L’union intime avec Dieu, fait goûter les délices du Ciel.
Image pieuse de la Maison Blanchard, Orléans. N°2004.
Dans son allocution solennelle à l’épiscopat catholique assemblé autour de lui, le vicaire de Jésus-Christ, signalant les principales erreurs de notre malheureux siècle, résume d’abord en quelques mots tout le système des coryphées actuels de la secte antichrétienne. « Ces hommes, dit-il, détruisent absolument la cohésion nécessaire qui, par la volonté de Dieu, unit l’ordre naturel et l’ordre surnaturel » Là en effet est le cœur de la question ; là est le champ clos de toutes les luttes de l’heure présente.
Nous disons, nous, et l’Église catholique enseigne que Dieu, par un acte libre de son amour, a établi un lien supérieur et transcendant entre notre nature et la sienne ; nous disons qu’un pareil lien n’était pas nécessaire en soi, qu’il n’était commandé ni même formellement réclamé par aucune exigence de notre être, qu’il est dû à la charité immense, à la libéralité gratuite et excessive de Dieu envers sa créature ; nous proclamons que ce lien, par suite de la volonté divine, est devenu obligatoire, indéclinable, nécessaire ; qu’il subsiste éminemment et qu’il subsistera éternellement en Jésus-Christ, Dieu et homme tout ensemble, nature divine et nature humaine toujours distinctes, mais irrévocablement unies par le nœud hypostatique ; nous ajoutons que ce lien doit s’étendre, selon des proportions et par des moyens divinement institués, à toute la race dont le Verbe incarné est le chef, et qu’aucun être moral, soit individuel et particulier, soit public et social, ne peut le rejeter ou le rompre, en tout ou en partie, sans manquer à sa fin, et par conséquent sans se nuire mortellement à lui-même et sans encourir la vindicte du maître souverain de nos destinées. Telle est, non pas seulement la doctrine, mais la substance même du christianisme. Les termes dont s’est servi le chef de l’Église expriment cette vérité par une définition aussi précise qu’elle est complète : « oui, il y a une cohésion nécessaire qui, par suite de la volonté de Dieu, intervient entre ce qui est selon l’ordre de la nature et ce qui est au-dessus de la nature ». Cette cohérence, c’est la justice, c’est l’ordre, c’est la fidélité, c’est le salut.
La séparation, la rupture, c’est le péché, c’est le désordre, c’est l’infidélité, c’est la ruine temporelle et éternelle. Or, si l’on cherche le premier et le dernier mot de l’erreur contemporaine, on reconnaît avec évidence que ce qu’on nomme l’esprit moderne, c’est la revendication du droit, acquis ou inné, de vivre dans la pure sphère de l’ordre naturel. […]
Cette attitude indépendante et répulsive de la nature à l’égard de l’ordre surnaturel et révélé, constitue proprement l’hérésie du naturalisme : mot consacré par le langage bientôt séculaire de la secte qui professe ce système impie, non moins que par l’autorité de l’Église qui le condamne.
Cette séparation systématique, on l’a aussi appelée, et non sans fondement, l’anti-christianisme. Par le fait, elle est complètement destructive de toute l’économie chrétienne.
En ne laissant subsister ni l’incarnation du Fils naturel de Dieu, ni l’adoption divine de l’homme, elle supprime le christianisme à la fois par son faîte et par sa base, elle l’atteint à sa source et dans toutes ses dérivations. »
Extrait de : Troisième Instruction Synodale Sur les Principales Erreurs du Temps Présent, par le Cardinal Louis- Edouard Pie, Juillet 1862 – Août 1863.