Formule de consécration au Sacré-Cœur de Jésus, prescrite par Sa Sainteté le Pape Léon XIII

Cette formule se trouve dans la Bulle du 25 mai 1900.

Tableau peinture Pape Léon XIII

Sa Sainteté Léon XIII (1810-1903),
256ᵉ Pape, pontificat de 1878 à 1903.

Très doux Jésus, Rédempteur du genre humain, jetez un regard sur nous, qui sommes humblement prosternés devant votre autel. Nous sommes à vous, nous voulons être à vous, et afin de pouvoir vous être plus fermement unis, voici que, en ce jour, chacun de nous se consacre spontanément à votre Sacré-Cœur.

Beaucoup ne vous ont jamais connu ; beaucoup ont méprisé vos commandements et vous ont renié. Miséricordieux Jésus, ayez pitié des uns et des autres, et ramenez-les tous à votre Sacré-Cœur.

Seigneur, soyez le Roi, non seulement des fidèles qui ne se sont jamais éloignés de vous, mais aussi des enfants prodigues qui vous ont abandonné ; faites qu’ils rentrent bientôt dans la maison paternelle, pour qu’ils ne périssent pas de misère et de faim.

Soyez le Roi de tous ceux que des opinions erronées ont trompés et de ceux que la discorde a désunis ; ramenez-les au port de la vérité et à l’unité de la foi, afin que bientôt il n’y ait plus qu’un troupeau et qu’un pasteur.

Soyez enfin le Roi de tous ceux qui sont encore attachés aux antiques superstitions païennes, et ne refusez pas de les arracher aux ténèbres pour les conduire à la lumière et au royaume de Dieu.

Accordez, Seigneur, à votre Église, une liberté sûre et sans entraves ; accordez à tous les peuples l’ordre et la paix ; faites que d’un pôle du monde à l’autre, une seule voix retentisse :

«Loué soit le divin Cœur qui nous a acquis le salut ; à Lui, gloire et honneur dans tous les siècles.»

Ainsi soit-il.

Sa Sainteté Léon XIII.

L’âme de la France (2ème partie)

Le première partie se trouve ici.

Photo du calice du sacre dit de Saint Remi

Calice du Sacre dit Calice de Saint Remi (XIIIe siècle). Trésor de la Cathédrale Notre-Dame de Reims.

Trois siècles se sont passés. La nation gallo-franque s’est constituée au sein du monde barbare ; un empire nouveau s’est formé, synthèse de ce monde barbare et de tout ce qui, principalement grâce à l’église, a survécu de Rome, le vaste, le superbe empire de Charlemagne, la plus magnifique et la plus catholique conception du gouvernement des hommes que l’Occident ait connue, avec ses deux chefs, le Pape et l’Empereur. Mais ce monde, à son tour, est en gestation des nations modernes ; vers le milieu du neuvième siècle, l’empire carolingien se brise et voici que se séparent et se constituent la nation qui demain sera la France, et puis l’Allemagne, et puis l’Italie, et cette zone intermédiaire qui, à son grand dommage, ne se rattachant à aucun des autres groupes, deviendra pour des siècles le champ de bataille toujours disputé, toujours douloureux, toujours baigné de sang. […]

Un pas pourtant restait à faire. Ces royaumes nationaux aspiraient à des dynasties nationales. Rompre avec les héritiers du grand empereur, était-ce licite, était ce possible ? Après bien des hésitations, un archevêque de Reims, Adalbéron, trancha le cas de conscience, et sacra lui-même Hugues Capet. Un nouveau pacte était scellé entre la monarchie française et l’Église de Reims : il allait trouver son expression parfaite dans une cérémonie symbolique et sainte : le sacre des rois.

Le sacre des rois ! Il était tellement dans l’esprit et dans la tradition de saint Rémi qu’on lui en attribua l’origine et que la légende fit remonter jusqu’à lui le miracle de la Sainte Ampoule qui contenait l’huile du sacre. Le baptême de Clovis avait été le vrai, mais le seul sacre du premier roi de Gaule franque. Pépin le Bref avait été sacré en France. Charlemagne l’avait été en France et à Rome ; déjà donc la royauté dans notre pays tendait à prendre, au sein du peuple chrétien, le caractère sacré de l’antique royauté d’Israël.

