L’Apostolat de la Prière – Guide des Zélateurs et des Zélatrices du Sacré-Cœur

Blason apostolat de la prière ligue Sacré Cœur

L’APOSTOLAT DE LA PRIÈRE

I.— SON BUT.

Depuis saint Paul, la scène s’est agrandie. Il ne s’agit plus de convertir l’empire romain et quelques autres contrées voisines, cent millions d’hommes au plus ; il est question de sauver tout le monde infidèle ouvert à l’Évangile par le glaive ou par la science, un milliard d’hommes au moins ; il ne s’agit plus de conserver la foi à un ou deux millions de catholiques, persécutés par les proconsuls romains ; il est question de maintenir dans la vérité deux cent cinquante millions de catholiques menacés par l’indifférence ou l’athéisme.

L’Apostolat de la Prière vient donc à son heure. Il propose aux chrétiens du dix-neuvième siècle le même but que saint Paul indiquait aux premiers chrétiens. Le salut de tous les hommes, la propagation de la foi dans le monde chrétien, en un mot, le complet avènement du règne de Dieu par les intercessions du Cœur de Jésus, tel est le but de l’Apostolat.

2. — SES MOYENS

Et à quels moyens cette œuvre fait-elle appel pour atteindre son but ? Aux mêmes qu’énumérait le grand apôtre. Saint Paul presse les fidèles d’offrir à Dieu, pour le salut du monde de constantes supplications, revêtant toutes les formes possibles de la prière. L’Apostolat, empruntant les idées et presque le langage de l’Apôtre des Gentils, recommande aux Associés d’offrir à Dieu, en union avec le divin Cœur, pour le salut du monde, toutes leurs prières, toutes leurs actions, toutes leurs souffrances ; il les engage en même temps à recourir à la reine, à la patronne, au modèle des apôtres, la Bienheureuse Vierge MARIE, et aussi à faire, dans le même but, de fréquentes communions réparatrices.

Gravure Sacré CœurGravure Sacré Cœur Jésus Cœur Immaculé de Marie
Gravure du Sacré Cœur de Jésus et du Cœur Immaculé de Marie.

Saint Paul, pour exciter la ferveur des fidèles, leur montre Jésus-Christ mourant sur la croix pour le rachat du monde. L’Apostolat découvre à ses membres le Cœur sacré d’où a coulé le sang divin, rançon de nos âmes : il veut que nous unissions nos prières à ses divines intercessions. Ainsi, à dix-neuf siècles de distance, l’Apostolat répète la loi du Maître et le commentaire du disciple ; il n’est que l’écho de la doctrine de JÉSUS-CHRIST et du grand apôtre.

3.— NOS DEVOIRS ENVERS L’APOSTOLAT.

Si nous voulons procurer à cette œuvre éminemment apostolique la diffusion qu’elle mérite, nous avons un triple devoir à remplir envers elle : l’estimer, l’estime devant se trouver à la base de tout dévouement sérieux ; la pratiquer, condition essentielle pour le bien faire comprendre ; la répandre, une œuvre ne faisant du bien que dans la mesure de sa diffusion.

Apostolat de la prière en union avec le Cœur Sacré de Jésus
Apostolat de la prière en union avec le Cœur Sacré de Jésus

4.— EXCELLENCE DE L’APOSTOLAT.

Estimons-le à cause de son excellence.

a) Il est excellent dans son but apostolique ; nous venons de le voir.

b) Il est excellent dans son grand moyen d’action : la prière. La prière ce lien mystérieux qui unit la terre au ciel ! La prière, ce puissant aimant qui attire à nous le Cœur de Dieu et nous le rend propice, malgré nos misères et nos infirmités ! Fussions-nous même persécuteurs de l’Église comme Saul, dès que nous prions, Dieu vient à nous pour nous pardonner ou nous envoie un autre Ananie pour nous remplir de son Esprit. « Le Seigneur dit à Ananie : Levez-vous, et allez dans la rue qui s’appelle Droite, et cherchez dans la maison de Jude un nommé Saul de Tarse, car il est en prière » (Act. IX, 12). La prière, ce levier tout-puissant mis à notre disposition pour soulever le monde écrasé sous le poids du péché et le porter jusqu’au ciel ! c) Il est excellent par les dévotions qu’il nous fait pratiquer : la dévotion au Sacré-Cœur si douce et si consolante, et que, nous assure Léon XIII, « l’on peut appeler aujourd’hui un caractère distinctif de l’Église, l’arche de son salut, le gage de son futur triomphe, le fondement de toutes nos espérances dans un avenir meilleur. »

Léon XIII et le Sacré-Cœur
Léon XIII et le Sacré-Cœur de Jésus.

