Jeanne d’Arc Héroïne Indomptable

Jeanne d'Arc en armure, gravure de 1584

Sainte Jeanne d’Arc Protégez la France.
Jeanne la Pucelle, gravure du 16e siècle tirée de la Vie des Hommes Illustres, daté de 1584.

« Dieu a fait des âmes guerrières et des âmes saintes ; souvent il a mêlé la vaillance et la piété dans le cœur des braves ; mais ce qu’il n’a réalisé qu’une fois à ce degré, c’est l’alliance harmonieuse et l’équilibre parfait de tous ces dons qui semblent d’abord s’exclure. Je ne vois qu’en Jeanne d’Arc ces contrastes qui font resplendir sa figure d’une beauté sans pareille : pureté de la vierge et élan du soldat, recueillement des cloîtres et joyeux entrain des camps, naïve simplicité d’une paysanne et noble fierté d’un chevalier, la modestie jointe à l’audace et la candeur au génie, la grâce tempérant la force, la gloire couronnant l’innocence, un ange dans un héros, aucun rayon ne manque au front de notre libératrice. »

Extrait de : Panégyrique de Jeanne d’Arc Prononcé dans la Cathédrale d’Orléans, le Jeudi 8 Mai 1890 par l’Abbé A. Mouchard.

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Sainte Jeanne d’Arc Patronne et Protectrice de la France

Image pieuse bienheureuse Jeanne d'Arc, patronne et protectrice de la France

Image pieuse, maison Bouasse-Lebel, Paris.

Sainte Jeanne d’Arc, Patronne de la France, Sauvez-Nous !

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Ce n’est pas seulement Orléans qui garde son culte comme il garda jadis l’honneur contre l’Anglais : c’est la nation entière qui partage la reconnaissance orléanaise et voue à Jeanne un impérissable amour.

Que veulent donc ces manifestations et cette attente de tout un peuple ? Le voici, Messieurs : dans sa libératrice et sa rédemptrice d’hier, la France a deviné sa patronne et sa protectrice de demain.

Ah! sans doute elle a déjà, au ciel, d’illustres enfants qui la protègent. Jeanne voyait Charlemagne et Saint Louis en prière auprès de Dieu ; j’y vois aussi les Aignan et les Vincent de Paul, les Geneviève et les Clotilde, représentant là-haut la foi de la France, sa charité et sa piété ; mais qui y représentera son âme, son âme tout entière, cette grande âme française avec tous ses dons ?

Vive et sensée, pure et brave, pieuse et fière, également vaillante au labeur et au combat, terrible à l’oppresseur et tendre au vaincu, triomphante et malheureuse, plus grande dans les malheurs que dans les triomphes, l’esprit plein d’idéal, le cœur plein d’ardeur chevaleresque, le front éclairé par la gloire et par la souffrance,… quel est, Messieurs, le portrait que je trace ? Celui de Jeanne ou celui de la France? L’un et l’autre à la fois. Ces deux figures se ressemblent ; je retrouve en Jeanne tout ce qu’il y a de meilleur dans l’âme de la France ; elle est l’image de la patrie transfigurée et rayonnante de la splendeur du ciel. Dieu l’a faite pour être notre modèle ; qu’elle soit donc notre patronne. Le titre seul lui manque; qu’il lui soit donné bientôt avec l’auréole de la sainteté!

C’est le véritable monument que nous élèverons à sa mémoire ; celui dont ses contemporains jetaient les fondements en la canonisant; celui dont l’évêque qui a le mieux parlé d’elle a posé ici la première pierre et dont il a vu se dresser les premières assises. Il grandit ; les prières des fidèles l’édifient, les évêques des deux mondes y travaillent, Rome en étudie la construction lente, mais sûre, elle encourage les ouvriers, et, quand elle aura couronné l’édifice, ce sera un temple. Fasse Dieu, Messieurs, que le siècle ne s’achève pas sans qu’il nous soit donné d’en célébrer la dédicace !

Alors, ô Jeanne ! la France se jettera à genoux comme vous le faisiez dans les champs de Domremy, et vous, du haut du ciel, vous lui ferez entendre «ses voix». Le dialogue interrompu recommencera et vous lui. redirez les paroles de l’archange :

«Sois sage, sois pieuse,» et la France travaillera et elle priera, et, servant Dieu comme vous, elle unira dans une alliance indestructible le Patriotisme et la Foi.

