Perles de la Dévotion au Cœur de Jésus : Associations en l’Honneur du Cœur de Jésus (2)

Journal Messager du Sacré-Cœur apostolat de la prière

Journal Le Messager du Cœur de Jésus, Apostolat de la Prière. 1911.

IV. Les Volontaires du Sacré-Cœur

Nous lisons dans le Messager du Cœur de Jésus d’octobre 1899, ce qui suit :

« II y a quelque temps, nous recevions du Collège Saint-Joseph de Sarlat, la lettre ci-jointe qui nous montre ce que peut faire l’initiative des enfants Chrétiens quand ils sont bien formés. Ces chers petits de la troisième et de la quatrième divisions se sont dit qu’il leur fallait répondre, pour leur part, à l’appel qu’adressait le Saint- Père au genre humain, et leur surveillant va nous raconter lui-même ce qu’ils ont imaginé. Ce qu’il y a de plus touchant en tout ceci, c’est la spontanéité de cette œuvre qui est sortie du cœur d’un enfant, a été proposée par lui à ses camarades et développée par les élèves eux-mêmes sans que les maîtres aient eu autre chose à faire qu’à applaudir.

Mon Révérend Père. — Depuis un mois, il n’est question parmi nos petits que d’une ligue qu’ils ont nommé la Ligue du Sacré-Cœur. Voici ce que c’est : Le jour de la consécration du genre humain au Sacré Cœur de Jésus, un élève de quatrième eut l’idée de faire quelque chose de plus pour honorer le divin Cœur. Il avait un petit Cœur brodé qu’il commença à porter ostensiblement à la boutonnière. Puis, s’en étant procuré un assez grand nombre, il les distribua à ses amis. Ces petits scapulaires faisaient silencieusement leur apparition, et avant la fin du jour, la division des petits était toute constellée de ces jolis médaillons blancs sur fond rouge.

A la récréation du soir, groupes nombreux et animés. « Que faites- vous là ? demande le surveillant en approchant d’un groupe où un enfant prenait des noms. — Nous formons une ligue. — Ah ! et quel en est le but ? — La régénération de la France ! — Parfait ! continuez. — Oh! mais ce n’est pas seulement pour le Collège, c’est aussi pour les vacances ; nous voulons porter sur nous l’image du Sacré Cœur. — Nous ne nous cachons pas, dit un autre, nous ne formons pas une société secrète. — Que faut-il pour en faire partie ? — Porter ostensiblement l’image du Sacré Cœur et donner une cotisation de cinq sous pour les frais.

A l’étude qui suivit, le président ou plutôt le fondateur, Pierre de L… fit voter pour élire un vice-président et tout un état-major. Les membres de la Ligue prirent le nom de Volontaires du Sacré Cœur.

Le lendemain, une autre grave question : notre ligue ne réussira pas si nous n’avons un joli chant qui entraîne le petit bataillon. Il faut composer le « chant de la ligue ». Un poète est vite trouvé qui fait les paroles, et un musicien qui compose une marche militaire.

Deux jours après, les délibérations sont plus animées, la question est plus difficile encore : il s’agit de choisir un drapeau. Quelle sera la bannière de la ligue, sa forme et surtout sa couleur ? Après de longues discussions et des objections nombreuses, les Volontaires décident que le drapeau national, portant l’image du Sacré-Cœur, sera le drapeau de la ligue. Puisque Notre-Seigneur a demandé que l’image du Sacré Cœur fût mise sur le drapeau de la France, les Volontaires veulent, suivant leur pouvoir, répondre au désir divin.

Drapeau National du Sacré-Cœur Ligue de France

L’Espérance Suprême de la France est dans le Sacré-Cœur. Pape Pie IX

Le troisième jour, nos jeunes fondateurs discutent un nouveau point. Hors du Collège on ne peut porter le scapulaire : on passerait pour fana- tique ; il ne faut effaroucher personne ; d’ailleurs les parents n’y consentiraient pas. Il faut chercher une autre image du Sacré-Cœur, toujours assez voyante, mais plus discrète. On fouille de vieux catalogues et on se décide pour des médailles en argent ou en nickel, portées en épingles de cravate ou en breloque à la chaîne de montre.

