![Portrait dessin de Mgr Dupanloup](https://francais-et-chretiens.home.blog/wp-content/uploads/2020/05/portrait-dessin-mgr-dupanloup.jpg?w=401)
Mgr Dupanloup (1802-1878), Évêque d’Orléans.
La Vrai Doctrine Chrétienne Relativement à la Providence.
« De toutes les perfections infinies de Dieu, dit Bossuet, celle qui a été exposée à des contradictions plus opiniâtres, c’est sans doute cette Providence éternelle qui gouverne les choses humaines. Rien n’a paru plus insupportable à l’arrogance des libertins, que de se voir continuellement observés par cet œil toujours veillant de la Providence divine. Il leur a paru, à ces libertins, que c’était une contrainte importune de reconnaître qu’il y eût au ciel une force supérieure qui gouvernât tous nos mouvements, et châtiât nos actions déréglées avec une autorité souveraine. Ils ont voulu secouer le joug de cette Providence qui veille sur nous, afin d’entretenir dans l’indépendance une liberté indocile, qui les porte à vivre à leur fantaisie, sans crainte, sans retenue et sans discipline. Telle était la doctrine des Épicuriens, laquelle, toute brutale qu’elle est, tâchait de s’appuyer sur des arguments tirés de la distribution des biens et des maux. […] c’est l’effet des lois naturelles ! »
Mais cette réponse n’explique rien.
La question reste tout entière : Pourquoi le Dieu bon, auteur du monde et des lois de la nature, a-t-il établi un monde et des lois dont l’humanité devait tant souffrir ? Cette question est pour vous absolument insoluble. Il faut dire comme nous, ou vous jeter dans le fatalisme comme vous le faites, et vous plonger en cet abîme de l’athéisme, dont Bossuet disait que c’est mettre son repos dans une fureur qui ne trouve presque point de place dans les esprits : et alors les absurdités où vous tombez deviennent insoutenables, vous suivez l’une après l’autre d’incompréhensibles erreurs, et descendez au-dessous du paganisme lui-même.
Sans doute, je l’ai dit, l’antiquité païenne, en conservant une certaine tradition de ces grands dogmes de la Providence et de la justice divine, était loin de les entendre et d’en pénétrer les saintes obscurités aussi bien que nous pouvons le faire aujourd’hui, dans la pleine lumière du Christianisme.
Toutefois le haut bon sens des anciens leur faisait voir que Dieu, Créateur et Souverain Maître, peut sans injustice, dans cet ordre du monde, mélangé pour tous de biens et de maux, envoyer des maux sur un peuple ou sur une famille, à la suite de quelque grand forfait commis par leur chef ; que ces grands coups, dont frappe quelquefois la justice divine, ont ce but très haut et cet effet très-digne de Dieu, d’imprimer aux hommes une plus grande horreur des grands crimes, quand ils voient le mal vengeur se précipiter à la suite, et s’étendre quelquefois sur tout un peuple, ou sur plusieurs générations dans la famille du coupable.
Les anciens pouvaient entrevoir aussi quelque chose des dédommagements et des récompenses, par lesquels Dieu couronne, dans une vie meilleure, le mérite de la résignation et de la patience. Mais que nos lumières à nous, Chrétiens, sont plus vives, et combien, dans le splendide horizon du dessein total de la Providence, que le Christianisme nous découvre, ces grands et difficiles problèmes de la justice divine, reçoivent pour nos esprits un éclaircissement plus parfait !
![Saint joseph apprenez-nous à supporter les épreuves](https://francais-et-chretiens.home.blog/wp-content/uploads/2020/05/saint-joseph-apprenez-nous-supporter-epreuves.jpg?w=362)
Saint joseph
Apprenez-nous à supporter toutes les épreuves de la vie et à tenir notre cœur toujours soumis à Dieu.
(Père Isidore de Isolani)
Le Christianisme nous éclaire d’abord sur la suprême grandeur de Dieu, et sur la culpabilité de l’homme, lorsqu’il ose s’attaquer à une majesté si haute ; et quand notre apparente innocence se trouve enveloppée dans ces terribles châtiments publics envoyés pour punir les crimes des hommes, chacun de nous peut convenir sans peine qu’il n’y a rien, dans la part qu’il a de ces châtiments, qui surpasse les expiations et les épreuves dont il a lui-même besoin ; et nous disons : Si quelqu’un se croit ici de meilleure condition que ses frères, qu’il se lève et jette la pierre aux autres.
