Le Patriotisme et la Religion

« Ainsi ces natures incultes, ces hommes dégénérés que la Providence semble avoir relégués dans ces régions inhospitalières pour des raisons, sans aucun doute, infiniment justes; ces hommes, si dégradés qu’ils soient par leur abaissement intellectuel et leur corruption morale, ont cependant conservé vivace dans leur cœur l’amour de la patrie. Dieu, qui a permis que tant de nobles sentiments, qui font battre le cœur des hommes régénérés, aient fait chez ces infortunés un triste naufrage, n’a pas voulu dans sa miséricorde que celui du patriotisme eût le même sort. Il le leur a conservé comme une compensation et une planche de salut dans les dures privations auxquelles il les a soumis.

Mais c’est chez l’homme civilisé, et surtout chez le véritable chrétien que ce grand et noble sentiment est admirable. Qu’il nous suffise de dire que c’est ce qui rend l’homme au cœur généreux capable des plus grands dévouements et des plus grands sacrifices ; c’est ce qui le rend inébranlable en face de la mort; que dis-je ? c’est ce qui la lui fait même rechercher avec ardeur quand il s’agit du salut de son pays. Aussi la religion est-elle toujours inséparable du véritable patriotisme. L’homme vraiment digne du nom de patriote aime sa patrie terrestre, parce qu’elle est pour lui un avant-goût de la patrie céleste ; il la sert fidèlement et fait de bon cœur pour elle le sacrifice de ses biens et de sa vie, s’il le faut, parce qu’il sait que cette fidélité et ces sacrifices l’honorent devant les hommes, et sont devant Dieu parmi ses plus beaux titres à la possession de l’éternelle patrie. Que serait, en effet, un patriotisme sans religion, sinon une fureur aveugle, un non-sens, une absurdité ?

Si c’est une folie, au jugement de la Sagesse incarnée, de gagner l’univers même aux dépens de son âme, comment faudrait-il qualifier la conduite du soldat qui affronterait toutes les horreurs des champs de bataille sans autre espoir que le néant ou l’enfer après son trépas?… Que la religion, au contraire, montre au plus humble soldat chrétien une couronne aussi brillante que celle qui ornerait la tête de son général, si comme lui il tombe victime du devoir en défendant sa patrie, oh! alors on s’explique son courage, on admire son dévouement et on le comprend. Aussi les véritables patriotes, les vrais amis de la patrie sont-ils toujours entendu dans ce sens. Les anciens disaient : Combattre pour ses autels et ses foyers. Pro aris et focis. Les preux chevaliers du moyen âge, ces admirables modèles du patriote chrétien, avaient pour motto : Dieu et mon Roi, et encore : Religion et patrie, Foi et honneur. Dans leur pensée, la défense de la patrie était la cause même de Dieu. »

Extrait de : Le Patriotisme, par Mgr Laflèche. 1924.

Carte Postale WWI Dieu Patrie Messe sur le Front
« Une Messe pendant la guerre : l’offertoire »
Carte postale des éditions Avé Maria, Paris. Époque première guerre mondiale.

Le Prêtre s’unissant à la Sainte Victime,
Offre avec ses frères, sa prière, sa vie,
Et dans ce sacrifice adorable et sublime,
Est le suprême espoir de notre chère Patrie.
Unissons-nous de cœur à nos soldats nos frères,
Pour la France, offrons nos vies et nos prières.

M. R.

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