Avec la dynastie capétienne, le sacre devient une institution régulière, aux rites strictement déterminés, cérémonie nationale et cérémonie religieuse, qui renouvelle et consacre, au début de chaque nouveau règne, l’alliance de la royauté avec la nation et avec l’Église catholique, l’union des races, des intelligences et des cœurs dans l’affirmation du même idéal.

Cérémonie nationale, où se manifeste avec éclat l’union dans une juste liberté, de tous les peuples de France. Voyez-les, en leur riche costume, ces grands feudataires qui vont contribuer à faire, ou, tout le moins, à reconnaître le roi, de qui ils sont presque les pairs, duc de Normandie, duc de Bourgogne, duc d’Aquitaine, comte de Flandre, comte de Champagne, comte de Toulouse, oui toute la France est là, de l’est à l’ouest et du nord au midi ; toute la France aussi, parce que toutes les classes qui la composent se rencontrent à Reims : ces chevaliers, noblesse militaire, la force du royaume, et même ces gens du peuple, tant des grands que des petits, dit textuellement le procès-verbal du sacre du Philippe Ier ; et tous ensemble s’écrient: «Nous approuvons ! Nous approuvons ! Nous voulons qu’il en soit ainsi !»

Cérémonie religieuse et d’esprit profondément catholique. C’est l’archevêque de Reims qui fait, sur la personne du roi, les sept onctions, j’allais dire sacramentelles ; c’est lui qui pose la couronne sur la tète du monarque ; ce sont les pairs ecclésiastiques — deux d’entre eux — qui présentent le roi à l’assemblée et lui demandent si elle l’agrée. Tous les rites ont un caractère religieux ; les vêtements mêmes du sacre sont des ornements liturgiques. Mais surtout, comme jadis saint Rémi à Clovis, l’archevêque réclame du monarque une profession de foi. Il lui rappelle les grandes vérités de la doctrine catholique ; il lui demande s’il y croit et s’il veut les défendre. Il la lui fait jurer, en même temps qu’il requiert de lui le serment d’observer la justice et de la faire régner autant qu’il dépendra de son pouvoir.

Et voilà sur quelle base se fonde cette monarchie capétienne dont l’œuvre gardera toujours la double marque de son origine : monarchie éminemment nationale, monarchie très chrétienne, qui se dévouera corps et âme à consolider, à cimenter l’unité physique et morale de la France, à en assurer au dehors l’expansion, et le plus souvent sans perdre de vue la pensée supérieure du règne de Jésus Christ ; elle sera l’épée du Christ, qu’il s’agisse de défendre le Pape, ou de guerroyer contre les infidèles.

Extrait de : L’âme de la France, Discours du 30 Septembre 1914 à Reims, par Mgr Alfred Baudrillart.

Troisième Exhortation de Saint Jean-Marie Vianney, Curé d’Ars : le Jugement Dernier

Le début de cette série est ici.

Image pieuse de saint Jean-Marie Vianney, Curé d'Ars

Saint Jean-Marie Vianney, Priez pour Nous.

JUGEMENT DERNIER.

« Tous les hommes, mes enfants, seront jugés en particulier au jour de leur mort, nous dit notre catéchisme. A peine aurons-nous rendu le dernier soupir, que notre âme, sans sortir du lieu où elle aura expiré, sera présentée au tribunal de Dieu. Quelque part que nous mourrions, Dieu se trouve là pour exercer sa justice. Le bon Dieu, mes enfants, a compté nos années, et dans ces années qu’il a résolu de nous laisser sur cette terre, il en a marqué une qui sera la dernière pour nous ; un jour auquel nous ne verrons plus succéder d’autres jours ; une heure après laquelle il n’y aura plus de temps pour nous… Quelle distance y a-t-il d’ici à ce montent ? l’espace d’un instant.