«Va, Fille de Dieu !» et la France ira, comme vous, à son devoir, partout où la justice et la civilisation feront appel à son épée, à son génie et à son cœur. Elle ira sans craindre ni la défaillance ni la ruine, car une patrie sauvée et rachetée, protégée et bénie par vous, ô Jeanne ! est une patrie immortelle.

Ainsi soit-il ! »

Extrait de : Jeanne d’Arc, Panégyrique Prononcé dans la Cathédrale d’Orléans, le Jeudi 8 Mai 1890, par l’Abbé A. Mouchard.

Le Triomphe de Sainte Jeanne d’Arc

Sainte Jeanne d'Arc, Priez pour Nous

Sainte Jeanne d’Arc Priez Pour Nous.

« Elle meurt, Messieurs, elle meurt, mais elle triomphe. Ses ennemis, sans doute, épiaient sur ses lèvres mourantes une rétractation suprême, et Jeanne, fidèle à sa mission jusqu’à la fin, affirme que ses révélations étaient divines. Ils attendaient peut-être qu’un cri de désespoir sortît de sa poitrine haletante, et c’est en jetant trois fois aux échos de Rouen le nom de Jésus que son âme monte au ciel.

La foule était venue là comme à un spectacle et elle gémit ; et le cardinal d’Angleterre et l’évêque de Beauvais pleurent comme elle; et les soldats, qui s’étaient promis d’aider le bourreau, défaillent; et les juges se sont enfuis. La justice de Dieu saura bien les atteindre: ni Cauchon, ni d’Estivet, ni Loyseleur, ni Midy, ni Bedford, ni Winchester, pas un des grands coupables n’échappe à ses coups !

Elle meurt, mais les Anglais, «qui ont brûlé une sainte», sont perdus.

Ils ont fait balayer ses restes à la Seine ; ils n’ont pas voulu qu’elle eût un tombeau dans le pays qu’elle avait sauvé. Qu’importe ? Respecté par le feu, son cœur réveille encore la valeur française ; son ombre gagne des batailles et fait capituler des villes ; la terreur de son nom s’attache aux pas de l’envahisseur et le rejette enfin dans son île. A l’intérieur, les dissensions s’apaisent, les princes se réconcilient, Charles VII porte dignement la couronne que lui a rendue Jeanne d’Arc : le duel séculaire est fini, et la France, redevenue elle-même, reprend à la tête de l’Europe le cours de ses glorieuses destinées. »

Extrait de : Jeanne d’Arc, Panégyrique Prononcé dans la Cathédrale d’Orléans, le Jeudi 8 Mai 1890, par l’Abbé A. Mouchard.

Le Supplice de Sainte Jeanne d’Arc

Image Pieuse Martyre de Sainte Jeanne d'Arc sur le bûcher à Rouen
Sainte Jeanne d’Arc Le Martyre, Rouen 30 Mai 1431.
Image Pieuse de la Maison Bouasse-Lebel d’Après le Tableau de Lenepveu. Années 1920.

« A l’annonce de l’horrible mort qu’on lui prépare, elle se trouble ; au milieu de larmes et de sanglots elle proclame son innocence. Messieurs, que cette douleur de Jeanne nous touche. Serait-elle aussi belle si elle marchait au bûcher les yeux secs et le front impassible ? Oui, tout indomptable qu’elle est, la femme en  cet instant doit attendrir l’héroïne ; elle a fait de sa courte vie un trop noble usage pour ne pas la pleurer. Mais si le corps faiblit, l’âme est toujours forte. Ses gémissements ne sont-ils pas encore une protestation vengeresse ? « Évêque, dit – elle à Cauchon, je meurs par vous, mais de vous j’en appelle à Dieu. » Et déjà, dans le cœur de ce Dieu qu’on lui a si longtemps disputé, elle a versé le sien ; elle l’a reçu dans sa prison, comme les martyrs ; comme eux aussi, elle a puisé dans cet embrassement divin la force de mourir, et elle s’avance, sereine et vaillante comme eux, à son dernier combat : elle a prédit sa victoire , aujourd’hui même elle sera au paradis !

Une troupe nombreuse escorte la condamnée, mais deux prêtres sont assis auprès d’elle ; elle parcourra sa voie douloureuse soutenue par leur charité. Tout à coup le trajet funèbre est interrompu par un grand tumulte ; les Anglais poussent des cris et tirent leurs épées. Est-ce le peuple qui se lève pour empêcher leur crime ? La Hire serait-il encore aux portes de Rouen ? Non, c’est Loyseleur qui n’a pas voulu s’enfuir sans demander pardon à celle qu’il a trahie.