Et de plus, quand le Chrétien se place à ces grands et lumineux points de vue que la foi lui offre : sa destination à une immortelle félicité ; sa vie ici-bas, imperceptible point dans la durée totale d’une existence qui ne doit point avoir de terme, courte épreuve de quelques jours destinée à lui faire mériter, par le noble et laborieux exercice de la vertu, des trésors de gloire et d’impérissable félicité ; combien alors la mystérieuse question du mal physique s’illumine à ses yeux, et comme l’éternelle récompense qui doit couronner bientôt une vie humble, résignée, vertueuse et souvent devenue meilleure par la souffrance même, lui paraît compenser surabondamment tout ce qu’il peut souffrir de maux sur la terre !
C’est ce que voyait, par le profond regard de sa foi et de sa haute intelligence du Christianisme, l’apôtre saint Paul, quand il s’écriait : « Non, toutes les souffrances et tous les labeurs de ce monde ne sont pas dignes d’être mis en comparaison avec cette gloire céleste qui brillera un jour en nous. »
Et c’est ce que voyait aussi le grand génie chrétien de Bossuet, quand il disait : « Par conséquent, ô homme de bien, si parmi tes afflictions il t’arrive de jeter les yeux sur la prospérité des méchants, que ton cœur n’en murmure point ; car la prospérité des méchants ne mérite pas d’être désirée. Si cependant le fardeau de tes malheurs s’augmente, ne te laisse pas accabler ; et reconnais, dans la douleur qui te presse, la main de Dieu qui te guérit ! Enfin si tes forces se diminuent, soutiens ton courage abattu, par l’attente du bien que l’on te propose, qui est la bienheureuse immortalité. »
![Dieu cache une grâce dans la douleur des épreuves](https://francais-et-chretiens.home.blog/wp-content/uploads/2020/05/dieu-cache-grace-douleur-epreuves.jpg?w=335)
Dans les épreuves que Dieu envoie, il y a toujours une grâce caché dans le douleur. (Mgr de Lagrange, 1827-1895, Évêque de Chartres)
Je le dirai donc à ceux qui se révoltent contre la Providence et la justice divine : Vous croyez vous insurger contre un juge : vous vous révoltez contre un père. Ce n’est pas seulement la crainte salutaire, c’est l’espérance aussi que vous repoussez, l’espérance consolatrice, soutien de la vie. Le Dieu juste, Jéhovah, est le Dieu qui punit les coupables, mais il est aussi le Dieu qui éprouve et récompense les justes, et qui accueille les repentants, le Dieu qui console, le Dieu qui bénit. Sans doute, notre Dieu est l’arbitre de la vie et de la mort, mais il est le Dieu de la vie. Dieu n’a pas fait la mort, dit l’Écriture, et il ne se réjouit pas en la ruine de ses créatures. Dieu a créé toutes choses pour qu’elles fussent ; et il a fait guérissables toutes les nations de la terre ; » et quant à la mort, c’est le péché qui l’a introduite dans l’humanité ; mais c’est Jésus-Christ, Sauveur et Libérateur du monde, qui nous en délivre ; il sauve nos âmes par sa grâce, et même nos corps par la résurrection glorieuse. Et si les maux publics que sa main envoie aux méchants atteignent aussi les bons, c’est que, châtiments pour les uns, ils sont épreuves pour les autres : et toujours il faut les accepter avec soumission de sa justice et de sa bonté, comme il les donne ; châtiments ou épreuves, il ne tient qu’à nous de les tourner en mérites et de les changer en biens, de même que la Providence tire le bien du mal, dans le gouvernement du monde.
C’est ce que disait avec une énergique précision saint Jérôme : « Des deux, choisissez ce qui vous conviendra ; si vous êtes juste, c’est une épreuve ; si vous êtes pécheur, c’est une expiation. » Et il ajoutait : « Vous vous plaignez injustement ; vous souffrez moins que vous ne méritez. »