La vie, mes enfants, est une fumée, une vapeur légère ; elle disparaît plus vite qu’an oiseau qui fend l’air, qu’un vaisseau qui vogue sur la mer et ne laisse aucune trace de son passage.

Quand mourrons-nous ? Hélas ! sera-ce dans un an, dans un mois ? peut-être demain ! peut-être aujourd’hui ! Ce qui arrive à tant d’autres ne peut-il pas nous arriver.

Peut-être qu’au moment où vous ne penserez qu’à vous amuser, vous serez cité au jugement de Dieu, comme l’impie Balthazar. Quelle sera alors la surprise de cette âme à l’entrée de son éternité ? Surprise, éperdue, séparée désormais de ses parents et de ses amis et comme investie de lumière divine, au lieu d’un père miséricordieux elle ne trouvera plus dans son créateur qu’un juge inflexible.

Représentez-vous, mes enfants, une âme au sortir de cette vie. La voilà qui va paraître au tribunal de son juge avec Dieu seul ; le ciel d’un côté, l’enfer de l’autre. Quel objet s’offre à elle?… Le tableau de toute sa vie !… Toutes ses pensées, toutes ses paroles, toutes ses actions sont examinées.

Cet examen sera terrible, mes enfants, parce que rien n’est caché à Dieu : sa science infinie connaît nos plus secrètes pensées, elle pénètre jusqu’au fond de nos cœurs et en déroule les plis et les replis.

En vain les pécheurs fuient la lumière du jour pour pécher plus librement, ils s’épargnent un peu de honte aux yeux des hommes ; mais ils n’en retireront aucun avantage au jour du jugement : Dieu éclairera les ténèbres, à la faveur desquelles ils ont cru pécher impunément, L’Esprit saint, mes enfants, dit que nous serons examinés sur nos paroles, nos pensées, nos actions : nous le serons même sur le bien que nous aurions pu faire et que nous n’avons pas fait, sur les péchés d’autrui dont nous aurons été la cause. Hélas ! tant de pensées auxquelles on s’abandonne, auxquelles l’esprit se livre ; combien dans un jour ! dans une semaine ! dans un mois ! dans un an!… Combien dans tout 1e cours de notre vie !… Aucune de ce nombre infini n’échappera à la connaissance de notre juge.

L’orgueilleux rendra compte de toutes ses pensées de présomption, de vanité , d’ambition ; l’impudique de toutes ses mauvaises pensées, et des désirs criminels dont il a nourri son imagination. Ces jeunes personnes qui sont sans cesse occupées de leur parure, qui cherchent à plaire, à se distinguer, à s’attirer les regards et les louanges, et qui n’osent pas se faire connaître au tribunal de la pénitence, pourront-elles encore se cacher au jour du jugement de Dieu. Non, non !… elles paraîtront telles qu’elles auront été pendant leur vie, devant celui qui fait connaître ce qu’il y a de plus secret dans le cœur de l’homme.

Nous rendrons compte, mes enfants, de nos jurements, de nos imprécations, de nos malédictions. Dieu entend nos médisances, nos calomnies, nos paroles libres, nos chansons mondaines et libertines ; il entend aussi les discours des impies.

Ce n’est pas tout, mes enfants, Dieu examinera encore nos actions ; il mettra au jour toutes nos infidélités à son service, l’oubli de ses commandements, la transgression de sa loi, la profanation de ses églises, le mépris de sa parole, l’attachement au monde, l’amour déréglé des plaisirs et des biens périssables de la terre. Tout, mes enfants, sera dévoilé : ces vols, ces injustices, ces usures, ces intempérances, ces colères, ces disputes, ces tyrannies, ces vengeances, ces criminelles libertés, ces abominations qu’on ne peut nommer sans rougir… »

Extrait de : Ars ou le Jeune Philosophe Redevenu Chrétien Renfermant Seize Exhortations ou Catéchismes du Curé d’Ars, auteur anonyme, 1851.

Peinture murale dans l'église de Romainmôtier représentant le Jugement Dernier

Fresque du XIIIe représentant le Jugement Dernier. Église de Romainmôtier (Canton de Vaud, Suisse).