D’autres points ont été traités par nos fondateurs avec tout le sérieux qu’exigeait la gravité du sujet.

Vous voyez, mon Révérend Père, que parmi ces enfants l’Apostolat de la Prière a porté ses fruits. Nos petits Sarladais lisent attentivement les deux Messagers, distribuent tous les mois les petits billets bleus et ajoutent l’offrande de la journée à la prière du matin. Parmi eux la Communion fréquente est en très grand honneur. » Henri Ravaille, S. J.

Le Divin Cœur a béni les efforts de ces jeunes cœurs, dont le but principal est de vaincre le respect humain par le port ostensible de son image. La ligue du Sacré-Cœur a été approuvée le 31 janvier 1900 par Mgr l’évêque de Périgueux, et Sa Sainteté le pape Léon XIII a daigné, le 28 mai 1900, la bénir et l’honorer d’un bref spécial. Qu’il nous soit permis, pour la plus grande gloire du Divin Cœur de Jésus, de transcrire ici les statuts adoptés par les Volontaires du Sacré-Cœur.

Le but.

— La ligue du Sacré-Cœur est une association de jeunes Volontaires qui ont pour but d’honorer le Sacré-Cœur de Jésus, de propager son culte, dévotion française à tant de titres, et d’obtenir ainsi la régénération Chrétienne de la France selon les promesses spéciales de Jésus- Christ à notre patrie.

Premier moyen : la prière.

— Les Volontaires doivent :
Réciter chaque jour une prière aux intentions de la ligue ;
offrir tous les mois, en réparation des outrages commis par la France envers le Sacré Cœur, la Communion du premier vendredi ou du premier dimanche et une amende honorable devant le Très Saint Sacrement.

 Deuxième moyen : l’action.

— Les Volontaires doivent :
Pour affirmer leur foi et s’affranchir du respect humain, porter ostensiblement l’image du Sacré Cœur et la répandre autour d’eux. C’est là le signe extérieur et distinctif des Volontaires. L’image du Sacré Cœur peut être portée sous forme de médaille, en breloque ou en épinglette, etc.
Adopter, partout où ils sont réunis en groupe, le drapeau national du Sacré Cœur, l’arborer dans les solennités, en propager l’idée.
Se montrer digne, par leur conduite et leur piété, de servir leur roi Jésus-Christ ; s’efforcer par leurs paroles, leurs exemples et leurs prières, d’attirer les autres à son service, et s’exercer ainsi au dévouement qu’ils désirent employer à la défense des intérêts catholiques de la France.

Extrait de : Perles de la Dévotion au Cœur de Jésus, 1902.

Ligue du Sacré-Cœur Jésus doux humble

Image pieuse de la Maison Bouasse-Lebel, Paris.

Ligue du Sacré-Cœur.
Jésus doux et humble de Cœur, rendez mon cœur semblable au vôtre. (300 j. d’Ind.)

Perles de la Dévotion au Cœur de Jésus : Associations en l’Honneur du Cœur de Jésus (1)

I. Désir De N.S.P. Le Pape

« Le Saint Père souhaite très vivement que les jeunes gens fassent partie de ces sociétés que l’on appelle les pieuses Associations ou Confréries du Sacré Cœur de Jésus. Elles sont formées en effet par cette légion de jeunes gens d’élite qui, après s’être fait inscrire librement, se réunissent dans les chapelles, dans les églises ou dans les oratoires de leurs collèges, et là, sous la conduite d’un prêtre, accomplissent avec dévotion quelques exercices en l’honneur du Sacré-Cœur de Jésus. Si le Divin Rédempteur accueille avec plaisir tout témoignage de piété et de respect que ses fidèles lui offrent, il Lui est assurément très agréable celui que lui offre le cœur d’un jeune homme. Mais il nous est impossible d’exprimer combien cet acte de piété sera utile à la jeunesse elle-même. Car la contemplation fréquente du divin Cœur et la connaissance plus approfondie de ses vertus et de son amour ineffable doit nécessairement réprimer les passions ardentes des jeunes gens et leur fournir un nouveau stimulant pour la pratique de la vertu. »

Lettre du Card. Mazzella, préfet de la S. Congrégation des Rites. —21 juillet 1899.

