La Dimension Antichrétienne de la Révolution – Xavier Martin

Peut-être plus qu’une simple dimension parmi d’autres, la révolution apparait essentiellement comme une tentative de destruction du Catholicisme et l’ordre révélé.
Le Roi Louis XVI et la Monarchie Française ayant été des victimes collatérales des ennemis de Notre Seigneur.

La France Et Le Cœur De Jésus (3ème Partie)

Canivet Sacré-Cœur de Jésus

SOUS LOUIS XVI ET LA CONVENTION.

Le 23 décembre 1787, madame Louise de France, l’héroïque carmélite de Saint-Denis, expirait en prédestinée dans son humble cellule. La fille des rois s’était offerte comme une victime d’expiation, et Dieu avait accepté son sacrifice ; mais sa justice irritée demandait une victime plus auguste encore.

La Révolution avançait à grands pas, menaçant de tout engloutir : monarchie, noblesse, clergé, vieilles institutions et vieilles mœurs. Bientôt Louis XVI comprit que sa main n’était plus assez ferme pour lutter contre la tempête. Enfermé dans son palais des Tuileries après le retour de Varennes, il tourna sa pensée vers le Cœur de Jésus. C’est dans les premiers mois de 1792 qu’il formula ce vœu touchant, dont le texte fut recueilli par les soins de M. Hébert, alors son confesseur et supérieur général des Eudistes, plus tard massacré aux Carmes avec tant de prêtres fidèles. Conformément à l’esprit de sa Congrégation, dont le vénérable Fondateur eut l’honneur d’inaugurer dans l’Église le culte public du divin Cœur, M. Hébert avait sans doute suggéré à son royal pénitent l’idée de ce suprême appel à la divine clémence.

Voici le vœu du Roi-martyr :

« Vous voyez, ô mon Dieu, toutes les plaies qui déchirent mon cœur, et la profondeur de l’abîme dans lequel je suis tombé. Des maux sans nombre m’environnent de toutes parts. A mes malheurs personnels et à ceux de ma famille, qui sont affreux, se joignent, pour accabler mon âme, ceux qui couvrent la face du royaume. Les cris de tous les infortunés, les gémissements de la religion opprimée retentissent à mes oreilles, et une voix intérieure m’avertit encore que peut-être votre justice me reproche toutes ces calamités, parce que, dans les jours de ma puissance, je n’ai pas réprimé la licence du peuple et l’irréligion, qui en sont les principales sources ; parce que j’ai fourni moi-même des armes à l’hérésie qui triomphe, en la favorisant par des lois qui ont doublé ses forces et lui ont donné l’audace de tout oser.

« Je n’aurai pas la témérité, ô mon Dieu, de me justifier devant vous ; mais vous savez que mon cœur a toujours été soumis à la foi et aux règles des mœurs ; mes fautes sont le fruit de ma faiblesse et semblent dignes de votre grande miséricorde. Vous avez pardonné au roi David, qui avait été cause que vos ennemis avaient blasphémé contre vous ; au roi Manassès, qui avait entraîné son peuple dans l’idolâtrie. Désarmé par leur pénitence, vous les avez rétablis l’un et l’autre sur le trône de Juda ; vous les avez fait régner avec paix et gloire. Seriez-vous inexorable aujourd’hui pour un fils de saint Louis, qui prend ces rois pénitents pour modèles et qui, à leur exemple, désire réparer ses fautes et devenir un roi selon votre Cœur ?

« O Jésus-Christ ! Divin Rédempteur de toutes nos iniquités, c’est dans votre Cœur Adorable que je veux déposer les effusions de mon âme affligée. J’appelle à mon secours le tendre cœur de Marie, mon auguste protectrice et ma Mère, et l’assistance de Saint Louis, mon patron et le plus illustre de mes aïeux.

« Ouvrez-vous, Cœur Adorable, et, par les mains si pures de mes puissants intercesseurs, recevez avec bonté les vœux satisfactoires que la confiance m’inspire, et que je vous offre comme l’expression naïve de mes sentiments.

