Le Syllabus et les Erreurs Mortels du Progrès – Abbé Belmont

Présentation par M. l’Abbé Belmont du Syllabus, l’un des textes majeurs de Pie IX.

Cet inventaire des erreurs modernistes et progressistes doit être une référence incontournable pour chaque Catholique. Il nous éclaire sur la nocivité des idéologies actuelles qui s’opposent au Règne Social de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Une vidéo de la chaîne A.-H. Sauget qui diffuse les cours de doctrine de l’Abbé Belmont, ainsi que des messes et cérémonies religieuses célébrées par celui-ci.

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Le texte du Syllabus est disponible sur le site jesusmarie.com, ainsi que l’encyclique Quanta Cura.

Le Vœu National de la France au Sacré-Cœur de Jésus (3)

Le début de ce texte se trouve ICI.

Basilique du Vœu National - Sacré-Cœur de Montmartre

La Basilique du Vœu National dite du Sacré-Cœur de Montmartre,
Messe de la Consécration 16 octobre 1919. Carte postale d’époque.

IV. LA CIVILISATION

Les fils de la Révolution savent-ils que, dans sa jeunesse, leur mère eut une inclination pour un sauvage ? Il s’appelait le Système de la nature. Ce chagrin personnage maudissait les sciences et les arts, détestait la civilisation et vantait, comme enviable, la condition des bêtes, qui n’ont plus à craindre que la douleur et la faim. La Révolution s’éprit du sauvage avec passion. De l’alliance naquit un monstre, du nom de son père et du même appétit pour dévorer tout indistinctement. Les mains d’un Hercule l’enchaînèrent ; mais le héros eut des faiblesses aux pieds de la mère, et y périt.

On dit que l’araignée tue et mange ses époux.

Durant les caprices de la Révolution pour le héros, le sauvage avait disparu  ; un fruit du nouveau commerce avait été nommé le Progrès ; et le fils du sauvage, s’étant évadé, comme Protée, en changeant de forme, avait pris le visage de la science et le manteau des arts.

Lorsque l’araignée eut mangé le héros, repue d’un tel repas, elle rentra dans son repaire. La toile restait tendue, et beaucoup de moucherons s’y perdirent. Quand la faim fut revenue, l’araignée répara sa toile et prit une mouche. C’était la mouche royale d’une grande ruche. L’essaim bourdonna, et puis, il couronna une autre tête.

Celle-ci fut nommée la meilleure des républiques. Les Sciences et les Arts devinrent ministres, le Progrès président du conseil, et la Révolution encore une fois maîtresse intime.

L’alliance interlope produisit un être informe, que l’on nomma l’Athéisme de la loi ; et un autre de grosse forme, que l’on nomma le Matérialisme. Et puis, un jour, l’araignée mangea encore son époux.

Dans une toile nouvelle se fit prendre un héritier du héros qu’avait aimé la Révolution. L’heureux captif sut faire à son tour les délices de la belle, et il régna ; mais sous la haute direction de la maîtresse et de ses quatre enfants.

On en était là, quand la mère et les fils jugèrent opportune une Exposition universelle des produits de leur fabrication. Le champ de Mars ouvrit son enceinte respectable et la place d’honneur y fut donnée au plus monstrueux engin de guerre que le monde ait vu paraître.

Et monstrum infelix sacrata sistimus arce. [le monstre fatal est dans la citadelle sacrée]

Il y avait des avertissements : on les méprisa. Un bruit de guerre : on n’y fit pas attention. Des pronostics fâcheux : les Français n’y crurent jamais.

La nuit suivante l’ennemi s’est produit, armé de la force brutale qui prime le droit, et de la torche incendiaire, qui impose la ruine. Les victimes sont nombreuses dans la poussière des décombres ; et les survivants sont dans un désordre effroyable.

Le dernier jour de la France est venu :
Nous finissons ! et Paris est perdu !
Notre gloire est éteinte…

Qu’est-il donc arrivé ? Est-ce que nos arts, nos sciences, et le progrès des machines, des industries, des fabriques en tout genre ont disparu ? Non, tout est là, et dans la splendeur comme auparavant. Pourquoi donc les trompettes de la Renommée qui, ornées naguère de banderoles, ne suffisaient pas à sonner l’hymne de la grandeur, maintenant voilées d’un crêpe, ne donnent-elles plus que l’air de la décadence ?