On arrive à la place du Vieux-Marché ; une foule inquiète la couvre ; les juges attendent ; le bourreau, la torche à la main, se tient au pied du bûcher, dont la masse énorme se dresse vers le ciel, et le drame commence.

Il faut que Jeanne subisse une prédication injurieuse, des exhortations hypocrites et la lecture de la sentence ; il faut qu’elle contemple, tracée en gros caractères devant elle, la liste des forfaits qu’on lui impute ; il faut qu’elle en porte l’insolente inscription jusque sur sa tête. Mais rien ne la trouble plus. Elle écoute tranquillement le prédicateur ; elle proteste une dernière fois pour venger l’honneur de son roi, et elle épanche son âme dans une longue prière. La cruelle impatience des Anglais l’interrompt; elle se relève, leur pardonne, se recommande aux prêtres qui l’entourent, invoque saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite, et elle marche au supplice.

Le feu s’allume ; bientôt il a enveloppé sa proie et lentement il la dévore. Au-dessus des flammes se dresse l’image de Jésus-Christ. La martyre y attache ses regards, et c’est dans cette contemplation ineffable qu’elle achève de souffrir pour la France.

Extrait de : Jeanne d’Arc, Panégyrique Prononcé dans la Cathédrale d’Orléans, le Jeudi 8 Mai 1890, par l’Abbé A. Mouchard.

Jeanne d’Arc Condamnée

Jeanne d'Arc condamnée lors de son procès
Image à collectionner. Années 1930.

« Cependant l’accusation n’avance pas et les Anglais s’impatientent. Jeanne est tombée malade ; ils n’entendent pas que la mort leur ravisse une proie qu’ils ont payée si cher. Il faut en finir et dissiper, par un prompt supplice, le charme qui enchaîne, ils le croient du moins, la victoire sous les drapeaux de la France. Oui, c’est trop tarder ; mais l’évêque de Beauvais va réparer ces lenteurs. «Jeanne, lui dit-il enfin, vous soumettez-vous à l’Église ?» C’en est fait : si elle se soumet, c’est une magicienne ; si elle résiste, c’est une hérétique; quelle que soit sa réponse, sa perle est assurée. Recueillons avec respect, Messieurs, sa déclaration solennelle : elle est sublime de patriotisme et d’énergie, de bon sens et de foi : « Pour les œuvres que j’ai accomplies, je dois m’en rapporter au Roi du ciel, qui m’a envoyée. Non, pour homme qui vive, je ne révoquerai  jamais ce que  j’ai dit et fait de par Dieu ; si je voyais le bûcher allumé et les bourreaux prêts à me précipiter dans les flammes, je ne dirais pas autre chose.»

Juges, vous pouvez la condamner ; vous n’aurez d’elle rien de plus. Dites-vous les représentants de l’Église ; Jeanne ne confondra pas la justice et la charité de Dieu avec la cruauté et la fourberie. Faites-lui des distinctions subtiles ; elle n’y entend rien, mais elle soutiendra jusqu’au bout «qu’elle aime l’Église, que l’Église et Jésus-Christ, c’est tout un, qu’elle en appelle au Pape, en un mot, quelle est chrétienne et qu’elle mourra bonne chrétienne». Menez-la dans la chambre de torture ; dussiez-vous lui «faire détruire les membres», elle vous répondra comme au procès, et, si la violence lui arrachait un désaveu, elle vous a dit qu’elle l’a rétracté d’avance. Un instant même, effrayez-la par l’appareil du supplice ; vous ne devrez qu’à des manœuvres coupables une abjuration sans valeur.

Prononcez votre arrêt ; l’Église l’a cassé et la postérité en a changé les termes ; il n’y a ici de «pernicieux et d’abuseur du peuple, de blasphémateur et de mécréant, d’apostat et de schismatique» que vous-mêmes ; Jeanne est sans faiblesse, et ce «beau procès» qui devait la flétrir a fait éclater la grandeur de son caractère et la divinité de sa mission. Il ne lui reste plus qu’à mourir. Elle a du reprendre l’habit guerrier dont la pudeur anglaise lui fait un crime ; elle est relapse. L’heure suprême a sonné ; l’autel est dressé : affermissons nos âmes pour y suivre la victime. »

Extrait de : Jeanne d’Arc, Panégyrique Prononcé dans la Cathédrale d’Orléans, le Jeudi 8 Mai 1890, par l’Abbé A. Mouchard.