![Image pieuse Jésus donnez aux âmes la droiture des arbres](https://francais-et-chretiens.home.blog/wp-content/uploads/2019/06/image-pieuse-jesus-donnez-ames-droiture-arbres.jpg?w=580)
« Seigneur Jésus donnez à nos âmes la Droiture
des grands arbres qu’attire le lumière ! »
« La morale est la science qui doit régler les mœurs : définir la morale, c’est démontrer son indispensable nécessité. Il n’y a pas là-dessus de contestation : tous les hommes reconnaissent la nécessité de la morale. Mais quand il s’agit d’en venir au fait, tous ne tombent pas d’accord sur le point d’où la morale devra tirer sa règle et sa sanction.
Pourtant, si l’on voulait réfléchir, il ne serait pas difficile de reconnaître que la morale, ensemble des lois qui s’imposent à l’humanité tout entière, ne peut être que l’expression de la volonté de Celui qui a créé l’humanité et lui a assigné les lois de sa conduite et les moyens par lesquels elle peut arriver à sa fin. D’où il suit que sans Dieu, il n’y a pas de morale digne de ce nom.
Pourtant, il est des hommes qui s’évertuent à inventer une morale sans Dieu ; ils la puiseront, disent-ils, dans la nature. Voyons-les à l’œuvre.
La nature est bonne, telle qu’elle est sortie des mains de Dieu, et la morale selon la nature n’est autre chose que la morale selon Dieu. Tous les vrais philosophes reconnaissent que la loi naturelle n’est nulle part enseignée plus clairement que dans le décalogue. Ainsi la loi vraie de la nature vraie, n’est autre chose que la voix de Dieu édictant ses dix commandements.
Donc la nature, bien comprise, mène droit à Dieu, son auteur.
Mais il y a des hommes qui ne veulent pas de Dieu, pas de décalogue, et qui pourtant veulent de la morale. Où iront-ils la trouver ? Et en supposant qu’ils la trouvent, comment lui donneront-ils l’autorité et la sanction, deux choses sans lesquelles il ne saurait y avoir de morale ?
La nature qui repousse Dieu n’est autre chose que la nature déchue : et c’est en elle, déchue comme elle est, que certains hommes de notre temps veulent puiser la morale. C’est la morale de l’intérêt, ou du plaisir, ou de la vanité : c’est en un mot ce que la révélation désigne sous le nom de la triple concupiscence ; et qui étant la formule des inclinations de la nature déchue, devient pour certains hommes la règle des devoirs, la loi de la morale : c’est purement et simplement le renversement de toute morale.
Il y a longtemps que nous chrétiens nous connaissons cette morale de la nature. L’apôtre saint Paul l’a stigmatisée en ces mots énergiques : « Conduisez-vous selon l’esprit (morale de la nature vraie), n’accomplissez pas les désirs de la chair (morale de la nature déchue) : car la chair a des désirs contraires à ceux de l’esprit et l’esprit en a de contraires à ceux de la chair. (Gal., V, 17 .)
Un moraliste chrétien a tracé les caractères de ces deux morales, dont l’une est la lumière, l’autre la nuit : l’une le principe de tout progrès et de toute félicité, l’autre la voie du mal et de la ruine en ce monde et en l’autre. Il dit :
La Voie du Mal : La nature (déchue) n’a jamais d’autre fin qu’elle-même
La Voie du Bien : La grâce (c’est-à-dire la nature vraie, restaurée par la grâce du Sauveur) fait tout pour Dieu, en qui elle se repose comme en sa fin.
La Voie du Mal : La nature ne veut point être ni mortifiée, ni vaincue, ni être soumise, ni se soumettre.
La Voie du Bien : La grâce porte à se mortifier, résiste à la sensualité, n’affecte pas de jouir de sa propre liberté (Libéralisme !!)
La Voie du Mal : La nature travaille pour son intérêt propre, et calcule le gain qu’elle peut tirer des autres. (Exploitation de l’homme par l’homme.)
La Voie du Bien : La grâce ne recherche ni son utilité ni son avantage propre, mais ce qui peut être utile à plusieurs. (Dévouement au prochain.)
La Voie du Mal : La nature aime les honneurs. (Surtout quand ils sont accompagnés du traitement.)
La Voie du Bien : La grâce rend fidèlement l’honneur et la gloire à Dieu.