L’araignée a mangé et elle fait horreur. On a peur d’elle enfin, et même de ses enfants. Car tout cela reste, mais dans un état où l’on se demande ce que cela va faire. On voit bien maintenant qu’il n’importe pas radicalement d’être en monarchie, en empire ou en république ; mais qu’il importe essentiellement de sortir des pinces de l’araignée. On voit que ses enfants peuvent manger, avec elle, ce qu’ils paraissent aimer : et c’est la cause des frissonnements qui courent dans les veines de la société.

Mais nation singulière, excessive dans le bien et dans le mal, dans la joie et dans la peur, la France ne s’exagère-t-elle pas la profondeur de l’abîme, comme elle s’exagérait la hauteur du pic ? On ne parlait que de siècle des lumières, et l’on ne parle plus que de ruine sociale.

Méprise ! Et méprise !

Méprise d’avoir pris le progrès des arts et des sciences pour le couronnement de l’édifice. Ces choses ne font ni le couronnement ni la base de la civilisation. Où voit-on un exemple de civilisation fondée par les sciences et les arts ? Les peuples ne parviennent qu’à la longue à s’illustrer dans ces genres. Leur civilisation a toujours commencé par le moyen des principes moraux et religieux. Voilà, en effet, les véritables facteurs du problème de la civilisation ; les arts et les sciences n’y doivent figurer qu’au produit. La civilisation est la mère des arts et des sciences, non leur fille. Et la mesure des arts et des sciences, c’est leur utilité, non leur progrès. Peut-on ignorer qu’au lieu de jamais parfaire le couronnement de la civilisation, le progrès a tendu perpétuellement au pied de l’édifice des pièges de mollesse, où successivement se sont pris les plus grands peuples du monde ?

L’autre méprise est de croire tout perdu, parce que le mirage du progrès s’est évanoui. N’est-ce pas, plutôt, un avantage ? Car tout mirage est trompeur, et sa disparition fait place à la vérité. Si les sciences et les arts n’ont pas fondé la civilisation de nos pères ; si le progrès, n’a pas couronné l’édifice de notre civilisation, laissons donc les méprises nées du souffle de la révolution, et venons à la vérité.

Où est-elle ?

Dans les principes qui ont commencé la civilisation de nos pères. Les mêmes principes peuvent reprendre en sous-œuvre notre civilisation croulante. Ne sommes-nous pas de la même nature que nos pères, ou serions-nous plus intraitables ? Quelle barbarie que celle des Sicambres, des Gattes, des Bructères, des Tenctères, des Angrivares et de toutes ces tribus dont les Francs-Saliens et les Francs-Ripuaires conduisaient les bandes vagabondes ! Les femmes mêmes se mêlaient, échevelées, aux horreurs de la guerre, et buvaient le sang dans le crâne des victimes. C’était le beau temps du Système de la nature. Mais le christianisme, à Tolbiac, se rencontra sur le champ de bataille et y changea le sort des armes. Il fit aussi baisser la tête du Sicambre adouci, et il lui donna la régénération baptismale, avec cette loi morale et religieuse : Adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu adorais. Alors la civilisation des Francs commença ; mais les rudiments des sciences n’y trouvèrent place que plus tard, sous le règne de Charlemagne.

Image baptême et sacre de Clovis à Reims

Baptême et Sacre de Clovis à Reims en 496. Naissance Officielle
de la Nation Française. Image publicitaire à collectionner, fin XIXe siècle.

La France, élevée par l’Église, malgré son caractère inconstant, devint chevaleresque, gracieuse et belle. Si elle n’a pas atteint la perfection sociale, faut-il l’imputer au compte de l’Église ou à celui de la Révolution ?

Celle-ci était grande quand elle conçut sa passion pour le sauvage. Mais ils étaient nés l’un et l’autre depuis un temps. Ils s’étaient moqués de l’Église, l’avaient contrefaite, et même, en grandissant, ils en vinrent à lever la main sur elle. Chaque attentat de l’apostasie à la figure de la France, depuis plusieurs siècles, y avait fait une déchirure. Les attentats devenus plus graves, au temps des amours avec le sauvage, et récidives souvent depuis, avec scandale, ont rendu méconnaissable cette belle figure de la France. Les peuples, autour d’elle, qui l’admiraient, la dédaignent ; qui la respectaient, en ont peur ; qui l’honoraient, la maltraitent.

