateur….

O tendre et fidèle Époux ! je suis une épouse infidèle ; mais écoutez ma voix gémissante, écoutez les sentiments de douleur et d’amour que je forme en ce moment. Toutes les fois qu’on a recouru à votre miséricorde, vous avez toujours répondu par des faveurs. Vous avez incliné votre Cœur aux gémissements de la femme adultère, aux larmes de Pierre, à la tendresse de Magdelène. N’êtes-vous pas toujours le même Dieu ? n’avez-vous pas maintenant encore la même puissance, la même Bonté, le même cœur ?…

Enfin, pensez que vous êtes devant le Cœur de Jésus, c’est-à-dire, auprès du trône de la miséricorde. Approchez-en avec confiance ; tenez vous-y, plein d’un amour tendre et respectueux ; écoutez ses amoureuses paroles, et répondez-lui avec tendresse, mais doucement et avec un cœur bien sincère.

Extrait de : Exercices de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, à l’Usage d’une Confrérie Établie à Semur en Brionnois, 1826.