Scapulaire apostolat de la prière Sacré-Cœur

Scapulaire de l’Apostolat du Cœur de Jésus.

II. Apostolat de la Prière

« L’Apostolat de la Prière n’est autre chose que la dévotion
au Sacré-Cœur mise en pratique. » R, P. Ramiere.

Cette Œuvre est une ligue de zèle et de prières en union avec le Cœur de Jésus. Elle se nomme Apostolat, parce qu’elle a pour but de faire, de tous les Chrétiens, de vrais apôtres, dévoués à la gloire divine et au salut des âmes. C’est l’Apostolat de la Prière, car la prière est le moyen, non pas unique mais principal, qu’elle met en œuvre, moyen facile et universel renfermant, outre les prières proprement dites, les œuvres et les souffrances, offertes chaque jour au divin Cœur. Enfin c’est la Ligue du Cœur de Jésus parce que sa mission officielle est de propager le culte du Sacré Cœur dans le monde (Léon XIII, 24 mai 1879) et d’établir son règne dans les sociétés. Aussi sa devise est : « Que votre règne arrive ! Son insigne : Le scapulaire du Sacré Cœur (Pie IX, 14 juin 1877).

Trois pratiques forment dans l’Apostolat trois degrés à chacun desquels répond une série d’indulgences :

Le premier degré comprend tous les fidèles inscrits dans un centre quelconque de l’Apostolat et muni d’un billet d’admission, qui, chaque matin offrent à Dieu leur journée aux intentions du Cœur de Jésus. Ils se servent habituellement de la formule suivante : « Divin Cœur de Jésus, je vous consacre ma journée et je vous l’offre par le Cœur Immaculé de Marie en réparation de nos offenses et à toutes les intentions pour lesquelles vous vous immolez sur nos autels. »

« II me semble, dit la Bienheureuse Marguerite-Marie, que la seule offrande de nos actions leur donnera plus de mérite et d’agrément devant Dieu que tout ce que nous pourrions faire en tout le reste sans cette application. »

Le deuxième degré est formé de ceux qui ont accepté en outre, d’offrir chaque jour à la Très Sainte Vierge un Pater et dix Ave Maria aux intentions de l’Apostolat. Ces intentions bénies par le Pape sont indiquées chaque mois dans les organes de l’Œuvre : Messager du Cœur de Jésus et Messager du Cœur de Marie.

Enfin le troisième degré renferme tous les Associés qui acceptent de faire la communion réparatrice hebdomadaire ou mensuelle aux mêmes intentions apostoliques. Ils se proposent aussi de consoler le Cœur de Jésus et de détourner les fléaux de la divine colère par cette communion perpétuelle et vraiment réparatrice.

Cette Œuvre approuvée un grand nombre de fois par Pie IX et Léon XIII, a été bénie, encouragée et propagée par presque tous les évêques du monde entier.

Les principaux avantages sont : « 1° de nombreuses indulgences plénières propres à l’Œuvre et de nombreuses indulgences partielles ; 2° un titre particulier aux promesses du Sacré Cœur ; 3° une participation spéciale aux prières, pénitences, messes, communions de presque tous les Instituts religieux. »

Extrait de : Perles de la Dévotion au Cœur de Jésus, 1902.