Apostasie, voilà ton ouvrage !

Et les arts et les sciences n’y font rien : si ce n’est encore du dommage, parce qu’ils sont entrés dans les complots de la révolution.

Est-ce donc vraiment fini ? Faut-il désespérer de l’avenir ? Dans les tempêtes, lorsque la science des astres ne peut plus servir, et que l’art des manœuvres devient inutile, les marins font un vœu et ils espèrent ensuite regagner le port : faisons de même.

Le Vœu National doit nous sauver.

O Jésus, votre Cœur aime la France, car il y a fait naître sa dévotion. C’est de là qu’elle s’est répandue dans l’Église. Le foyer n’est pas éteint. Princes et peuples y ont plus d’une fois ravivé le feu sacré de leur courage. Voilà une autre sorte de fournaise que l’incendie de la révolution. L’embrasement incendiaire consume, pour le détruire, l’édifice de la civilisation. Votre amour est le feu qui l’éclaire et qui peut ranimer la vie de nos cœurs que le froid de l’apostasie a glacés.

Extrait de : Le Vœu National de la France au Sacré-Cœur de Jésus, Considérations sur les Malheurs de la France, 1873.

Pas de Vrai Progrès sans Religion

Cathédrale de Chartres

Les Flèches de la Cathédrale de Chartres. Carte postale, fin XIXe siècle.

« D’un seul regard, Messieurs, nous apercevons ici les deux produits les plus surprenants des deux phases les plus extrêmes de l’esprit humain [Les flèches de Chartres et les rails du chemin de fer]. Or, c’est entre ces deux merveilles, qui appartiennent à deux ordres d’idées si différents, que je me place en ce moment, et que je voudrais vous placer vous-mêmes, pour les rapprocher l’une de l’autre, s’il est possible : rapprochement qui ferait le salut de notre société. Tenons-nous donc quelques instants par la pensée entre ces lignes qui glissent et s’allongent pour enlacer la terre, et ces aiguilles qui se dressent et s’élancent pour saisir le ciel ; et recueillons de ce contraste et de ce rapport de salutaires enseignements.

L’homme est posé ici-bas entre le temps et l’éternité, les pieds sur la terre et les yeux vers le ciel, soupirant après les joies permanentes de la patrie, et désirant aussi toute la mesure de félicité compatible avec la condition présente. La terre est le domaine actuel de l’homme ; l’homme a raison de travailler la terre, de l’exploiter ; c’est son droit, et c’est même son devoir : cela est écrit en tête de la Genèse [Chap. II, v.15] . Mais le ciel aussi est le domaine de l’homme, son domaine promis, et il lui est commandé de vivre déjà par la foi dans ce monde meilleur et de s’en assurer la propriété.

Or, on a vu l’humanité se porter passionnément, et presque exclusivement, à des époques diverses, vers l’un ou l’autre de ces héritages.

Le résultat le plus étonnant, et, j’ose le dire, le miracle de la noble passion des hommes pour le ciel, c’est cette cathédrale, témoignage vivant de la foi qui anima toute une grande époque de notre histoire nationale ; brillant sommaire des doctrines et des espérances chrétiennes, sculptées sur la pierre, ou écrites en perles et en diamants sur la transparence du verre ; vestibule magnifique et proportionné aux magnificences de la demeure éternelle ; transfiguration de la matière obéissant à l’esprit ; assomption de la nature entre les bras de la grâce ; aspiration de la créature exilée et souffrante vers la patrie de l’immuable félicité ; œuvre gigantesque, et pourtant œuvre populaire, dans l’exécution de laquelle l’ardeur qui entraînait les masses sembla créer un moteur invisible, dont les effets rivalisaient avec ceux des agents naturels découverts dans ce dernier âge : car, observent les chroniqueurs, l’élan des hommes s’était communiqué aux choses, les chars se mouvaient d’eux-mêmes, et «vous eussiez dit, selon la parole du prophète, que l’Esprit de vie était dans les roues». Avouons-le, Messieurs, ce sera un sujet d’éternelle gloire pour l’humanité que ce chef-d’œuvre, enfanté par elle aux jours où l’enthousiasme religieux relevait vers le monde des réalités futures.

