![Fac similé écriture saint Jean-Marie Vianney curé d'Ars](https://francais-et-chretiens.home.blog/wp-content/uploads/2020/05/fac-simile-ecriture-saint-vianney-cure-ars.jpg?w=408)
Fac similé de l’écriture de Saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars.
Carte postale, début XXe siècle.
Mais, il y a tant d’occasions de pécher, dira encore un autre. Mon ami, je connais trois sortes d’occasions qui peuvent nous porter au péché. Tous les états ont leurs dangers. Je dis qu’il y en a trois (sortes) : celles où nous sommes nécessairement exposés par les devoirs de notre état, celles que nous rencontrons sans les chercher, et celles où nous nous engageons sans nécessité. Si celles où nous nous engageons sans nécessité ne nous serviront point d’excuses, ne cherchons pas à excuser un péché par un autre péché. Vous avez entendu chanter une mauvaise chanson, dites- vous ; vous avez entendu une médisance ou une calomnie, et pourquoi êtes-vous allés dans cette maison ou cette compagnie ? Pourquoi fréquentez-vous ces personnes sans religion ? Ne savez-vous pas que celui qui s’expose au danger est coupable et y périra ? Celui qui tombe sans s’exposer se relève aussitôt et sa chute le rend encore plus vigilant et plus sage. Mais ne voyez-vous pas que Dieu qui nous a promis son secours dans nos tentations ne nous l’a pas promis lorsque nous avons la témérité de nous exposer de nous-même. Allez, malheureux, vous avez cherché vous-même à vous perdre ; vous méritez l’enfer qui est réservé aux pécheurs comme vous.
Mais, me direz-vous, l’on a continuellement de mauvais exemples devant les yeux. Vous avez de mauvais exemples, quelle frivole excuse ! Si vous en avez de mauvais, n’en avez-vous pas aussi de bons ? Pourquoi n’avez- vous pas plutôt suivi les bons que les mauvais ? Lorsque vous voyiez aller cette jeune fille à l’église, à la table sainte, pourquoi ne la suiviez-vous pas plutôt que celle qui allait aux danses ? Lorsque ce jeune homme venait à l’église pour y adorer Jésus-Christ dans son Saint Tabernacle, pourquoi n’avez-vous pas plutôt suivi ses traces que celles de celui qui allait au cabaret ? Dites plutôt, pécheur, que vous aviez mieux aimé suivre la voie large qui vous a conduit dans ce malheur où vous vous trouvez, que dans le chemin que le Fils de Dieu a tracé lui-même. La vraie cause de vos chutes et de votre réprobation ne vient donc ni des mauvais exemples, ni des occasions, ni de vos faiblesses, ni des grâces qui vous manquaient ; mais seulement des mauvaises dispositions de votre cœur que vous n’avez pas voulu réprimer. Si vous avez fait le mal, c’est parce que vous l’avez bien voulu. Votre perte ne vient donc uniquement que de vous.
![Image pieuse le Jugement Dernier](https://francais-et-chretiens.home.blog/wp-content/uploads/2020/05/image-pieuse-jugement-dernier.jpg?w=447)
Mais, me direz-vous, l’on nous avait toujours dit que Dieu était bon. Il est vrai qu’il est bon, mais il est juste ; sa bonté et sa miséricorde sont passées pour vous : il n’y a plus que sa justice et sa vengeance. Hélas ! Mes Frères, nous qui avons tant de répugnance pour nous confesser, si, cinq minutes avant ce grand jour, Dieu nous donnait des prêtres pour confesser nos péchés, afin qu’ils fussent effacés, hélas ! avec quel empressement n’en profiterions-nous pas ? ce qui ne nous sera jamais accordé en ce moment de désespoir. Le roi Bogoris fut bien plus sage que nous. Ayant été instruit par un missionnaire de la religion catholique, mais retenu encore par les faux plaisirs du monde, par un effet de la providence de Dieu, un peintre chrétien à qui il avait donné commission de peindre dans son palais la chasse la plus terrible aux bêtes farouches ; lui peignit au contraire le jugement dernier, le monde tout en feu, Jésus-Christ au milieu des tonnerres et des éclairs, l’enfer déjà ouvert pour engloutir les damnés, avec des figures si épouvantables que le roi resta immobile. Revenu à lui-même, il se rappela de ce que le missionnaire lui avait dit pour éviter les horreurs de ce moment-là où le pécheur ne peut avoir que le désespoir pour partage, et renonçant de suite à tous ses plaisirs, il passa le reste de sa vie dans la pénitence et les larmes.
Hélas ! Mes Frères, si ce prince ne s’était pas converti, il serait également mort, il aurait quitté tous ses biens et ses plaisirs, il est vrai, un peu plus tard ; mais, mourant, depuis bien des siècles, ils auraient passé à d’autres. Il serait en enfer qui brûlerait pour jamais, tandis qu’il est dans le Ciel pour une éternité et qu’il est content, on attendant ce grand jour, de voir que tous ses péchés lui sont pardonnes et qu’ils ne reparaîtront jamais, ni aux yeux de Dieu, ni aux yeux des hommes.
![Le Jugement Dernier, par Rogier van der Weyden, Hospices de Beaune](https://francais-et-chretiens.home.blog/wp-content/uploads/2020/05/jugement-dernier-hospice-beaune-rogier-weyden.jpg?w=622)
Le Jugement Dernier, par Rogier van der Weyden. Détail d’un polytyque, Hospices de Beaune.
Ce fut cette pensée bien méditée par saint Jérôme, qui le porta à tant de rigueurs sur son corps et à tant verser de larmes. Ah ! s’écriait-il dans cette vaste solitude, il me semble que j’entends, à chaque instant, cette trompette qui doit réveiller tous les morts, m’appeler au tribunal de mon Juge. Cette même pensée faisait trembler un David sur son trône, un Augustin au milieu de ses plaisirs, malgré tous les efforts qu’il faisait pour étouffer cette pensée, qu’un jour il serait jugé. Il disait de temps en temps à son ami Alipe : Ah ! cher ami, un jour viendra que nous paraîtrons tous devant le tribunal de Dieu pour y recevoir la récompense du bien ou (le châtiment) du mal que nous aurons fait pendant notre vie ; quittons, mon cher ami, lui disait-il, la route du crime pour celle qu’ont suivie tous les saints. Préparons-nous à ce jour dès l’heure présente. […] Si les saints sont à peine rassurés, qu’allons-nous devenir ?
Que devons-nous conclure de tout cela, Mes Frères ? Le voici : C’est qu’il ne faut jamais perdre de vue que nous serons jugés un jour sans miséricorde, et que tous nos péchés paraîtront aux yeux de tout l’univers ; et, qu’après ce jugement, si nous nous trouvons dans ces péchés, nous irons les pleurer dans les enfers sans pouvoir ni les effacer, ni les oublier.
Oh ! que nous sommes aveugles, mes frères, si nous ne profitons du peu de temps qui nous reste à vivre pour nous assurer le ciel. Si nous sommes pécheurs, nous avons l’espérance du pardon ; au lieu que si nous attendons alors, il n’y aura plus de ressources. Mon Dieu !l faites-moi la grâce de ne jamais perdre le souvenir de ce moment terrible, surtout lorsque je serai tenté, pour ne pas me laisser succomber ; afin qu’en ce jour nous entendions ces douces paroles sorties de la bouche du Sauveur : « Venez, les bénis de mon Père, posséder le royaume qui vous est préparé depuis le commencement du monde. »