Perles de la Dévotion au Cœur de Jésus : Léon XIII et la Consécration au Sacré-Cœur

Léon XIII pontife du Sacré-Cœur

Le Pontife du Sacré-Cœur. Léon XIII et sa Mission Providentielle.

Voix de N. S. P. le Pape Léon XIII

A la double base de sa puissance et de sa domination (au droit de naissance et au droit de conquête qui établissent sa royauté) Jésus-Christ nous permet dans sa bienveillance d’ajouter, si nous y consentons de notre côté, la consécration volontaire. Non seulement il ne refuse pas cette offrande, mais il la désire, il la demande : « Mon fils, donne-moi ton cœur. » Et puisque dans le Sacré-Cœur résident le symbole et l’image sensible de la Charité infinie de Jésus-Christ, Charité qui nous pousse à l’aimer sans retour, il est convenable de nous consacrer à son Cœur Très Auguste. Agir ainsi, c’est se donner et se lier à Jésus-Christ, car les hommages, les marques de soumission et de piété que l’on offre au Divin Cœur se rapportent réellement au propre Christ lui-même. C’est pourquoi nous engageons et nous exhortons à accomplir avec ardeur cet acte de piété tous les fidèles qui connaissent et aiment ce Divin Cœur. Après l’avoir accompli, ils sentiront croître leur foi et leur amour. Ceux qui, connaissant le Christ, négligent cependant sa loi et ses préceptes, pourront puiser dans son Sacré-Cœur la flamme de là Charité.

A l’époque où l’Église, toute proche encore de ses origines, était accablée sous le joug des Césars, un jeune empereur aperçut dans le ciel une croix qui annonçait et préparait une magnifique et prochaine victoire. Aujourd’hui, voici qu’un autre emblème béni et divin s’offre à nos yeux : c’est le Cœur Sacré de Jésus sur lequel se dresse la croix et qui brille d’un magnifique éclat au milieu des flammes. En lui nous devons placer nos espérances ; nous lui devons demander et attendre de lui le salut des hommes.

Lettre encyclique du 25 mai 1899.

Léon XIII et le Sacré-Cœur

Léon XIII et le Sacré-Cœur de Jésus.

Consécration du genre humain au Sacré-Cœur

Prescrite par N. S. P. le Pape Léon XIII

Très doux Jésus, Rédempteur du genre humain, jetez un regard sur nous qui sommes humblement prosternés devant votre autel. Nous sommes à vous, nous voulons être à vous ; et, afin de pouvoir vous être plus fermement unis, voici que, en ce jour, chacun de nous se consacre spontanément à votre Sacré-Cœur.

Beaucoup ne vous ont jamais connu, beaucoup ont méprisé vos commandements et vous ont renié. Miséricordieux Jésus, ayez pitié des uns et des autres, et ramenez-les tous à votre Sacré-Cœur.

Seigneur, soyez le Roi non seulement des fidèles qui ne se sont jamais éloignés de vous ; mais aussi des enfants prodigues qui vous ont abandonné, faites qu’ils rentrent bientôt dans la maison paternelle pour qu’ils ne périssent pas de misère et de faim.

Soyez le Roi de ceux que des opinions erronées ont trompés et de ceux que la discorde a désunis ; ramenez-les au port de la vérité et à l’unité de la Foi afin que bientôt il n’y ait plus qu’un troupeau et qu’un pasteur.

Soyez le Roi enfin de tous ceux qui sont encore attachés aux antiques superstitions païennes, et ne refusez pas de les arracher aux ténèbres pour les conduire à la lumière et au royaume de Dieu.

Accordez, Seigneur, à votre Église, une liberté sûre et sans entraves, accordez à tous les peuples l’ordre et la paix ; faites que d’un pôle du monde à l’autre une seule voix retentisse : Loué soit le Divin Cœur qui nous a acquis le salut ; à Lui, gloire et honneur dans tous les siècles.

Ainsi soit-il.