Mais, dans d’autres siècles, l’esprit de l’homme a changé de direction, et il s’est incliné tout entier vers le domaine positif de son habitation présente, pour l’embellir, le perfectionner, le parcourir dans tous les sens, et s’y procurer tous les avantages d’une vie tranquillement voluptueuse ou agréablement agitée. Et le triomphe incontestable, le miracle de cette ardente passion des hommes pour la terre, c’est ce véhicule rapide, qui, sous la pression d’une vapeur courroucée, part de l’Orient et touche déjà à l’Occident, pareil à l’éclair qui brille en même temps aux deux extrémités de l’horizon ; dernier secret de la science et de l’art appliqués à l’industrie ; révolution immense dans la vie et dans l’histoire des hommes ; trait d’union entre tous les peuples; conquête au delà de laquelle ne s’ouvre plus que la région féerique des chimères. Proclamons-le, Messieurs, ce sera, à tout jamais, un beau titre de gloire pour l’esprit humain que ce succès, obtenu par lui depuis qu’il s’est assujetti à l’étude des combinaisons de la matière au profit de cette vie mortelle.

Mais une grande question reste à résoudre, et c’est la question qui agite le monde. La matière ne peut-elle donc se perfectionner qu’en se séparant de l’esprit ? Entre CECI et CELA , entre ce présent et ce passé, un abîme est-il donc creusé ? ou bien la distance est-elle remplie par un chaos qui ne permette pas d’aller d’ici là, ni de venir de là ici ? Ah! Messieurs, s’il en était de la sorte, si l’humanité n’agrandissait son domaine qu’aux dépens de Dieu, si une vérité de plus dans l’ordre physique avait pour conséquence nécessaire une vérité de moins dans l’ordre surnaturel, il faudrait bientôt s’attendre à des commotions et à des ruines sans exemple. Mais non, Messieurs, mille fois non. La religion, pour sa part, sait que le Dieu qu’elle annonce est le Dieu des sciences, et que c’est lui qui inspire et qui prépare les pensées et les découvertes des hommes ; elle est toujours prête à bénir les conquêtes de l’humanité, quand celle-ci ne veut point s’en servir contre Dieu. La société, de son côté, je veux dire la société d’aujourd’hui, sinon celle d’hier, éclairée par tant de malheurs et d’appréhensions, ne veut plus continuer la guerre ruineuse des intérêts contre les principes ; elle a compris que, pour conserver les biens de cette vie, il n’est pas indifférent de croire en l’autre ; et l’instinct même de la jouissance a reporté l’homme vers le sentiment de la foi. Car, à quoi servirait-il d’embellir un monde que les passions rendaient inhabitable ? A quoi bon cette grande rapidité de transport, si c’était pour précipiter la ruine des peuples, en communiquant aux doctrines de désordre et de subversion cette facile rotation autour du globe et ce prompt circuit que l’Écriture attribue au prince de l’enfer ? Je le répète, la société d’aujourd’hui a compris toutes ces choses ; et il n’y aura plus, je l’espère, d’abîme entre elle et Dieu. Encore une fois, CECI ne tuera point CELA. Mais bien plutôt, CECI n’a de chances de durer qu’à l’ombre de CELA.

Extrait de : Allocution à la Cérémonie de la Bénédiction du Chemin de Fer de Chartres, 5 juillet 1849, par le Cardinal Louis-Édouard Pie.

Être Catholique selon Paul Bourget

Paul Bourget fait partie de ces écrivains catholiques injustement oubliés (ou occultés). La critique, on le comprend aisément, préférant mettre en avant et couvrir de louanges des auteurs décadents et orduriers.

Suivons le conseil de Paul Bourget, plaçons-nous aussi sur ce balcon et regardons les torrents de boue du « progrès » et de la « modernité » charrier leurs idées mortifères.

Affiche immoralité ligue féminine d'action catholique française
Affiche de la Ligue Féminine d’Action Catholique Française dénonçant l’immoralité. Années 1940-50.