La dévotion à Marie et à son Cœur Immaculé, ce réservoir habituel et ce canal nécessaire de toutes les grâces qui se répandent du Cœur de JÉSUS, comme de leur source. C’est par le Cœur de Marie que nos Associés offrent chaque jour au Cœur de JÉSUS leurs prières, leurs œuvres et leurs souffrances, afin « de s’assurer le concours d’une Mère si puissante dans le pieux apostolat du salut des âmes » (Stat., III). — La dévotion à l’adorable Sacrement qui groupe tous nos Associés autour du saint Tabernacle, qui les attire en foules compactes à la Table sainte afin « d’apaiser le Sacré-Cœur de Jésus irrité par les péchés des hommes et de le rendre favorable à nos prières. »

Apostolat de la prière réciter chaque matin

5.— AVANTAGES SPIRITUELS DE L’APOSTOLAT.

Estimons-le à cause des avantages spirituels qu’il nous procure : il nous donne un nouveau droit à l’amitié du Cœur de Jésus, puisqu’il a pour objet d’établir, entre ce divin Cœur et nous, cette communication d’intérêts et de sentiments qui constitue la véritable amitié ; il enrichit toutes nos œuvres d’un mérite spécial, parce qu’il les anime des plus excellentes intentions que puisse se proposer le chrétien, la charité dans son exercice le plus parfait ; il communique à toutes nos actions et à nos souffrances une efficacité toute apostolique par leur union avec les intentions du Cœur de JÉSUS ; il nous donne la douce espérance que nous obtiendrons d’autant plus efficacement les grâces dont nous avons besoin pour nous-mêmes, que nous mettrons plus généreusement les intérêts de Dieu au-dessus des nôtres ; il augmente notre courage et notre ardeur à nous dévouer par la pensée des immenses intérêts qui sont remis entre nos mains ; il nous fait entrer en communication de prières et de mérites avec plus de vingt millions d’Associés, groupés autour de plus de soixante mille Centres locaux dans toutes les contrées du monde, et avec tous les grands Ordres religieux et Congrégations religieuses, qui prient, travaillent, et souffrent en union avec nous sur tous les points du globe ;

Promesses du Sacré-Cœur de Jésus

il met à notre disposition plus de 180 indulgences plénières chaque année et, chaque jour, un très grand nombre d’indulgences partielles ; enfin, il nous donne le droit de voir se réaliser à notre égard les promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ en faveur de ceux qui honorent et s’efforcent de faire honorer son divin Cœur.

Extrait de : Le Guide des Zélateurs et des Zélatrices du Sacré-Cœur. 1900. Québec.

Comment Sauver Des Âmes ? – Guide des Zélateurs et des Zélatrices du Sacré-Cœur (2)

Le Sacré-Cœur. Peinture par André Robert.

Le Sacré-Cœur. Peinture par André Robert. Mignard, Edit. à Paris

Premier moyen : La prédication, œuvre de l’Église.

C’est dans ce but que JÉSUS-CHRIST a fondé son Église et qu’il envoie ses apôtres jusqu’aux extrémités de la terre. « Allez, leur dit-il, enseignez toutes les nations, prêchez à toute créature ; celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. » (Marc, XVI, 15, 16).

La prédication évangélique, l’apostolat de la parole, tel est le premier moyen employé par Dieu pour ramener les âmes dans les voies du salut.

L’Église n’a pas failli à sa mission ; elle a de tout temps envoyé partout ses missionnaires, inculqué à tous ses ministres le grand devoir de l’apostolat ; elle n’a cessé de susciter les vocations apostoliques afin de préparer de nouveaux moissonneurs d’âmes et de gagner le monde entier à son divin Époux.

Mais ici encore le libre arbitre de l’homme est souvent venu frustrer les desseins miséricordieux de Dieu et de son Église. Les instruments choisis par Dieu pour conquérir les âmes n’ont pas toujours compris leur noble mission. Si l’Église a eu ses Paul, ses François Xavier et ses François de Sales, qui ont consacré leurs forces et leur vie entière à la conquête des âmes, elle a aussi eu la douleur de voir des Arius et des Luthers s’acharner à leur perte avec une rage infernale. Si un grand nombre de jeunes gens se sont rendus fidèlement à l’invitation du Maître qui les appelait au ministère apostolique, combien, hélas ! ont résisté à l’appel divin et n’ont pas voulu, au grand détriment des âmes, prendre la place qui leur était destinée parmi les ouvriers évangéliques !