Extrait de : Perles de la Dévotion au Cœur de Jésus, 1902

Perles de la Dévotion au Cœur de Jésus : Premier Vendredi du Mois (3)

Sacré-Cœur de Jésus-Christ

IV. LA DOUZIÈME PROMESSE

a) Le Messager de New-York rapporte le bel exemple d’un membre fervent de l’Apostolat de la Prière, originaire de Montana. Malgré une distance de seize milles [26 km] qui le sépare de l’église, cet associé modèle n’a pas craint d’entreprendre et a heureusement terminé la neuvaine de communions du premier vendredi du mois.

b) Le fait suivant adressé par un missionnaire du Maduré [Inde] au directeur de l’Apostolat, montre que Notre-Seigneur est fidèle à sa promesse.

Au village de Virasouram, vivaient trois pauvres pariâtes qui ne manquaient jamais de venir recevoir la sainte Communion le premier vendredi de chaque mois. Cette année (1899), au mois de mars, le pangou-sami (prêtre) remarqua que deux seulement de ces femmes s’étaient présentées. « Où est Visourasammal ? (c’était le nom de l’absente) demanda-t-il à l’une d’elles. — Sami, elle est malade. Si demain vous pouviez la visiter, elle serait bien contente. — Penses-tu qu’il y ait danger ? — Je ne crois pas, Sami. » Il était déjà nuit, le missionnaire était fatigué, et il restait encore du monde à entendre, « C’est bien, dit-il, j’irai la voir demain matin. » Toutefois le Père n’était pas content. Il y a peut-être danger, se disait-il, pourquoi n’irais-je pas ce soir ? Il partit en effet. Après une bonne demi-heure de course rapide, il atteignit la hutte de la pauvre femme. Il la trouva mourante, mais avec sa pleine connaissance et pouvant encore parler. Quelle joie de recevoir la visite du prêtre à cette heure ! La malade fit sa confession, reçut le saint Viatique, l’Extrême-Onction et l’indulgence plénière avec de grands sentiments de piété. Le missionnaire se retira. Un peu après minuit, à l’aurore du premier vendredi, la pauvre rapiate s’endormit paisiblement dans le Seigneur.

V. UN ENFANT PIEUX

Voici un fait qui s’est produit dans la paroisse Saint-Jean, population de plus de deux mille âmes où la libre pensée s’affiche et l’indifférence tient la grosse majorité de ce qui n’est pas hostile.

Raymond a fait sa première Communion cette année-ci (1899). Il appartient à une famille qui prétend être Chrétienne, il est élève de l’école libre. Plusieurs fois déjà Raymond a fait la Sainte Communion. Cependant, au gré de ses parents, l’enfant va trop à l’église, et dès qu’ils savent que l’enfant fréquente assidûment la Sainte Table, ils le lui défendent.

Depuis lors il est séquestré. La chose est facile, l’habitation étant à quatre kilomètres de l’église ; durant ces vacances, il a été retenu et employé aux champs. Les dimanches cependant, on le laisse passer sa journée à la ville. Mais avant qu’il parte, sa mère lui sert son déjeuner et le surveille afin qu’il mange et ne puisse pas faire la Sainte Communion. Tous les dimanches, depuis un mois, il en a été ainsi. L’enfant cependant ne se décourageait pas, et chaque semaine il venait se confesser et faisait l’adoration du Très Saint Sacrement. Son âme était si bien disposée que Notre-Seigneur devait, lui aussi, désirer de se donner à elle.

Le dimanche, 2 octobre, après s’être confessé, il me dit : « J’espère venir vendredi, je ne sais pas comment je pourrai venir, mais je me prépare !… » Vendredi 7 octobre, Raymond arrive tout radieux après la première messe. Il se confesse et fait la sainte Communion.