La Voie du Mal : La nature aime l’oisiveté. (Un des principes les plus féconds de l’immoralité.)
La Voie du Bien : La grâce embrasse volontiers le travail. (Le travail embrassé selon Dieu est essentiellement moralisateur.)
La Voie du Mal : La nature convoite les biens du temps. (Comme si le bonheur était dans leur possession.)
La Voie du Bien : La grâce aspire aux biens éternels, ne s’attache point à ceux du temps, et a son Trésor dans le Ciel où rien ne se perd. (C’est pour cela que nous donnons volontiers aux pauvres.)
La Voie du Mal : La nature est cupide, et reçoit plus volontiers qu’elle ne donne.
La Voie du Bien : La grâce est désintéressée, se contente de peu, et juge plus heureux de donner que de recevoir.
La Voie du Mal : La nature incline vers les créatures, la propre chair, la vanité, la distraction.
La Voie du Bien : La grâce mène à Dieu, à la vertu, hait les désirs de la chair, réprime nos écarts.
La Voie du Mal : La nature fait tout pour le gain et l’intérêt propre. (C’est l’égoïsme partout)
La Voie du Bien : La grâce ne recherche aucun avantage temporel, et ne demande d’autre récompense que Dieu. (Principe de dévouement et de désintéressement.)
La Voie du Mal : La nature sourit aux puissants et flatte les riches. (Prétendant attirer sur elle comme une ombre, un reflet de la puissance et des richesses d’autrui.)
La Voie du Bien : La grâce est plus portée vers le pauvre que vers le riche, et sympathise plus volontiers avec l’innocent qu’avec le puissant. (S’inclinant vers les plus faibles, elle leur apporte un appui, et reçoit d’eux une recommandation devant Dieu.)
La Voie du Mal : La nature ramène tout à elle-même. (Comme pour dominer tout, et alors elle crie à l’égalité.)
La Voie du Bien : La grâce ramène tout à Dieu, principe de toutes choses : (et c’est l’ordre vrai, en dehors duquel il n’y a pas de liberté.)
La Voie du Mal : La nature veut paraître à l’extérieur et veut que ses sens goûtent par leur expérience propre de beaucoup de choses. (En cela semblable à Eve qui voulut voir, et toucher, et goûter)
La Voie du Bien : La grâce n’a cure de ce qui est nouveauté ou curiosité : elle sait que tout cela est l’effet de l’antique corruption (de la nature, dont nous sommes rachetés et délivrés par Notre-Seigneur Jésus-Christ.)
Ainsi parlait au XIIIe siècle l’auteur de l’Imitation [de Jésus-Christ] (Liv.,
III, Ch. LIV ) . La lutte de la chair et de l’esprit lui était bien connue, et, alors comme aujourd’hui, il y avait des hommes qui, pour trouver la loi morale, regardaient en bas, tandis que d’autres, dans le même but, regardaient en haut.
Et les uns et les autres travaillaient à l’édification d’une cité en laquelle ils se promettaient d’être heureux. « Deux amours, dit saint Augustin, firent deux cités, Babylone et Jérusalem : d’un côté l’amour de soi-même jusqu’au mépris de Dieu ; de l’autre l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi-même. »
L’amour de soi-même jusqu’au mépris de Dieu, c’est bien là le dernier mot de la morale sensualiste, comme l’amour de Dieu jusqu’au sacrifice de soi-même est le caractère de la morale spiritualiste, de la morale vraie.
Les deux cités, les deux morales sont en présence, et, pour répéter le mot de saint Paul, elles sont en lutte : Sibi invicem adversantur, (Galates 5:17)
Nous les voyons à l’œuvre, là, sous nos yeux, et même plus près de nous encore : au fond de nos consciences, nous entendons les cris de guerre partant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Si nous suivons la morale de la jouissance sensuelle, nous tombons ; si nous suivons la morale du renoncement et du sacrifice, nous nous élevons ; en tombant, nous risquons de demeurer tombés éternellement : en nous élevant, nous nous dégageons du mal et nous allons à Dieu.
Une des deux voies paraît la plus facile, c’est celle qui mène à la situation la plus pénible : l’autre semble présenter toutes sortes de difficultés, c’est celle qui mène à la paix de l’âme, à la sérénité de la conscience, à la délectation du bien, à la jouissance du vrai.
Choisissons, et allons à Dieu.