« Si, par un effet de la bonté infinie de Dieu, je recouvre ma liberté, ma couronne et ma puissance royale, je promets solennellement :

« 1° De révoquer, le plus tôt possible, toutes les lois qui me seront indiquées, soit par le Pape, soit par quatre Évêques choisis parmi les plus vertueux de mon royaume, comme contraires à la pureté et à l’intégrité de la foi, à la discipline et à la juridiction spirituelle de la sainte Église Catholique, apostolique, romaine, et notamment la Constitution civile du Clergé.

« 2° De prendre, dans l’intervalle d’une année, tant auprès du Pape qu’auprès des évêques de mon royaume, toutes les mesures nécessaires pour établir, suivant les formes canoniques, une fête solennelle en l’honneur du Sacré Cœur de Jésus, laquelle sera célébrée à perpétuité dans toute la France, le premier vendredi après l’octave du Saint-Sacrement, et toujours suivie d’une procession générale, en réparation des outrages et des profanations commises dans nos saints temples, pendant le temps des troubles, par les schismatiques, les hérétiques et les mauvais chrétiens.

« 3° D’aller moi-même en personne, sous trois mois, à compter du jour de ma délivrance, dans l’église Notre-Dame de Paris, ou dans toute autre église principale du lieu où je me trouverai, et de prononcer, un jour de dimanche ou de fête, au pied du maître-autel, après l’offertoire de la messe, et entre les mains du célébrant, un acte solennel de consécration de ma personne, de ma famille et de mon royaume au SACRÉ CŒUR DE JÉSUS, avec promesse de donner à tous mes sujets l’exemple du culte et de la dévotion qui sont dus à ce Cœur Adorable.

« 4° D’ériger et de décorer à mes frais, dans l’église que je choisirai pour cela, dans le cours d’une année à compter du jour de ma délivrance, une chapelle ou un autel qui sera dédié au Sacré Cœur de Jésus, et qui servira de monument éternel de ma reconnaissance et de ma confiance sans bornes dans les mérites infinis et dans les trésors inépuisables de grâces qui sont renfermés dans ce Cœur Sacré.

« 5° Enfin, de renouveler tous les ans, au lieu où je me trouverai, le jour qu’on célébrera la fête du Sacré-Cœur, l’acte de consécration exprimé dans l’article troisième, d’assister à la procession générale qui suivra la messe de ce jour.

« Je ne puis aujourd’hui prononcer qu’en secret cet engagement, mais je le signerais de mon sang s’il le fallait ; et le plus beau jour de ma vie sera celui où je pourrai le publier à haute voix dans le temple.

« O CŒUR ADORABLE DE MON SAUVEUR ! Que j’oublie ma main droite et que je m’oublie moi-même, si jamais j’oublie vos bienfaits et mes promesses, si je cesse de vous aimer et de mettre en vous ma confiance et toute ma consolation. Ainsi soit-il. »

Ce cri de prière et de détresse n’eut pas son plein effet. Pourquoi ? peut-être parce que Louis XVI n’était plus roi que de nom, quand il prit cet engagement solennel : Dieu veut que la France soit consacrée au Cœur de Jésus par son souverain réel et agissant comme souverain. Du moins le pieux monarque puisa-t-il à cette divine source l’héroïsme du martyre ; et son appel ne resta pas sans écho. Peu de temps après, la Vendée se levait, et l’on sait bien que « cette race de géants, » les Bon champs, les Cathelineau, les Lescure, les La Rochejacquelein et tous les autres, gentilshommes et paysans, se faisaient gloire d’aller à la bataille avec l’image du Sacré Cœur sur la poitrine.

Extrait de : La France et le Cœur de Jésus, 4e Ed. Augmentée de Divers Documents sur l’Œuvre du Vœu National et du Bref de Notre Saint-Père le Pape, par la Père Victor Alet (S.J.), 1873.