Voici ce qui s’était passé : Ce jour-là son père, en l’éveillant, lui dit que. sa mère étant un peu fatiguée, il devra aller à la ville faire certains achats. « Tout de suite, » dit Raymond. Et bientôt il quittait la campagne en toute hâte, priant Dieu et le remerciant que personne ne pensât à le faire déjeuner. « C’est, me disait-il en arrivant, que Jésus a pensé au divin déjeuner que je lui avais demandé. »

Et l’enfant repartit confiant et heureux. Comme je lui disais de préparer encore et tous les jours son âme pour le premier vendredi 4 novembre : « C’est bien long, un mois, » dit-il…. Et il est repartit, priant pour que le bon Dieu éclaire ses parents. (Messager du Saint Sacrement.)

N’oublions pas la grande promesse du Sacré Cœur de Jésus :

« A tous ceux qui communieront les premiers vendredis, neuf fois de suite, je promets la grâce de la pénitence finale ; ils ne mourront pas dans ma disgrâce, ni sans recevoir leurs sacrements, et mon Cœur se rendra leur asile assuré à cette heure dernière. »

Notre-Seigneur pouvait-Il attacher la grande grâce de la persévérance finale à des conditions plus faciles, plus à la portée de tous ?

Extrait de : Perles de la Dévotion au Cœur de Jésus, 1902.

Perles de la Dévotion au Cœur de Jésus : Premier Vendredi du Mois (2)

Image pieuse Sacré-Cœur de Jésus doré

Cœur Sacré de Jésus, je crois à Votre Amour pour moi.

III. LE 1er VENDREDI DU MOIS À TRICHINOPOLY

Mgr Barthe, évêque de Trichinopoly écrivait : Nos Pères missionnaires obtiennent partout de la dévotion au Sacré Cœur des résultats bien consolants. Mais la pratique la plus chère à nos ouailles c’est la Communion du Premier vendredi du mois. On voit souvent des chrétiens faire plusieurs lieues de marche pour avoir part à cette faveur. Dans les principaux centres de la mission, les communions, le premier vendredi de chaque mois, sont aussi nombreuses qu’aux plus grandes fêtes de l’année.

Cette dévotion semble, au reste, renfermer des grâces en quelque sorte irrésistibles. Parfois les missionnaires rencontrent un de ces chrétiens ignorants qui ne visent pas plus haut que la Communion Pascale. On a beau leur signaler telle et telle fête de l’année, il y a toujours des obstacles, des impossibilités ; mais quand on leur demande de communier les premiers vendredis du mois par amour pour le Sacré Cœur de Jésus, dès lors plus de difficultés, ils acceptent avec joie et sont fidèles à leur promesse.  » Après ce témoignage, un témoin oculaire va nous montrer comment les chrétiens de Trichinopoly comprennent le premier vendredi du mois.

« Au cours de mon voyage, dit-il, je me suis trouvé dans la ville de Trichinopoly, chef-lieu de la mission du Maduré (Hindoustan) la veille du premier vendredi du mois.

Dès quatre heures du soir, je vis des groupes de femmes et d’enfants chrétiens se diriger vers l’église du Saint Rédempteur, paroisse de six mille âmes environ. A mesure que le jour avançait et que cessaient les travaux des champs, les groupes devenaient plus nombreux ; des jeunes gens et des hommes s’étaient joints aux premiers arrivés, si bien que la nuit tombante une véritable foule se trouvait groupée autour de l’église, écoutant attentivement un examen de conscience fait par des catéchistes.

Quelle fête avez-vous donc, demandai-je, un peu étonné, à l’un des Pères Jésuites de la paroisse ? Nous fêtons demain le premier vendredi du mois, me répondit-il tout joyeux ; et vous voyez que nos chrétiens se disposent à le célébrer par une bonne confession. Je voudrais bien seulement que les Pères du collège ne se fissent pas trop attendre, sans quoi nous sommes cloués au confessionnal jusqu’à minuit. »