Deuxième moyen : La Prière, Devoir de Tous.

Mais il y a plus. Dieu, dans l’économie de sa Providence, n’appelle pas seulement les prêtres à la conquête des âmes ; il y convie encore tous les chrétiens : « Dieu, dit le Sage, a confié à chaque homme le soin de son prochain » (Eccl., XVIII, 12). Si tous ne peuvent se livrer à l’apostolat de la parole, tous peuvent exercer l’apostolat de la prière, d’où la prédication apostolique tire son efficacité. Il ne suffit pas que la parole de l’apôtre frappe l’oreille du pécheur, il faut encore que la grâce de Dieu la fasse pénétrer jusqu’à son esprit et à son cœur. C’est la grâce seule qui convertit ; c’est elle qui terrassa Saul sur le chemin de Damas, qui fit rentrer l’enfant prodigue en lui-même et le ramena aux pieds et dans les bras de son père.

Voyez cet homme qui a négligé ses devoirs religieux pendant de longues années et s’est abandonné à tous les vices. Il ne va plus à l’église et n’entend plus de prédications. Soudain, pourtant, une lumière frappe son esprit, il est torturé par les remords de sa conscience ; la crainte des jugements de Dieu le remplit de terreur, le souvenir des joies et du bonheur de sa première communion l’attendrit ; une forte impulsion le pousse et, comme un autre prodigue, il va se jeter en sanglotant aux pieds du prêtre : il est converti. Qui l’a ainsi changé ? La grâce de Dieu que lui ont sans doute obtenue les prières de sa femme, de ses enfants et des saintes âmes à qui on l’avait recommandé. Que faut-il donc pour convertir le monde et forcer, pour ainsi dire, les volontés rebelles des pécheurs à revenir à Dieu ? Une plus grande effusion sur le monde des grâces efficaces de Dieu. Ces grâces Dieu les a promises à la prière et il les donnera, si nous les lui demandons avec instance.

C’est pour cela que le grand Apôtre invitait si instamment les premiers fidèles à prier pour le salut du monde. « Je vous conjure surtout, écrivait-il à Timothée, de faire adresser à Dieu des supplications, des prières, des demandes et des actions de grâces pour tous les hommes… Car c’est une chose bonne et agréable à Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés… JÉSUS-CHRIST, Dieu et homme, s’est livré lui-même pour le salut de tous… » (I Tim., II, 1-6).

Extrait de : Le Guide des Zélateurs et des Zélatrices du Sacré-Cœur. 1900. Québec.

Nos Prières s'élèvent vers le Sacré-Cœur.

« Que nos Prières, comme un encens embaumé,
s’élèvent vers le Divin Cœur. »

Guide des Zélateurs et des Zélatrices du Sacré-Cœur (1)

Dessin Sacré Coeur de Jésus chapelet lys

Avant Propos

[…] Les Zélateurs et les Zélatrices du Cœur de Jésus forment donc dans l’Apostolat de la Prière un bataillon d’élite, armé de toutes pièces, et animé de l’unique ambition de réaliser pleinement les désirs du Cœur de leur Dieu.

Tel est l’Apostolat du Sacré-Cœur. Il n’est pas une Œuvre distincte : c’est le complet épanouissement de la pensée qui a donné naissance à l’Apostolat de la Prière ; c’est, au sein de cette grande Association, l’union plus intime des âmes. qui veulent se donner tout entières au Cœur de Jésus, et pratiquer avec toute la perfection possible la dévotion à ce Divin Cœur.

Les Zélateurs et les Zélatrices du Cœur de Jésus trouveront dans ce Guide : 1° Une Notice sur l’Apostolat de là Prière. Ils devront la lire et la relire avec soin, afin de se bien pénétrer de l’esprit, du but, des moyens et de l’excellence de l’Œuvre qu’ils ont mission de propager ;

2° Tous les renseignements désirables sur la manière d’organiser et de propager l’Apostolat, sur les privilèges dont ils jouissent et les indulgences spéciales qu’ils peuvent gagner ;

3° Le Règlement qui leur est proposé pour leur sanctification personnelle et qu’ils doivent s’efforcer de mettre en pratique.

4° Le Petit Office du Sacré-Cœur et quelques pratiques de piété.

Veuille le bon Sacré-Cœur bénir ce petit travail et faire surgir, par son entremise, des légions de dignes propagateurs de la croisade qui porte son nom et qui a pour but de promouvoir ses intérêts et de propager sa sainte dévotion ! (BUREAU Central du Sacré-Cœur, Montréal, 3 novembre 1899.)

