Ce texte est une retranscription d’une partie d’un sermon sur la mort prêché par un Père Dominicain d’Avrillé. Il fait partie d’une série consacrée aux Fins Dernières.
Vous reconnaîtrez-vous dans l’une de ces catégories…
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« On pourrait distinguer parmi les êtres humains, quatre catégories :
Premièrement ceux pour qui, au-delà de ce qu’ils voient ici-bas sur terre, rien existe. Ces pauvres marchent comme du bétail les yeux fixés à terre. Ils prétendent profiter de la vie, alors que leur débauche même, les précipitent plus vite vers la mort. Il n’est que de constater les dégénérescences engendrées par la gourmandise, la luxure, l’impureté, l’avarice, etc.
Deuxième catégorie, ceux qui faute d’éducation chrétienne, tout en étant par ailleurs de braves gens comme on dit, généreux, demeurent aveugles concernant la mort. Certains événements que Dieu leurs destinent pour les éclairer sur leur propre mort, comme par exemple la mort d’un être cher, ou encore un grave accident de santé, une douloureuse épreuve morale, aucun de ces événements ne les fait réfléchir. Aucun de ces événements ne réussi à les réveiller de leur sommeil qu’ils osent appeler la vie alors qu’ils sont déjà comme mort au regard de l’éternité.
Troisième catégorie, les chrétiens mondains, les chrétiens frivoles, les chrétiens follement imprudents. Ils sont légions. Ils croient les enseignements de Dieu et de l’Église, mais ils pratiquent les maximes de la chair. Ils alternent les pratiques d’une piété formaliste ou encore sensible avec les pratiques d’une sensualité, hélas très réelle ! Certainement, ces malheureux chrétiens mondains, la pensée habituelle de la mort pourrait les sauver, car ils ont la Foi. Ils savent que la mort les guette, qu’elle peut même les saisir en plein milieu de leurs actions peccamineuses, au milieu de cette ivresse, au milieu de cette impureté, au milieu de ce vol, au milieu de cette calomnie…
Ils savent, ils savent oui, qu’ils iront alors tout droit en enfer pour ce seul péché mortel. Oui ils savent, mais ils ne veulent pas considérer en face loyalement cette réalité de la mort. Leurs passions déréglées leurs murmurent comme à Saint-Augustin quand il hésitait a quitter sa concubine pour se convertir vraiment « Eh quoi ! tu veux donc nous quitter ? il ne te sera donc plus permis désormais de vivre avec nous à ton gré et selon ton bon plaisir ? » ou alors, ces malheureux chrétiens mondains s’ils acceptaient de considérer la mort en permanence, cette pensée les accompagnerait dans leurs amusements peccamineux et elle serait comme un remord perpétuel, alors ils préfèrent n’y penser pas du tout.
Ils préfèrent rêver, imaginer qu’il y a peut-être une chance pour que la mort survienne dans un des rarissimes bon moment de leur vie. Par exemple quand ils se repentent un peu, quand ils viennent à confesse au temps Pascal. Ou alors, ils rêvent que la mort attendra qu’ils aient passé le temps de leur folie et quand ils seront devenus plus sages alors, après beaucoup de patience, la mort frappera à la porte de leur âme. Hélas ! l’expérience montre que de telles âmes se convertissent difficilement car l’habitude du péché a endurci leur cœur. Le proverbe ne dit-il pas que « l’arbre tombe du côté où il penche. » ?
Une quatrième catégorie, ceux qu’on appellent les bons chrétiens. Certes ils sont fragiles comme tout être humain, mais ont vraiment bonne volonté. Ils désirent sérieusement faire leur Salut. Ils prient, ils pratiquent même les Sacrements. Parfois même, ils se dévouent à la gloire de Dieu dans des œuvres de Piété ou encore au bien du prochain. Et pourtant, de manière absolument incompréhensible, ils écartent la pensée de la mort. Ils fuient les prédicateurs qui osent en parler. Ils refusent les lectures qui traitent de la mort. « Ce n’est pas à la mode ! », disent-ils. Et pourtant, la mort elle, est toujours actuelle. Elle frappera ce chrétien à l’heure où il ne s’y attend pas. Certes, et insistons-y, ce chrétien ne vit pas dans le désordre, il ne vit pas dans le péché mortel. Mais il n’est pas préparé comme il aurait pu, comme il aurait dû, pour recevoir notre sœur la mort. »
![O Mort Jésus-Christ t'a vaincue](https://francais-et-chretiens.home.blog/wp-content/uploads/2020/11/mort-jesus-christ-vaincue.jpg?w=476)
Image pieuse de la Maison Ch. Letaille, Éditeur Pontifical à Paris.