Heureusement, les Pères du collège arrivaient à l’instant même. Ils étaient quatre, le Recteur en tête. Ils avaient pu s’arracher à temps à leurs travaux des classes, et, pour se reposer s’installèrent chacun dans un confessionnal à côté des trois Pères de la paroisse déjà à l’œuvre. Sept prêtres, ce n’était pas trop pour confesser dans une soirée une foule se renouvelant sans cesse. A quelle heure purent-ils aller se reposer, les uns au collège, les autres dans leur maison à côté de l’église, je l’ignore. Ce que je sais, c’est que le lendemain, dès l’aube, toutes les cloches étaient en branle ; leurs joyeuses volées, passant au-dessus de cette ville encore à moitié plongée dans les ténèbres de l’idolâtrie et dans le sommeil, allaient réveiller les chrétiens fidèles et les convoquer auprès du Cœur de leur Dieu. Ils entendirent cet appel. L’église s’emplit peu à peu, et, vers six heures, sur l’autel, orné comme aux jours de fête, au pied de la statue du Sacré Cœur, le curé de la paroisse exposa le Saint Sacrement et un moment après commença la messe.

J’aime la prière silencieuse et recueillie de nos églises de France, mais, je l’avoue, je ne déteste pas la prière plus bruyante des Chrétiens de l’Inde. J’aime à entendre ces masses d’hommes, de femmes et d’enfants répéter, phrase par phrase à haute voix, les mains et les yeux levés vers l’autel, ces prières magnifiques de foi et d’amour, trésor laissé par les premiers Jésuites à leurs premiers convertis.

A l’évangile, dans une courte allocution un vieux missionnaire raviva dans les âmes le feu de l’amour divin, et, à la Communion près de huit cents personnes, parmi lesquelles au moins deux cents hommes s’approchant de la sainte Table, mirent leur cœur en contact avec le Cœur de Dieu. Après une fervente action de grâces, ils se retirèrent tous pour aller à leurs travaux, car la plupart sont pauvres ; mais en s’en allant, ils emportaient au fond de leur âme avec le bonheur, la résolution et la force de se conserver purs au milieu des turpitudes païennes qui les environnent.

Les Pères de la paroisse avaient été seuls à supporter les fatigues de la matinée, aussi quand je les rejoignis après la messe, les trouvai-je rayonnants de joie et ruisselants de sueur, « Voilà une belle et rude matinée, leur dis-je en les saluant ; en avez-vous souvent de pareilles ? — Mais, Dieu merci, oui, me répondit le Curé de la paroisse. Sur six mille chrétiens, j’ai bien une moyenne de quinze cents à deux mille communions par mois ; et chaque premier vendredi nous apporte les mêmes fatigues et les mêmes consolations. D’ailleurs, ajouta-t-il, n’allez pas croire que ma paroisse soit la seule à célébrer ainsi le premier vendredi. Ici même à Trichinopoly, tous les enfants chrétiens du collège Saint-Joseph ont dû probablement s’approcher de la sainte Table et ils sont bien au moins trois cents ; la cathédrale a bien dû avoir aussi ses trois à quatre cents communions. De plus, prenez la carte de la mission, parcourez-la du nord au sud, en passant par Négapatam, Tanjore, Ideicatour, Tuticorin et croyez que leurs églises ont vu, ce matin, des Chrétiens nombreux témoigner leur amour au Cœur de Jésus en le recevant dans l’Eucharistie.

C’est la dévotion au Divin Cœur, conclut mon interlocuteur, qui centuple nos forces, à nous pauvres et simples missionnaires ; c’est elle qui maintient nos Chrétiens dans la foi, la pureté et la ferveur ; c’est la fréquente Communion et le Sacré Cœur qui soutiennent nos œuvres, font vivre nos congrégations, fournissent à nos retraites non seulement des femmes mais de jeunes gens et des hommes en bon nombre, et suscitent, parmi les âmes les plus fidèles, de fréquents appels à la vie parfaite. »

Extrait de : Perles de la Dévotion au Cœur de Jésus, 1902.

Diverses cartes postales de Trichinoploy, début XXe siècle. (Cliquez sur une image pour l’agrandir).