Première Partie

La Grande Question du Salut des Âmes

1. — Que D’âmes Se Perdent !

Quel effrayant problème que celui de la perte d’un si grand nombre d’âmes et du petit nombre des élus ! Plus de mille millions d’hommes vivent encore dans les ténèbres de l’idolâtrie et de l’infidélité ! Des millions d’âmes sont encore détenues au sein du schisme et de l’hérésie ! Et parmi les deux cent cinquante millions de catholiques, combien vivent et meurent dans le péché mortel !

2.— Est-ce La Faute de Dieu Ou De Jésus-Christ ?

Qui accuserons-nous de ce triste état de choses ? Dieu ? Non, certes ; le Dieu de miséricorde qui a fait les hommes à son image, les a créés pour qu’ils soient heureux et il leur donne à tous les moyens de parvenir au bonheur éternel. « Dieu, dit saint Paul, veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (Rom. XI, 34). Un père tendre et aimant ne voudrait pas le salut de ses enfants ? Dieu ne voudrait pas sauver le monde, lui qui l’a aimé jusqu’à lui sacrifier son Fils unique ?

Accuserons-nous JÉSUS-CHRIST venu du ciel pour l’amour de nous ? JÉSUS, qui s’est livré et a versé jusqu’à la dernière goutte de son sang pour le rachat de tous ? JÉSUS enfin qui a laissé aux hommes son corps en nourriture, son sang en breuvage et qui s’est fait, dans la Sainte Eucharistie, le compagnon, le soutien et le consolateur de tous dans ce lieu de pèlerinage ?

3.— C’est La Faute Aux Hommes Eux-Mêmes.

Il est donc évident que si le plus grand nombre des peuples vit encore dans l’erreur et le vice, il ne faut pas s’en prendre ni à Dieu, ni au sauveur, mais bien au mauvais vouloir de ceux qui se perdent, ainsi qu’au manque de coopération des bons à l’œuvre du salut des âmes.

Dieu, en effet, appelle tous les hommes à mériter le bonheur éternel ; il les invite tous au banquet céleste, à tous il donne les grâces nécessaires pour y parvenir ; mais chacun est libre d’accepter ou de refuser ses bienveillantes invitations, de coopérer à ses desseins de miséricorde, ou de les rendre inefficaces en les rejetant.

Quand Dieu commande au monde matériel, les causes secondes aveugles et inertes lui prêtent nécessairement leurs concours, et les volontés divines sont toujours absolues et efficaces. Mais dès qu’il s’agit de l’homme doué de libre arbitre c’est autre chose : l’homme peut à son gré correspondre à la grâce et sauver son âme ; mais il peut aussi se laisser dominer par ses passions perverses, faire le mal et se damner.

Dieu veut sérieusement sauver l’homme, mais il ne le fera pas malgré lui, ni sans sa libre coopération. Le ciel est une récompense qui ne sera donnée qu’à celui qui l’aura méritée.

« Tous ont eu leur jour de salut » (2 Cor. VI, 2), tous ont entendu à certains moment de leur vie la voix de Dieu les invitant au ciel ; mais le plus grand nombre ont endurci leurs cœurs à ces divins appels et ont refusé d’obéir. « Depuis que ce Soleil de vérité s’est levé sur notre horizon, dit saint Augustin, aucun homme n’a plus sujet de rejeter sur les ténèbres dont il est environné, la responsabilité de ses égarements. »

4.— Il Faut Pourtant Les Sauver !

Mais que faire ? Si les hommes sont tellement obstinés qu’ils refusent d’ouvrir les yeux à la vérité ; s’ils sont si endurcis dans leurs péchés qu’ils persistent à mépriser les tendres invitations de la miséricorde divine, est-ce qu’ils faut les abandonner à leur aveuglement et à leur endurcissement et les laisser sa précipiter dans l’abîme sans un effort pour les retenir ? Ne pourrions-nous, ne devrions-nous pas les arrêter dans leurs chute vers l’enfer comme on saisit au passage un désespéré qui va se jeter à la rivière ? Oui, sans doute, c’est ce que nous devons faire et ce que Dieu demande que nous fassions. Dieu nous dit aujourd’hui ce que le maître du festin disait à ses serviteurs dans la parabole de l’Évangile (Luc, XIV, 23) : « Allez dans les chemins et le long des haies, et pressez d’entrer ceux que vous y trouverez afin que ma maison soit remplie.

Extrait de : Le Guide des Zélateurs et des Zélatrices du Sacré-Cœur. 1900. Québec.