La France, Malgré les Sectes Impies, restera unie au Siège de Pierre.
Sous le regard de Clovis, Charlemagne, Saint Louis et Sainte Jeanne d’Arc, la France Réaffirme Sa Fidélité au Pape et à l’Eglise Catholique. Carte postale Saudinos-Ritouret, début XXe siècle.
Rome, monarchie spirituelle, la France, nation catholique
Que feront-elles l’une pour l’autre ?
Quels services se rendront-elles ?
Services, un tel mot est-il juste ? Ne
craignons pas de l’affirmer. Les peuples et les chefs d’État ont
besoin de l’Église. Que de fois les pontifes l’ont proclamé et,
parmi eux, Léon XIII, avec la haute portée de ses vues, la
rayonnante clarté de son langage. Les peuples reçoivent de l’Église
la vérité qui prévient les dérèglements de l’esprit, la loi
morale et les exhortations qui les arrêtent sur la pente du mal. Aux
chefs d’État, aux gouvernements , elle assure le respect et la
stabilité, en réclamant, de la part de Dieu, l’obéissance à
toute autorité légitime.
Mais les souverains et les peuples, de
leur côté, peuvent et doivent servir l’Église. Puissance
spirituelle, l’Église a besoin d’appuis pour étendre librement
le règne de Jésus-Christ, pour faire triompher le droit et le bien
contre l’injustice et le mal soutenus par la violence. C’est ce
qu’elle veut dire quand, recourant à l’image des deux glaives
qui symbolisent l’autorité spirituelle et l’autorité
temporelle, elle déclare que l’un doit être manié par l’Église
et l’autre pour l’Église.
N’hésitons pas, Messieurs, à le
professer hautement, malgré les préjugés contraires : dans cette
réciprocité de services, peuples et souverains demeurent débiteurs
à l’égard de l’Église, même quand ils ont rempli tout leur
devoir.
Mais au cours des âges, aussi bien que
de nos jours, combien l’ont rempli ce devoir, ou le remplissent ?
A vrai dire, je ne vois guère de nations ou de souverains qui soient sans péchés. Pourtant, il en est qui ont péché plus que d’autres et qui sont allés, par le schisme ou par l’hérésie, jusqu’à la totale séparation d’avec Rome, la pierre angulaire de l’Église. La France, grâce à Dieu, n’est pas de celles-là ; elle a péché, gravement péché, nous devons l’avouer, mais jamais elle n’a pu prendre son parti de rompre à fond et pour longtemps.
Le signe de son élection et de sa vocation catholiques
Élection, vocation ? En dehors du peuple d’Israël, le peuple de Dieu, y a-t-il donc des peuples élus ? Si je considère la rigueur des termes, je ne le pense pas. Mais il est des prédestinations providentielles que les événements nous permettent de vérifier et ces prédestinations, dans notre histoire à nous, apparaissent avec une telle clarté que, sans nulle présomption, et sans diminuer le rôle d’autres nations, nous nous croyons en droit de nous appliquer la parole du psalmiste : non fecit taliter omni nationi [ Cela il ne l’a fait pour aucune des nations. Ps 147, v. 20 ]. Les crises de notre histoire ont coïncidé avec les crises de l’histoire de l’Église romaine et, finalement, la France a aidé au triomphe de l’Église.
L’harmonie préétablie entre le caractère français et l’idée catholique
Ah! certes, le Français est individualiste, personnel, indépendant ; jusque dans sa façon de concevoir la religion, il apporte quelque chose de cet esprit, quelque chose aussi de national. Mais, d’autre part, comme il possède le sens de l’universel ! Il ne considère pas la vérité, le bien, la justice comme un privilège qu’il doive jalousement garder ; si ce privilège lui est accordé, il a hâte de le partager et de le répandre ; quoi de plus catholique ?
Le Français, tel que l’ont constitué les éléments gaulois, romains, germaniques, qui se rencontrent à ses origines, aime à incarner une idée dans un homme, à s’attacher, à se dévouer à cet homme. Considérez par exemple le soldat gaulois, le soldat franc, le soldat français, soldat de Vercingétorix, soldat de Clovis, soldat de Jeanne d’Arc, soldat de Louis XIV, soldat de Napoléon, soldat de Joffre, de Pétain et de Foch ; ah! certes, il murmure et grogne à l’occasion ; mais il aime son chef et éprouve le besoin d’en être aimé.
Or, l’Église catholique se résume elle aussi en un chef visible, le Pape ; ce chef, le catholique français veut l’aimer et tient à en être aimé ; il voudrait même l’être de préférence à tous.
Souvent, Messieurs, vous l’avez
entendu conter : le premier de nos rois, au récit de la Passion, se
serait écrié : « Que n’étais-je là avec mes Francs! »
La France Soldat de l’Église Catholique, aux côtés du Vicaire du Christ
Déjà, je vous l’ai marqué d’un mot, devenu catholique romain, Clovis se fit aussitôt le défenseur de la foi catholique ; il abattit les deux royaumes ariens des Burgondes et des Wisigoths et saint Avitus put écrire la lettre à jamais célèbre : « Toutes les fois que vous combattez, c’est nous qui remportons la victoire ; votre foi, c’est notre victoire. » Mais un compliment, un cri de joie ne pouvait suffire ; le grand évêque traçait un programme : « Puisque Dieu a fait de votre peuple son peuple, il convient que, de votre côté, vous partagiez le trésor de votre foi avec les nations plongées dans l’ignorance… Ne craignez pas de vous adresser à elles et de plaider auprès d’elles la cause de ce Dieu qui a tant fait pour la vôtre. »
Programme prophétique ! Sous les Mérovingiens, l’Irlande, l’Angleterre, la Germanie, reçoivent les missionnaires des Francs, et saint Grégoire le Grand peut écrire à Brunehaut que, « si les Saxons ont eu le bonheur d’entendre la prédication de l’Évangile, c’est à elle après Dieu qu’ils en sont redevables »
Extrait de : La Vocation Catholique de la France et sa Fidélité au Saint-Siège à travers les Ages, par Mgr Alfred Baudrillart, 1928.